dimanche 23 février 2020

Le son de la cloche


Une histoire zen : elle nous parle de présence, de concentration, d'intention, toutes choses essentielles pour vivre bien sa vie.




Le son de la cloche

Un jeune moine avait la tâche de sonner la cloche du monastère. Au bout de quelques mois, le maître le releva de ses fonctions et le chargea de porter de l'eau et de couper du bois. Voulant savoir pourquoi il avait été écarté de ce rôle plus gratifiant dont il tirait une certaine satisfaction, le disciple alla donc interroger l'abbé à ce sujet.
_ C'est vrai, répondit le révérend, faire résonner la cloche est une fonction importante dans un monastère.  Non seulement elle rythme la vie de la communauté, mais, en plus, elle appelle chacun d'entre nous à l'Eveil, nous tire de notre torpeur et de la confusion des pensées. Ne comprends-tu donc pas pourquoi je t'ai retiré cette tâche ?
_ Non, Maître, j'ai toujours été ponctuel, je n'ai jamais oublié la moindre sonnerie !
_ Alors, écoute cette histoire.
Et le rôshi le fit asseoir, lui servit un bol de thé et se mit à raconter qu'un matin, alors que le maître Ekido était en zazen, la cloche résonna. A la fin de la séance de méditation, il appela l'intendant et lui demanda qui était allé dans le shôrô, le beffroi.
_ C'est un novice. Il est arrivé depuis peu. 
L'abbé l'envoya chercher.
_ Quel était donc ton état d'esprit quand tu as sonné la cloche ?
Craignant d'avoir mal rempli son office, le jeune moine bredouilla :
_ Je ne sais pas, Maître, c'était la première fois...
_ Ne t'inquiète pas, tu n'as pas mal fait sonner la cloche. au contraire, j'ai rarement entendu un son aussi plein et rond, une vibration si pure, pénétrante.
_ Eh bien, Maître, dans mon monastère précédent, j'ai entendu dire que le son de la cloche est comme la Voix du Bouddha. Avant chaque coup, je me suis incliné tout en me concentrant puis j'ai frappé avec tout mon cœur pour être digne de la faire entendre.
_ C'est bien ce que j'ai ressenti. Ton esprit était pur, tu étais présent, entièrement consacré à ta tâche. Continue avec cette attitude, dans toutes tes activités quotidiennes. Le Bouddha est partout. Peu à peu, tu entreras en résonance avec la Voix de Brahma, le Son Primordial, que symbolise la cloche. Tout ton être s'y accordera et chacun de tes gestes, chacune de tes paroles sera en accord avec la Voie.
Et ce novice devint le grand maître Morita Goyû.




A la fin de cette histoire, le jeune moine fit gashô et se confessa devant l'abbé :
_ Il est vrai, Maître, que depuis quelque temps je frappais la cloche de façon mécanique en pensant à autre chose... Je n'étais plus digne de faire entendre la Voix du bouddha.


Le son de la cloche du soir
Cristallisé dans le ciel
Les fleurs de cerisiers
La nonne Chiyo


dimanche 16 février 2020

Atelier d'astrologie : "Quel est le sens de notre vie ?"



Mardi soir, nous étions conviés à un atelier astrologique sur le thème : « Quel est le sens de ma vie ? De notre karma à notre dharma ». La salle était pleine à 19h15 et l’auditoire concentré et prêt à obtenir la réponse à la question : Quel est le sens de ma vie ? Une des questions fondamentales de notre existence.

L'astrologie peut nous aider à le découvrir et nous indiquer l'objectif de ce que nous sommes venus accomplir sur terre, pour jouer « notre partition dans le grand orchestre de l’univers ».
Rien ne nous oblige à suivre ce chemin et d'ailleurs, il est souvent ardu et escarpé, mais pour qui veut s'y engager, notre thème astral peut, comme une carte routière, nous indiquer la voie à suivre.

