dimanche 28 juin 2020

Une sainte subversive




J'ai lu il y a quelques années la biographie d'Hildegarde de Bingen par Lorette Nobécourt et j'y repense souvent car cette femme est fascinante.
Elle a vécu au XIIe siècle. Religieuse, elle est devenue abbesse de son couvent de bénédictines. Son champ d'action est immense : l'écriture, la médecine, la musique, la mystique, la linguistique... Elle a beaucoup écrit sur les visions qui lui venaient depuis toute jeune.
Elle reçut l'approbation du pape, fut reconnue comme sainte et devint docteur de l'Eglise.
Une femme de pouvoir très mystique reconnue à son époque comme aujourd'hui. La biographie de lorette Nobécourt est rêvée mais essaie de nous rendre compte de l'aspect sacré de la vie.




Le livre de Lorette Nobécourt s'intitule : La clôture des merveilles.
Une phrase de Hildegarde avait inspiré ce titre : "Ainsi, l'homme est la clôture des merveilles de Dieu."

Cette phrase puissante et pleine de sens, m'a accompagnée lors d'un stage sur Saturne que j'avais fait un été et il me semblait qu'elle représentait la définition de Saturne portée à un niveau spirituel. En effet, la clôture peut se concevoir comme le cadre qu'il faut acquérir pour pouvoir atteindre à la liberté.
Voici ce que disait Lorette Nobécourt à propos de son livre :
"Ce n'est pas seulement ce désir de clôture que je veux honorer ici, mais l'engagement politique qu'il recouvre, sa subversion. Hildegarde de Bingen l'incarne.
Il n'y a en effet, d'engagement politique véritable qu'à défendre la beauté, celle qui rend la vie plus large et plus profonde. Pour aller jusqu'à la liberté.
Hildegarde de Bingen a écrit des textes sacrés et profanes, aimé une femme, fondé deux monastères, composé de la musique, des poèmes, soigné, exorcisé, percé le secret des plantes, tenu tête aux puissants, mais surtout elle a été jusqu'au plus profond d'elle-même, jusqu'à la vérité de l'être que porte l'enfant aux cheveux blancs, celui en nous qui, par l'expérience, ramène l'innocence jusqu'à lui. C'est une aventure sacrée."
L'enfant aux cheveux blancs est celui qui en nous a retrouvé l'innocence après avoir acquis l'expérience.




Les valeurs d'Hildegarde sont très modernes  et résonnent en nous aujourd'hui :
"Oui, la vie porte l'absolu et il revient à l'homme de l'incarner ici, qui ne l'atteindra jamais. 
Oui, la liberté, la poésie, l'amour, l'eros, la joie, la subversion, l'autonomie, l'indépendance sont des valeurs contemporaines qu'il reste à défendre.
Oui, le but de l'homme est l'amour, toujours plus d'amour."

Revenons à la clôture, pour mieux en saisir le sens :
"C'est à chacun d'oser entrer dans la clôture de soi-même, non pas pour "poursuivre le chemin des anciens" comme l'écrivait le poète Bashô, mais pour chercher à notre tour ce qu'ils ont cherché."

"L'infini n'a de source que dans la limite, et il faut avoir clos en soi tous les rêves pour que l'absolu se dévoile."




Terminons avec cette phrase qui résume ce chemin d'Hildegarde :
"La voilà revenue de cet exil où nous retiennent les vanités du siècle, pour mieux s'enfoncer dans la clôture des merveilles, c'est-à-dire en elle-même."



dimanche 21 juin 2020

La lente maturation du bambou




L'allégorie du bambou m'a toujours plus  : d'une part parce que j'aime le bambou, son feuillage léger, son ombre douce, sa façon de pousser anarchiquement, son lien fort avec la Chine et le Japon, et d'autre part parce que la lente maturation dans l'ombre de ses pousses avant une éclosion puissante est une image forte et nous parle de nos fonctionnements humains.

