dimanche 24 février 2019

Atelier d'astrologie : Découvrir notre masculin

Bientôt un nouvel atelier d'astrologie !
Après la découverte du féminin en nous, Sylvie Lafuente Sampietro vous invite à venir découvrir le masculin en vous le 22 mars prochain.
Que nous soyons homme ou femme, la découverte de notre part masculine peut nous éclairer sur notre personnalité profonde.




Nous vous invitons donc à venir nous rejoindre le 22 mars à 19h15 !

L'atelier aura lieu au centre d'Astrologie, 1 rue Expilly à Grenoble.
Pour réserver, nous vous invitons à nous envoyer un mail pour préréserver votre place puis à nous envoyer votre règlement par courrier ou à le déposer au local pour une inscription définitive.
Nous espérons vous retrouver pour cet atelier passionnant.


dimanche 17 février 2019

Trois moines

Voyageons jusqu'en Himalaya à la rencontre improbable de trois moines.
Ce moment est extrait d'un livre de Christoph Ransmayr , voyageur et écrivain  allemand qui nous raconte ses voyages comme une multitude de rencontres et d'anecdotes dans tous les pays du monde.
Il affectionne particulièrement les récits de voyages à travers les montagnes du globe. Son livre s'intitule : "Atlas d'un homme inquiet".




L’arrivée

Je vis trois moines en train de marmonner dans une grotte surplombant un lac de montagne aux rives enneigées, à quatre mille mètres d’altitude, dans l’Ouest de l’Himalaya. Le vent soufflant en bourrasques avait poussé une longue langue de neige à l’intérieur de la grotte, jusque près du feu où les moines assis tout près les uns des autres balançaient le haut de leur corps au rythme de leurs interminables marmonnements incantatoires. Le froid faisait qu’on les entendait claquer des dents chaque fois qu’ils s’arrêtaient pour reprendre leur souffle au cours de la litanie répétitive d’un mantra. Leurs visages et leurs mains étaient barbouillés de noir de fumée, leurs cheveux retombant jusque sur les épaules, ébouriffés, également encroûtés de noir de fumée, et le rouge de leurs tuniques à peine reconnaissable sous une couche de crasse noirâtre. Les trois hommes devaient avoir à peine vingt ans, peut-être beaucoup moins. Le noir de fumée faisait qu’on ne pouvait se prononcer que très approximativement là-dessus. La grotte était si vaste que ses parois renvoyaient l’écho des craquements des branches dans les flammes. Un feu comme celui-ci ne suffisait pas à réchauffer pareil local.
Nous avions passé la nuit précédente dans un campement de semi-nomades qui attendaient dans des maisonnettes noircies de fumée que le printemps libère les cols et leur permette de transhumer avec leurs yaks jusqu’aux grands lacs salés et aux alpages tibétains. Dans les nuages de neige, là-bas, devant nous, à une journée de marche tout au plus, nous avait-on dit dans ce campement, nous trouverions le lac de Phoksundo ainsi qu’un village au bord du lac, un monastère aussi. Habité ? Abandonné ? Comme c’était le cas, en cette saison du moins, dans la plupart des cantonnements, nos hôtes ne savaient pas ce qui se passait hors de chez eux.