Nous sommes partis à la découverte des nœuds lunaires qui nous parlent de ce que nous amenons sur terre, notre karma et de comment nous pourrons le transformer petit à petit pour aller vers notre dharma, et trouver notre place, celle qui nous permettra de nous accomplir.
Un beau conte de fées en apparence : une prophétie laissée à notre naissance par les fées sur notre berceau, des dragons que nous rencontrons tout au long de notre vie et une mission à accomplir sur terre pour qui n'a pas peur du dragon de feu.

Voilà le résumé de l'histoire que nous a racontée Sylvie Lafuente Sampietro mardi, voilà ce qui nous attend si nous nous engageons sur ce chemin.



Cet atelier nous en a donné une idée et si chacun reconnait davantage dans sa vie les difficultés ou les épreuves que la réalisation qui lui est promise, c'est que le chemin est long et que nous ne nous y engageons pas tous. L'astrologie nous montre que chaque route est différente et que nous avons tous une mission bien spécifique à accomplir.

Chacun est reparti avec une idée plus claire de sa mission et du sens de sa vie. Ce chemin spirituel n’est pas si simple à comprendre et Sylvie Lafuente Sampietro a su trouver les mots pour que chacun puisse s’y engager et le suivre en en connaissant les difficultés mais aussi la réalisation qu’il promet lorsque nous ne renonçons pas devant les épreuves.



"Nous passons notre vie devant une porte sans voir qu'elle est déjà ouverte et que ce qui est derrière est déjà là, devant nos yeux."
Christian Bobin

Sylvie Lafuente Sampietro a terminé en citant les mots de Marianne Williamson que j'ai déjà retranscrit dans mes articles. Ils nous disent que nous ne devons pas avoir peur de notre propre pouvoir de réalisation. Ces mots nous incitent à poursuivre notre route vers l'accomplissement de notre destin dur terre, avec confiance. Les voici à nouveau :

« Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur,
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites.
C'est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus.
Nous nous posons la question... Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ?
En fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ? Vous êtes un enfant de Dieu.
Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.
L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour éviter d'insécuriser les autres.
Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.
Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous,
Et, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
En nous libérant de notre propre peur, notre puissance libère automatiquement les autres. »
Marianne Williamson



dimanche 9 février 2020

Des hauts et des bas



Un beau texte de Rabindranath Tagore éclaire d'un jour lumineux les difficultés et les joies de notre existence.

"Ce jeu qui est le tien
C’est de nous balancer 
Au rythme d’une mélodie silencieuse 
De nous balancer sur ta balançoire. 
Tu nous fais monter jusqu’à la lumière 
Et brusquement tu nous précipites 
Au fond des ténèbres. 
Quand la balançoire remonte 
Ce sont des rires joyeux. 
Quand elle redescend, ce sont des cris de peur. 
Ce trésor qui est le tien 
Tu le fais passer de ta main droite à ta main gauche 
Et encore et encore. 
Assis dans la solitude 
Tu rassembles les soleils et les lunes 
Et tu les fais tourner sans cesse 
Tu les dévoiles et ils sont nus 
Puis tu les habilles d’un voile qui nous les cache. 
Croyant que les trésors 
de notre cœur 
nous ont été arrachés 
Nous pleurons des larmes inutiles. 
Mais tout est plein et complet 
Rien n’a été perdu. 
Il n’y a que la balançoire 
Sans cesse, qui va et qui vient."




"Il est temps d'admettre que, non seulement l'échec n'est pas un drame, mais qu'il peut bien souvent devenir un événement positif. Son premier atout, qui est loin d'être négligeable, consiste à nous remettre dans une attitude d'humilité face à la vie. Il nous contraint à accepter la vie telle qu'elle est et non pas telle que nous la voulons ou la rêvons. La vraie souffrance (comme nous l'ont rappelé les philosophes stoïciens et taoïstes), naît de notre résistance au changement, au mouvement de la vie, à son flux. Alors, réjouissons-nous quand il y a des hauts; et quand les bas se présentent, acceptons-les et faisons en sorte qu'ils nous servent de tremplin.



