dimanche 20 décembre 2020

Joie

 Pour aborder cette fin d'année avec joie, voici quelques phrases qui peuvent nous redonner confiance pour repartir avec un souffle nouveau vers 2021 :


"Aujourd'hui, je n'ai rien fait. 

Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.

Des oiseaux qui n'existent pas ont trouvé leur nid.

Des ombres qui peut-être existent ont rencontré leur corps.

Des paroles qui existent ont recouvré leur silence.

Ne rien faire

sauve parfois l'équilibre du monde, en obtenant que quelque chose aussi

pèse sur le plateau vide de la balance."

Roberto Juarroz



"Les gens pensent que marcher sur l'eau relève du miracle. 

Personnellement, je crois que marcher sur terre est le véritable miracle."

Thich Nhat Hanh



"Tout ce qui vient à nous vient comme un défi et comme une opportunité."

Swami Prajnanpad


Je vous souhaite un joyeux Noël !

dimanche 13 décembre 2020

Que dire de 2021 ?



Comme promis, voici quelques éléments sur la conférence d'astrologie mondiale de Sylvie Lafuente Sampietro du 4 décembre dernier. Le titre en était : L'année 2021 : "S'organiser  dans le chaos créatif".


En 2020, trois planètes importantes pour l'évolution de l'humanité étaient rassemblées dans le ciel, elles nous ont apporté beaucoup de perturbations. Ce rassemblement de planètes est exceptionnel et il nous apporte création, changement mais il comporte aussi de grands risques. Il représente une bascule pour l'humanité et une grande puissance de rénovation.

Début 2021, juste après cette grosse conjonction de planètes, nous sommes dans le moment du chaos innovant. Nous avons la capacité de ressentir profondément les choses et de nous laisser porter. Nous sommes dans le moment où tout est possible et où nous avons le plus de liberté. Mais nous sommes dans l'inconscience de ce qui démarre. Or nous sommes déjà dans un autre monde et les choix que nous faisons sont très importants puisqu'ils engagent l'avenir.

Quel est l'impact en 2021 de ces trois planètes suivant le niveau où nous les avons vécues en 2020 ?



Avec Pluton, nous avons pu être sidérés par l'angoisse puis dominés par la rage qui peut entraîner colère collective, refus et révolte. Or il faut bien admettre que ce qui est est. On peut pédaler, se mettre en colère contre les règles insensées mais ce qui est est. 

Il faut faire muter les structures et entrer dans l'action pour ne pas être dans l'impuissance. 


Avec Saturne, on a peur, peur de voir les pertes de repère des autorités qui devraient nous protéger : on est au début dans la soumission, puis dans l'insubordination ou dans une exigence terrible. Le temps est figé et comme suspendu. 

Il faut accepter nos limites : nous sommes dans l'impossibilité de comprendre ce qui se passe. Nous pouvons prendre des positionnements et des responsabilités dans l'espace et sur les sujets que nous pouvons contrôler.

En cours d'année, le passage de Saturne en Verseau va apporter une concentration de l'énergie. Il faut conserver son éthique, garder la maîtrise de soi dans le chaos ambiant : on ne se perd pas. On peut alors avoir une évolution du niveau de conscience.



Avec Jupiter, nous avons eu une amplification des problèmes et des ennuis. Notre horizon en est envahi.

Il peut y avoir arrêt des projets : on ne paraît plus vivant.

Il faut continuer à avoir des projets et penser à l'avenir. Si on arrête les projets, on perd le sens et la direction de notre vie. La confiance de Jupiter se transforme en défiance.

On peut avoir aussi un retour vers l'essentiel de la vie et du sens des priorités. Il faut donner du sens pour soi à ce qui se passe. Il faut avoir confiance dans le fait que l'humain sait régénérer la vie : cela donne une énergie incroyable.

Des mutations se produisent, on change ses habitudes, on se concentre.

Sylvie Lafuente Sampietro nous a également rappelé de faire attention à cet anthropocentrisme qui nous fait passer de la toute puissance à l'impuissance : nous avons depuis l'antiquité vécu de nombreuses pandémies, souvent beaucoup plus graves que celle-ci et l'humanité a continué son évolution. 



D'où la citation d'Edgar Morin : "Il faut apprendre à naviguer dans un océan d'incertitudes à travers des archipels de certitudes."

Voici donc un aperçu du tout début de la conférence qui replace 2021 dans le contexte que nous avons connu et qui nous donne déjà quelques clés de compréhension. Le contenu est très riche et je ne saurais vous le résumer ici entièrement. Nous avons parcouru les positions planétaires de l'année 2021, puis avons exploré comment s'organiser et créer dans le chaos et avons vu que nous traversions une crise de conscience et une réorientation

Je vous conseille si cela vous intéresse de nous demander le lien vers l'enregistrement de la conférence, vous pourrez la voir et l'écouter en totalité. 

Vous pouvez nous envoyer un mail à : assoc.altair@gmail.com, nous vous expliquerons la marche à suivre pour vous acquitter des 10 € demandés. 

dimanche 6 décembre 2020

Et en 2021, alors ?

 



Vendredi soir, Sylvie Lafuente Sampietro nous a présenté sa conférence d'astrologie mondiale pour l'année 2021.

Nous étions en visioconférence, pour la première fois. Cette année 2021 est décidément l'occasion de grandes nouveautés !

Nous étions nombreux pour cette première, de tous horizons, et tout le monde était heureux de se retrouver. La conférence à Grenoble ne permet pas de nous réunir aussi largement. Nous avions aussi beaucoup d'attentes sur le contenu car les bouleversements de 2020 nous ont interpellés. Que va-t-il se passer en 2021 ? Le titre : "S'organiser dans le chaos créatif" nous donnait déjà le programme !