"On raconte qu'il existe en Chine une variété de bambou tout à fait particulière. Si l'on en sème une graine dans un terrain propice, il faut s'armer de patience... En effet, la première année, il ne se passe rien : aucune tige ne daigne sortir du sol, pas la moindre pousse. La deuxième année, non plus. La troisième ? Pas davantage ! La quatrième, alors ? ... Que nenni ! Ce n'est que la cinquième année que la bambou pointe enfin le bout de sa tige hors de terre. Mais il va alors pousser de douze mètres en une seule année; quel rattrapage spectaculaire !  La raison en est simple : pendant cinq ans, alors que rien ne se produit en surface, le bambou développe secrètement de prodigieuses racines dans le sol grâce auxquelles, le moment venu, il est en mesure de faire une entrée triomphante dans le monde, au grand jour." (Olivier Clerc)




"Le bambou chinois, selon Olivier Clerc, nous montre que ce n'est pas parce qu'on ne voit rien qu'il ne se passe rien. Ensuite, il indique que certains changements brusques ou parfois instantanés peuvent être le résultat d'une lente  évolution qui, elle, ne nous est pas perceptible.

Nous pouvons observer le phénomène du bambou chinois dans de nombreux domaines humains différents.  L'ignorer nous conduit souvent à mal interpréter certaines situations, soit en nous alarmant inutilement d'un apparent manque de changements positifs, soit, au contraire, en fondant notre calme et notre assurance sur l'absence trompeuse de changements négatifs, lesquels ne tarderont pourtant pas à se révéler.
Contrairement aux connaissances intellectuelles que nous acquérons de façon assez linéaire, par accumulation et mémorisation de données diverses, les changements qui affectent notre psyché _ le cœur, les sentiments, les émotions, les empreintes du passé_ et ceux qui touchent notre dimension subtile _ l'âme et l'esprit _ s'effectuent le plus souvent à la manière du bambou. Ainsi, par exemple, 
nous contenter de comprendre intellectuellement les problèmes psychologiques liés à notre enfance suffit rarement à produire en nous un changement, une libération. C'est quand la charge émotionnelle de notre passé parvient à s'exprimer que, subitement, nous accédons à un nouveau niveau de conscience.
Les adeptes d'une discipline spirituelle qui ignorent cette lente transformation non visible, prélude à l'accession à un nouvel état de conscience ou à l'éveil de nouvelles facultés, peuvent se décourager et estimer que leurs efforts sont inutiles ou improductifs, alors même qu'ils ne sont peut-être plus qu'à quelques pas de voir leur travail couronné de succès. 
Riche allégorie que celle de ce bambou chinois ! Savoir travailler lentement dans le secret pour que les choses grandissent ensuite vite et fort au grand jour. Derrière le calme des apparences, apprendre à discerner quelque évolution souterraine  et silencieuse, qu'elle soit positive ou négative. 
Faire du temps notre allié conscient plutôt que notre ennemi inconscient. Avec le bambou, nous mettons un pied dans l'invisible, le subtil.  Nous nous évadons un peu de la prison du manifesté pour explorer la source du possible. Des effets apparents, nous remontons aux causes cachées.




En nous appropriant le langage symbolique de la nature, nous constatons encore et encore que les mêmes principes sont à l'oeuvre partout."


Et pour terminer avec le bambou, un poème du maître des haïkus :



Ce qui concerne le pin,
l’apprendre du pin;
Ce qui concerne le bambou,
du bambou.


Bashô Matsuo







dimanche 14 juin 2020

Inspiration



Quelques paroles inspirantes pour la semaine : voici ce que je vous propose.
Et tout d'abord le poème de Rainer Maria Rilke sur Bouddha. Qu'attendons-nous de lui ? Que comprend-il de nous ? Et comment le regarder ?
Les poèmes de Rainer Maria Rilke ne sont pas forcément limpides et compréhensibles immédiatement. Mais en se laissant porter par leur musique, je crois qu'on touche au message qui se trouve caché en eux.

"Comme s'il prêtait l'oreille. Paix du silence : un lointain...
Nous sommes toute retenue et ne l'écoutons plus
Et il est étoile. Et d'autres grandes étoiles,
Que nous ne voyons pas, sont tout autour de lui.

