dimanche 31 janvier 2016

Voir et entendre



Le joli film japonais "les délices de Tokyo" de Naomi Kawase m'a laissé un beau souvenir de fraîcheur et de joie.
Pourtant l'histoire n'est pas très gaie et les personnages ont tous subi leur lot d'épreuves. 
Dans une petite boutique de gâteaux japonais appelés dorayakis ( deux pancakes fourrés avec une pâte confite de haricots rouges), la vie est morne et calme jusqu'à ce que se présente une vieille dame qui propose au gérant de venir travailler chez lui.  Il finit par se laisser persuader et grâce à la recette de la vieille dame, la boutique a un grand succès : les gâteaux sont devenus très bons. Mais Tokue (la vieille dame) a les mains déformées. Des rumeurs courent sur elle et elle finit par être obligée de partir, laissant le gérant dans une grande tristesse...




La gaieté vient de la vieille dame, toujours joyeuse et prête à s'émerveiller de tout ce que la nature peut offrir : les extraordinaires fleurs de cerisiers, mais aussi les feuilles qui bruissent au vent, les oiseaux qui chantent dans les arbres, et jusques aux haricots de la recette qu'elle écoute parce qu'ils lui racontent une histoire, l'histoire de leur long voyage jusqu'à elle. Il faut cuisiner avec son coeur et avec respect. 
Mais aussi savoir regarder et écouter la nature, dit la vieille dame qui a vécu toute sa vie dans un sanatorium pour lépreux à Tokyo. Le jardin y est certes magnifique mais les pensionnaires ont été pendant des décennies interdits de sortie. Il leur fallait donc trouver leur liberté autrement.



Tokue, la vieille dame sait aussi bien recommander d'écouter ce que racontent les haricots rouges que les feuilles de cerisier ou le ruisseau qui coule sur le bout de bois. Elle ouvre un chemin vers la grâce et la possibilité de surmonter les épreuves. Et nous fait sentir que c'est dans la rencontre avec les autres que l'on peut tous apprendre et partager.
Elle qui parle avec la lune cachée derrière les feuilles des arbres  nous dit que la nature qui nous entoure peut donner un sens à notre vie. Ce film est un conte d'aujourd'hui, sur la beauté du monde qui nous entoure, et sur la simplicité, comme je les aime.



"S'émerveiller devant la vie, s'émerveiller devant la mort, s'émerveiller devant toutes les connaissances de la perpétuelle nouveauté; tout devient fil de soie pour tisser la trame d'une existence constamment émerveillée."  Marie-Madeleine Davy

dimanche 24 janvier 2016

Une touche de sagesse de l'aube au coucher du soleil



Cette semaine, la bienveillance et la sagesse de l'autre m'ont tenu la main et je les ai retrouvées plusieurs fois sur mon chemin.
Je vous invite donc à prolonger mon expérience  avec les conseils d'un psychologue et un conte juif qui nous interrogent sur notre regard sur l'autre.

Cette pensée m'est fournie par l'horoscope toujours plein d'humour et de vérité psychologique de Rob Brezsny. Certes, je n'aime pas les horoscopes, mais celui-ci a quelque chose de vraiment sympathique.
“Face à un coucher de soleil, je n’imagine pas demander à la nature de mettre un peu moins d’orangé par ci, un peu plus de violet par là et des nuages plus rosés. Je n’essaie pas de contrôler le spectacle, je l’admire”, disait le psychologue Carl Rogers. “L’une des expériences les plus satisfaisantes est d’apprécier pleinement l’autre, comme j’apprécie un coucher de soleil”, ajoutait-il.




Le conte est rapporté par Patrick Fishmann dans Contes des sages juifs.

La sagesse de l'aube

Le vieux maître avait réuni ses étudiants et d'autres jeunes gens du village pour leur dire au revoir et pour leur laisser une perle à sucer pendant une absence qui pourrait être longue. Voyager aussi loin à cet âge, ce n'était pas sans risque. Aussi ce départ en terre sainte avait-il un goût d'adieu. Les visages étaient graves et les cœurs silencieux.
"Eh bien, ne faites pas cette tête ! Tout à l'heure, si vous voulez me faire plaisir, il faudra danser ! J'ai une chose que je souhaiterais vous confier pour que vous en preniez soin."
Un murmure parcourut l'assemblée. Chacun était prêt à veiller sur le trésor du maître.
Quand il sortit son mouchoir, ils s'attendaient à voir apparaître une petite boîte, un livre ou un objet précieux.
"Ce n'est pas une chose matérielle que je veux vous confier. C'est une question, une simple question à conserver, à entretenir, à chérir. 
Mes enfants, quand est-on vraiment certain que la nuit est finie et que l'aube se lève ?"
"Quand le premier rayon du soleil apparaît ? " dit l'un.
"Non."
"Quand le coq chante ?" "Non plus."
"Quand on distingue une brebis d'un chien ? " dit encore un autre.
"Non"
"Un olivier d'un jujubier ?"
"Mais non !"
Silence dans la salle, évidemment.
"On est certain que la nuit est finie et que l'aube se lève, dit le maître, lorsque l'on voit venir un étranger et que l'on sait, sans aucun doute, qu'il est notre frère. A cet instant, nous sommes illuminés."
Qui est sage, l'homme instruit ?
Est sage celui ou celle qui apprend de tout homme.