En ce sens, je considère nos échecs comme autant de maîtres spirituels, c'est-à-dire de guides qui nous aident à rectifier notre trajectoire. Ils appartiennent à la loi de la vie, et je pense que leur présence, qui nous est naturellement désagréable sur le moment, est néanmoins indispensable à la globalité de notre parcours. Pour qu'ils soient de vrais maîtres, néanmoins, nous devons transformer le regard que nous portons sur eux. Plutôt que de vivre chaque échec comme un drame, entendons-le comme l'occasion d'un éveil, d'une prise de conscience. Essayons d'en tirer des leçons plutôt que de perdre notre énergie à ressasser ses causes et ses conséquences. Considérons d'emblée que la difficulté qui nous frappe n'est pas un drame, mais une occasion de réfléchir à notre vie, de l'appréhender autrement."
Frédéric Lenoir (Petit traité de vie intérieure)



dimanche 2 février 2020

L'attention



En écoutant parler François Cheng, l'autre soir, à la grande librairie, je me suis dit qu'il fallait une telle qualité de concentration pour l'écouter et le suivre que c'en était extraordinairement prenant.  Cette attention que son écoute me demandait nécessitait aussi de me mettre en situation de ne rien savoir et d'être présente à cette pensée qui se déroulait pour nous, si riche, si aboutie qu'on sentait bien que c'était le résultat de toute une vie qu'il nous livrait.
Cette expérience de l'écoute profonde de François Cheng était d'une grande intensité et m'a donné le sentiment d'un cadeau magnifique. J'admire son humilité et sa générosité de partage. 




J'ai retrouvé des remarques sur l'attention dans une des chroniques de Fabrice Midal (Trois minutes de philosophie pour devenir humain). En voici un extrait :

« L’attention,
miracle
à la portée de tous
à tout instant. » Simone Weil

"Se délivrer de l’addiction numérique
Évoquer la nécessité de l’attention prend un éclat tout particulier à l’heure où toute une industrie de masse nous vole notre capacité à faire attention. Toutes les enquêtes récentes montrent que le temps où nous pouvons maintenir notre attention est de plus en plus court, de l’ordre de 9 à 10 secondes. Au-delà, notre cerveau tend à décrocher : il nous faut un nouveau stimulus, un nouveau signal, une nouvelle alerte, une autre recommandation. Nous espérions que le numérique allait étendre nos capacités de connaissance et de relation, il est en train de les restreindre. Une étude de l’Association américaine de psychologie publiée en 2017 a montré qu’une personne passe en moyenne 2,8 secondes devant une œuvre d’art dans un musée. Impossible dans ces conditions qu’une œuvre d’art nous réjouisse vraiment. Prenez soin d’écouter attentivement votre interlocuteur Essayez d’être attentif la prochaine fois que vous aurez une conversation avec quelqu’un. Eh oui, ce n’est pas si facile. On ne sait, en réalité, pas trop comment faire. On a tendance à raidir les muscles, à serrer les mâchoires. On croit qu’il faut faire attention. Mais cela ne fait que nous crisper. Ce qui importe est, tout au contraire, de se rendre disponible. Ce qui implique d’accepter une certaine forme d’incertitude. Pour écouter ce que l’autre a à nous dire, il faut que je consente à ne pas savoir à l’avance ce qu’il va me dire. Comme c’est inconfortable, nous avons tendance à chercher à fuir cette situation. Les nouvelles technologies le savent bien. En s’appuyant sur la connaissance que nous donnent de notre cerveau les neurosciences, elles sursollicitent notre attention pour justement nous permettre de ne plus ressentir cette incertitude. Mais c’est là un soulagement empoisonné. Car nous sommes ainsi peu à peu coupés de notre propre existence, de ce que nous sentons, de ce que nous voulons. Nous sommes dépossédés de nous-mêmes. Voilà un étrange paradoxe : plus je regarde mon téléphone portable, consultant telle ou telle application, plus je me vide et m’isole. À l’inverse, plus j’écoute l’autre en acceptant de ne pas savoir d’avance ce qu’il me dit, et, paradoxalement, plus j’entre dans une relation profonde et vraie et plus je me retrouve."

Voilà ce que procurait l'écoute de François Cheng !

« L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité. » nous dit Simone Weil, dans sa correspondance avec Joël Bousquet.



Quant au contenu de l'émission avec François Cheng, sans doute aurons-nous l'occasion d'en reparler...