Ô il est tout. Vraiment, attendons-nous
Qu'il nous voie ? En aurait-il besoin ?
Et si, là, nous nous jetions à terre devant lui,
Il resterait insondable, supportant comme un animal.

Car, ce qui nous jette à ses pieds,
Cela gravite en lui depuis des millions d'années.
Lui, qui oublie ce que nous apprenons
Et qui apprend ce qui nous déloge.

Rainer Maria Rilke (Bouddha)




Et Victor Hugo nous dit comment regarder le monde. Et il nous donne une définition de l'intuition que je trouve absolument juste.


"Chose inouïe, c'est au-dessus de soi qu'il faut regarder le dehors... La chose réfléchie par l'âme est plus vertigineuse que vue directement. En nous penchant sur ce puits, notre esprit, nous y apercevons à distance d'abîme, dans un cercle étroit, le monde immense.
Le monde ainsi vu est surnaturel en même temps qu'humain, vrai en même temps que divin. Notre conscience semble apostée dans cette obscurité pour donner l'explication.
C'est là ce qu'on nomme l'intuition."
Victor Hugo





Rilke ne dit pas autre chose du processus de création :

Laisser s'épanouir toute impression et tout germe d'un sentiment au plus profond de soi, dans l'obscurité, dans l'ineffable, dans l'inconscient, dans cette région où notre propre entendement n'accède pas, attendre en toute humilité et patience l'heure où l'on accouchera d'une clarté neuve : c'est cela seulement qui est vivre en artiste, dans l'intelligence des choses comme dans la création.

Rainer Maria Rilke (Lettres à un jeune poète)



dimanche 7 juin 2020

Nouvelles d'Altaïr

"Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre." Marc-Aurèle





Ce printemps nous apporte décidément son lot de changements et de remises en cause.
Rien de ce que nous avions prévu n'a pu se réaliser.
Mais nous prévoyons de repartir à l'automne sur des bases qui, nous l'espérons, seront plus fiables.

Nous avions en effet programmé une sortie pour visiter le jardin d'herbes de Fabienne Decoret , tout près du col de Porte. Une visite passionnante au milieu des champs de la Chartreuse. Puis nous devions pique-niquer au pied du Charmant Som et rester jusqu'à la nuit pour admirer les étoiles dans un ciel pur et dégagé.
Nous avons été rattrapés par les conditions sanitaires actuelles qui, le 19 juin, ne nous permettront pas encore de réunir un groupe de plus de dix personnes. Nous sommes très déçus de devoir annuler, mais il est décidément bien difficile d'organiser quoi que ce soit ce printemps. 
Nous retenterons cette expérience au printemps prochain !




Nous avions également prévu de proposer une soirée hommage au grand astrologue André Barbault autour d'un DVD qui lui est consacré. Une soirée de partage et de découverte pour beaucoup d'entre nous. Nous n'avons pas abandonné ce projet : nous vous le proposerons en septembre ou octobre.

Et puisque nous parlons de projets, nous aurons bien sûr en fin d'année, le 4 décembre, la conférence d'astrologie mondiale pour l'année 2021. Nous l'attendons avec impatience et espérons que Sylvie Lafuente Sampietro nous annoncera une année plus facile.  L'année 2020 devait nous permettre de poser les fondations d'un nouveau monde : il est vraisemblable qu'en 2021, nous n'en n'aurons pas terminé avec les fondations ! 
Je vous rappelle que si vous le souhaitez, vous pouvez toujours regarder la conférence pour l'année 2020 :




Je vous préciserai bien sûr en temps voulu le programme du trimestre de rentrée.
Nous allons tenter en attendant de passer un agréable été !




"On se cherche des retraites à la campagne, sur les plages, dans les montagnes. Mais tout cela est de la plus vulgaire opinion, puisque tu peux, à l'heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle part, en effet, l'homme ne trouve de plus tranquille et de plus calme retraite que dans son âme, surtout s'il possède en son for intérieur, ces notions sur lesquelles il suffit de se pencher pour acquérir aussitôt une quiétude absolue, et par quiétude, je n'entends rien d'autre qu'un ordre parfait !" Marc-Aurèle cité par Montaigne