dimanche 17 janvier 2016

Poèmes pour maintenant

A François Busnel qui lui demandait une définition de la poésie, François Cheng répondit :

"Le poète comme tout un chacun est un interlocuteur de l'univers vivant, mais pour lui c'est  au moyen d'un langage qu'il porte  à son plus haut niveau. "


Ce que nous pouvons vérifier dans son dernier ouvrage de poésie : 

"La vraie gloire est ici."
Magnifique livre, qui illustre bien son titre : tout nous est donné à chaque instant, et l'ailleurs n'est à chercher qu'ici et maintenant.
Dans les poèmes que je cite ici, on retrouve la brume qui vient cacher le soleil, la voix et le silence, la joie de l'enfant et le réenchantement du monde que nous pouvons à chaque instant recréer.




D'un moment à l'autre, l'anonyme brume
Va monter de la vallée;
Bientôt nous nous abandonnerons
Au crépuscule, à la nuit.

Mais pour l'heure un soleil nous retient,
Ici, à la mi-hauteur :
Terrasse de la demeure humaine,
Pierres dont l'ancienne senteur

Se mêle à nos mots. Trois cyprès, là
Au perpétuel flamboiement...
Seul un migrateur égaré capte
L'ardent souffle d'outre-ciel.

D'un moment à l'autre, la brume anonyme
Va monter de la vallée;
Les cœurs humains soudain se tiennent
Cois,
En eux cri de l'ultime gloire.




Or voici :

Le vrai silence vient au bout des mots;
Mais les mots justes ne naissent
Qu'au sein du silence;

De même :

La vraie voie se continue par la voix;
Mais la juste voix ne surgit
Qu'au cœur de la voie.




Enfant, si proche encore de ta naissance,
A ton tour tu apprends l'enfantement.
Le monde n'existe point tant que tu l'ignores,
Tu le vois, toujours pour la première fois !
Ton regard l'invente, l'enfante, l'enchante,
Tout semble t'attendre, tout reste ouvert :
Aube d'été, le bleu du ciel et le vert
De la terre viennent s'offrir à toi.
L'espace est un cerf-volant sans contrainte,
Et le temps le trot d'un âne sans fin.
La brume ayant établi tous les ponts,
Une chenille ouvre la voie du dragon.
Toi tu connais le chemin à travers
Fourrés et cascades te conduisant
Au lieu magique où tout se transforme :
Le têtard en lézard, la libellule
En alouette chevauchant les étoiles.

Mais au cœur du monde, tu connaîtras tôt
La douleur des arrachements, les affres
De la nostalgie. Pour toi désormais
Quelle survie autre que la seconde enfance ?


dimanche 10 janvier 2016

La légende de Pan Ku

C'est une vieille légende de la mythologie  chinoise qui raconte la création du monde.
J'aime me laisser emporter par ces histoires anciennes, toutes chargées des rêves de l'humanité.




"Quand tout reposait dans le Tao, il existait un œuf gigantesque empli de chaos et d'obscurité. C'est là que Pan'Ku le géant dormait. Quand le premier-né s'éveilla de son profond sommeil, après dix-huit mille ans, il s'en prit à la coquille qui le maintenait prisonnier dans l'obscurité. Il déploya ses bras puissants et lança ses paumes immenses en avant, cassant net en deux l’œuf du chaos. Quand toute la poussière primordiale se répandit au-dehors, quand l'énergie commença sa danse cosmique, il vit descendre le lourd et monter le léger. Debout entre Yin et Yang, il émit son premier son, sur un vaste soupir d'aise vers l'univers qu'il désirait aimer. Tandis qu'une terre incertaine et un ciel hésitant prenaient place, il se campa sur ses deux pieds, leva au plus haut les bras pour soutenir la voûte naissante. Et tandis que Pan'Ku grandissait, l'espace séparant les pôles devint prodigieux. Au cours des dix-huit mille années qui suivirent, la terre s'épaissit, le ciel s'épanouit et l'Ancêtre des mille êtres de l'univers songea à la sérénité, après les tourbillons du chaos. Il rêva à une nouvelle étape, une ère rayonnante éclairée par un soleil, reflétée par une lune, inventa une terre vêtue de beauté. Le temps de visualiser un ballet d'étoiles, de sentir le parfum des cerisiers en fleur, d'entrapercevoir rivières et cimes enneigées, il mourut épuisé, sans voir les créations qu'il avait imaginées.
Mais sa mort fut une offrande car tout son corps se métamorphosa. Son souffle devint vent et air de vie. Sa voix se fit tonnerre, invitant ciel et terre à demeurer éloignés et aimants. Son œil gauche se transforma en astre flamboyant et apparut en robe de soleil. Son œil droit devint la lune, un lac où les dieux s'abreuvent. Les deux astres allaient main dans la main. La chevelure, la barbe de Pan'Ku se changèrent en essaims d'étoiles, formant des animaux brillants : Dragon d'azur à l'Est, Tortue noire au Nord, Tigre blanc pour l'Ouest, Phénix vermillon au Sud. Son cœur prit la place de la Grande Ourse. Ses membres et son corps furent cinq montagnes tendues vers le ciel, prolongeant l'horizon dans les quatre directions. Son sang, sa lymphe glissèrent en filets de sources, torrents et cascades. Elles se changèrent en méandres de rivières et en fleuves pour rejoindre l'océan. Sa chair devint tourbe, limon , vase; ses muscles puissants, des vallons et des prairies. Ses dents, ses os et ses baisers cristallisèrent en diamants, perles de jade. Ses poils se hérissèrent de cyprès, de théiers sauvages, de pins et de ginkgos. Sa sueur se fit rosée du matin, pluie. Les neuf ouvertures de son corps firent les neuf portes du ciel.