Après des heures d’ascension, ils arrivent au lac et à un village abandonné, lorsqu’ils aperçoivent une grotte loin au-dessus de la rive du lac. Après une ascension épuisante, les deux hommes y parviennent enfin.
Singulière apparition que celle de mon ami que je pus entrevoir soudain tout là-haut, à l’entrée de la grotte. Comme il paraissait petit, devant la gueule béante, noire. Il me fit signe mais ce qu’il me criait était couvert par les feulements du vent et je ne pus le comprendre. Lorsque j’atteignis enfin la grotte au prix d’un effort qui fit que j’entendais battre le sang dans ma tête, je le trouvai assis avec les moines, occupé à leur poser des questions dans une langue consistant en un mélange de bribes de népalais et de tibétain.
Impossible de savoir s’ils comprenaient ce qu’on leur demandait. Ils n’interrompaient pas leurs prières et ne cessèrent pas non plus de marmonner lorsque l’un d’eux se leva pour nous offrir du thé salé au beurre de yak, des racines séchées et de la tsampa, une farine grossière d’orge grillée à laquelle il ajouta_ en marmonnant de plus belle_ du beurre et du thé pour obtenir un mélange qu’il pétrit entre ses doigts jusqu’à obtenir une pâte grise.
Tandis que nous mangions et buvions, nos hôtes tâtaient nos vestes fourrées de duvet, nos guêtres, nos gants, soupesaient nos piolets, nos crampons, nos sacs à dos, visiblement admiratifs mais tout en continuant, sans s’interrompre à aucun moment, à réciter leurs mantras en claquant des dents.
Enfin délivré du poids de mon sac et des tourments de l’ascension, j’étais assis à côté de mon ami près du feu qui se consumait lentement. Trop fatigué pour retirer mes vêtements trempés de sueur, je m’étais enveloppé dans mon duvet comme dans une couverture et je laissai la braise me réchauffer.
Mon ami avait renoncé à toute tentative de questionner les moines en oraison. Assis à côté de moi, il les écoutait marmonner, muet, le regard fixé sur le feu. Le ciel hivernal délimité par l’ouverture de la grotte s’était peu à peu assombri. Les massifs enneigés qui s’élevaient ici à plus de six mille mètres par-dessus le miroir d’une mer infiniment lointaine étaient devenus des murs noirs au-dessus desquels une première étoile se mit à flamboyer…
Le feu était éteint. Des moines, on ne voyait plus que les silhouettes, des braises, la cendre blanche qui les recouvrait. Je me sentais à l’abri comme en ces temps révolus où l’on me portait au lit soir après soir : par une fente de la porte qu’on laissait entrouverte à cause de ma peur du noir, je voyais un rai de lumière et j’entendais chuchoter dans la pièce d’à côté les adultes qui me protégeaient. Lorsqu’une étincelle sauta de la cendre blanche comme neige et s’éteignit en vol dans l’obscurité froide de la grotte, je m’endormis. A présent, j’étais arrivé.




dimanche 10 février 2019

Ne retournez pas dormir

Deux poèmes de Rumî qui nous disent qu'il n'y a ni noir ni blanc, ni bon ni mauvais mais une unité qui se fait en nous et dans le monde autour de nous. Le jugement n'a pas de place et nous pouvons nous retrouver en ce lieu de sérénité où même la notion de l'autre n'a plus  sa place. Deux très beaux poèmes qui sont aussi des leçons de spiritualité.




"Ainsi l'être humain est une auberge.
Chaque matin, un nouvel arrivant.
Une joie, un découragement, une méchanceté,
une conscience passagère se présente,
comme un hôte qu'on n'attendait pas.

Accueille-les tous de bon cœur !

Même si c'est une foule de chagrins
qui saccage tout dans ta maison,
et la vide de ses meubles,
traite chaque invité avec honneur.
Il fait peut-être de la place en toi pour de nouveaux plaisirs.

L'idée noire, la honte, la malice,

accueille-les à ta porte avec le sourire
et invite-les à entrer.

Soit reconnaissant à tous ceux qui viennent

car chacun est un guide
qui t'est envoyé de l'au-delà."


 "Au delà des idées des actes répréhensibles ou de bienséance,
il y a un champ. Je t’y rencontrerai.
Quand l’âme se couche dans cette herbe,
le monde est trop plein pour que l’on puisse en parler.
Les idées, le langage et même la phrase « l’un l’autre »
n’ont plus aucun sens.
La brise à l’aube a des secrets à vous raconter.
Ne retournez pas dormir.
Vous devez demander ce que vous désirez vraiment.
Ne retournez pas dormir.
Les gens vont et viennent par le seuil
où les deux mondes se touchent.
La porte est ronde et ouverte.
Ne retournez pas dormir.»