Voilà comment le monde émana du rêve et du corps du géant. Les humains sont nés de son âme, ils portent en eux le Tao, la voie. Ils sont parcourus de sentiers méridiens semblables aux itinéraires célestes. Leurs organes cheminent dans le cohérence et vont main dans la main. Ainsi va la sagesse de ceux qui connaissent les liens entre l'homme et le cosmos, qui nourrissent envers leur corps le sentiment de Pan'Ku, le géant qui désirait aimer."


Fuxi


Il existe différentes versions de cette légende. J'ai choisi celle du livre des contes qui savent lire dans les étoiles, de Patrick Fischmann.

dimanche 3 janvier 2016

Pour commencer 2016, nous vous proposons :

Trois manifestations organisées par notre association et que nous vous présentons avec beaucoup d'enthousiasme :

Une soirée étoilée le 23 février



Les soirées étoilées en hiver sont un régal. Le ciel est magnifique et d’une grande clarté.
Partons à la découverte des étoiles en Chartreuse, avec Sylvie Lafuente Sampietro qui nous apprendra à les reconnaître.
Nous verrons Jupiter et la Lune se lever et les constellations d’hiver. La Lune presque pleine devrait rendre le spectacle féerique.

Rendez-vous à Grenoble vers 18h30 pour le co-voiturage, puis à 19h30 au Col de la Placette sur le grand parking.
Nous marcherons 20 mn pour rejoindre le lieu d’observation. Altitude environ 800m.
Prévoir une tenue confortable et très chaude, des chaussures de montagne, une couverture à mettre au sol, une boisson chaude.

Inscrivez-vous par mail (assoc.altair@gmail.com) ou au local.   Participation libre au chapeau.


La visite du cadran solaire de la cité Stendhal à Grenoble le 5 mars


Dans l'escalier d'honneur de l'ancien collège de jésuites (collège Stendhal aujourd'hui), nous découvrirons une horloge solaire très complète, la dernière de son genre au monde. Travail d’un père jésuite en 1670, cette horloge met en parallèle les informations que peuvent nous donner l’astronomie et l’astrologie. Ce sera l’occasion de mettre en pratique l’observation du ciel avec l’aide de Sylvie Lafuente Sampietro et du guide de la ville de Grenoble. Une visite passionnante qui s’annonce encore plus intéressante si le soleil éclaire l’horloge.


Le samedi 5 mars 2016 de 09h45 à 11h30 : le nombre de places étant limité, nous vous conseillons de réserver à l’avance. Tarif : 10 € pour les non adhérents, 7 € pour les adhérents Altaïr. Rendez-vous dans le hall de la maison du Tourisme de Grenoble 



Une conférence de Sylvie Lafuente Sampietro le 22 avril 


"L'astrologie pour mieux se connaître"

De notre place dans l'univers et du sens de notre vie

Le vendredi 22 avril à 20h30 au Centre d'astrologie humaniste appliquée 
"L'astrologie est une antique psychologie basée sur notre rapport avec le ciel étoilé. Née de
l'observation empirique, elle a développé une compréhension unique de notre nature
humaine, de notre place dans l'univers et du sens de notre vie."

Au cours de cette conférence, nous découvrirons comment l'astrologie fonctionne. A quoi peut-elle servir ? Quelles sont les portes qu'elle nous ouvre sur nous-mêmes et sur le monde ?



Pour ces manifestations, vous pouvez vous inscrire au local du Centre d'astrologie ou par mail  : assoc.altair@gmail.com

vendredi 1 janvier 2016

Une belle année 2016

Que souhaiter à chacun d'entre vous en 2016 : de saisir le bonheur quand il passe à portée de main, de rester en bonne santé ou de la retrouver, de partager toutes sortes de moments de joie.  Je vous souhaite aussi de rester ouverts à la vie et à ses merveilles :


« Il faut porter en soi encore un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. »

Nietzsche

Et encore de prendre soin, de vous, comme des autres :

"Prends souci de toi-même."

Socrate dans l'Alcibiade de Platon

Les actes qui sont en accord avec la Nature, comme aider les autres, portent en eux-mêmes leur propre récompense.
Comment, dans ce cas, peux-tu te lasser d’aider les autres quand, en aidant les autres, tu t’aides toi-même ?
Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même.

Que votre année soit belle !


Credits: Google Images