Poèmes extraits de : The essential Rumî.




dimanche 3 février 2019

Silence et vacuité


La vacuité est une notion très importante du bouddhisme que nous avons souvent du mal à saisir.
voici ce qu'en dit un maître tibétain, dont les propos sont rapportés par Matthieu Ricard : 




Dilgo Khyentsé Rinpotché, l'un des plus grands maîtres tibétains du XX è siècle aborde le concept bouddhiste de la vacuité:
Lorsqu'un arc-en-ciel apparaît, lumineux dans le ciel, vous pouvez contempler ses belles couleurs, mais vous ne pouvez l'attraper et le porter comme un vêtement. L'arc-en-ciel naît de la conjonction de différents facteurs, mais rien en lui ne peut être saisi. Il en va de même pour les pensées. Elles se manifestent dans l'esprit, mais elles sont dépourvues de réalité tangible ou de solidité intrinsèque. Aucune raison logique ne justifie donc que les pensées — qui sont insubstantielles — disposent de tant de pouvoir sur vous, aucune raison pour que vous en soyez l'esclave.

L'infinie succession de pensées passées, présentes et futures, nous conduit à penser qu'il existe quelque chose qui serait là de manière inhérente et permanente. Nous appelons cela l'esprit. Mais en fait, les pensées passées sont aussi mortes que des cadavres, et les pensées futures ne sont pas encore survenues. Alors, comment ces deux catégories de pensées qui n'existent pas pourraient-elles constituer une entité qui, elle, serait existante ? Et comment la pensée présente pourrait-elle s'appuyer sur deux choses inexistantes ?

Cependant, la vacuité des pensées n'est pas simplement du vide, comme on pourrait le dire de l'espace. Il y a là, présente, une conscience spontanée, une clarté comparable à celle du soleil qui éclaire les paysages et permet de voir les montagnes, les chemins et les précipices.

Bien que l'esprit soit doué de cette conscience intrinsèque, affirmer qu'il y a un esprit, c'est apposer l'étiquette de réalité sur quelque chose qui n'en a pas, c'est énoncer l'existence d'une chose qui n'est qu'un nom donné à une succession d'événements. On peut appeler ‟collier ”l'objet constitué par des perles enfilées, mais ce ‟ collier ” n'est pas une entité douée d'une existence intrinsèque. Quand le fil casse, où est le collier ?

Dilgo Khyentsé Rinpotché, Au coeur de la compassion





Cette notion se retrouve dans le nouveau livre de Thierry Janssen : Ecouter le silence à l'intérieur.
Il parle de son expérience de perception du silence :
"Le silence à l'intérieur, tout au fond, à l'arrière-fond. Le silence qui est toujours là, au-delà de la confusion des sensations, au-delà de la perturbation des émotions, au-delà de l'agitation des pensées. Le silence essence de la présence, noyau de la conscience. Le silence source de tout, nature ultime de tout, qui est dans tout, qui contient tout. Le silence origine de la vie, espace de la création, lieu de toutes les manifestations."
Il a, avec la perception de ce silence, la certitude d'avoir atteint la "pure conscience", qui est "pure présence silencieuse, paisible et aimante."

"Cela m'a permis de comprendre que la pure conscience est vacuité dans le sens où, en elle, tout apparaît et tout disparaît dans une suite  ininterrompue de phénomènes reliés les uns aux autres."
"J'ai senti au plus profond que la pure conscience est un état de liberté où tout peut être créé."

Et la vacuité n'est pas le vide, comme certains le croient, mais un espace qui s'ouvre dans le silence à partir duquel tout peut être créé.




Ce livre est éclairant sur ce vers quoi peut nous amener la méditation. En ne niant pas que la pratique à long terme est indispensable, Thierry Janssen nous donne quelques clés pour aller chercher en nous ce silence intérieur, source de joie, et d'accueil inconditionnel.