Nous avons eu des perspectives, une ligne à laquelle nous tenir et c'était très revigorant.

Aujourd'hui, je vais vous donner un aperçu avec les citations qui ont émaillé la conférence. Il me semble qu'on y retrouve l'atmosphère de la conférence. La semaine prochaine, je vous montrerai un peu plus ce chemin que nous avons parcouru, qui nous laisse une grande liberté. L'année 2021 sera une année tonique !


La vedette des citations de cette année était Edgar Morin. Il faut dire que ses paroles sur la crise sont vraiment éclairantes et que ce presque centenaire qui a toujours le sourire est un exemple.

"Il faut apprendre à naviguer dans un océan d'incertitudes à travers des archipels de certitude." E. Morin

"Le développement et la démocratie sont étroitement liés. Une opinion publique bien informée est une composante essentielle de la démocratie." Kofi Annan

"La crise devrait ouvrir nos esprits sur l'essentiel : l'amour et l'amitié, la communication et la solidarité." E. Morin



"L'homme est l'espèce la plus insensée, il vénère un Dieu invisible et massacre une nature visible, sans savoir que cette nature qu'il massacre est ce Dieu invisible qu'il vénère." Hubert Reeves

"A force de sacrifier l'essentiel à l'urgence, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel." E. Morin

" C'est la surprise, l'étonnement qui nous oblige à évoluer." E. Morin

"Le monde du partage devra remplacer le partage du monde." Claude Lelouch

"Le libre arbitre est la capacité de faire volontiers ce que je suis appelé à faire." C.G. Jung

"Une prévision statistique avant la naissance de l'univers aurait considéré celui-ci comme quasi impossible." E. Morin

"Un gagnant est un rêveur qui n'abandonne jamais." Nelson Mandela

Voilà déjà un bon aperçu de la conférence et de la bouffée d'air qu'elle nous a insufflés !



dimanche 29 novembre 2020

La culture




Voici une belle définition de la culture :

La culture ce n’est pas avoir le cerveau farci de dates, de noms ou de chiffres, c’est la qualité du jugement, l’exigence logique, l’appétit de la preuve, la notion de la complexité des choses et de l’arduité des problèmes. C’est l’habitude du doute, le discernement dans la méfiance, la modestie d’opinion, la patience d’ignorer, la certitude qu’on n’a jamais tout le vrai en partage; c’est avoir l’esprit ferme sans l’avoir rigide, c’est être armé contre le flou et aussi contre la fausse précision, c’est refuser tous les fanatismes et jusqu’à ceux qui s’autorisent de la raison; c’est suspecter les dogmatismes officiels mais sans profit pour les charlatans, c’est révérer le génie mais sans en faire une idole, c’est toujours préférer ce qui est à ce qu’on préférerait qui fût.
Jean Rostand, Le droit d’être naturaliste (1963).

Je vous souhaite une belle semaine !



dimanche 22 novembre 2020

Connaissance et attention

Qu'est-ce que la connaissance ?

 "La connaissance est la seule richesse dont les tyrans ne peuvent nous dépouiller... Dieu vous a donné l'intelligence et la connaissance. Aussi n'étouffez-pas la lampe de la Grâce Divine et ne laissez pas s'éteindre la bougie de la sagesse dans les ténèbres de l'avidité et de l'erreur. Le sage est celui qui, à la lueur de son propre flambeau, vient éclairer le chemin des hommes." Khalil Gibran


Qui peut-on appeler sage ? Peut-être celui qui se tait et ne vous abreuve pas de connaissances dont vous ne sauriez que faire ?


Souvent, dans ces hautes terres où la solitude a rouillé l'herbe, on rencontre un ruisseau, naissance de ces torrents qui, plus bas, hennissent de roc en roc, cabrent des ventres blancs et secouent de longues crinières humides. Ici, sans bruits, comme une étincelante couleuvre, il coule, sans mouvement dirait-on, dans un lit de petits joncs nerveux. De ses abords, où se sont épaissies les bardanes, les mauves et les menthes, se lève soudain un mouton qui dormait. On découvre alors, près d'un rocher gris, une cabane de bois gris, un âne gris, un homme gris, qui depuis longtemps déjà vous regardait,  mais n'a pas fait un pas vers vous. Et il ne vous parlera guère, ou par oui et par non, ou peut-être, si vous lui demandez aide, par le don silencieux d'une tranche de pain et d'un verre de lait. Il connaît tellement les chemins de par ici qu'il ne peut vous être d'aucune aide pour vous guider. Il sait qu'il ne peut parler que de choses qui vous sont totalement inconnues. Il n'essaie pas.
Les trois arbres de Palzelm - Jean Giono


Peut-être le secret de la connaissance est-il caché dans l'attention que nous portons :
"La mesure de l'enchantement dépend de la plus ou moins grande attention que vous y mettez"
Montaigne

L'attention est certainement le point essentiel. La connaissance ne résiste pas au manque d'attention :
"Toutes les fois que l'on fait vraiment attention , on détruit du mal en soi. Si on fait attention avec cette intention, un quart d'heure d'attention vaut beaucoup de bonnes œuvres."
« L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité. »
Simone Weil



dimanche 15 novembre 2020

Liberté chérie

 


A cause d'un virus, nos libertés sont restreintes et nous ne pouvons plus faire ce que nous voulons. Si nous sommes attentifs, nous retrouverons un jour toutes ces possibilités que nous avons perdu. Ne perdons pas de vue que nous ne sommes pas faits pour être mis en cage !

A ce propos, j'ai retrouvé ce poème de Victor Hugo qui nous parle des oiseaux en cage et de la facilité que nous avons, nous, les hommes, à enfermer les autres êtres sans nous préoccuper de leur liberté ! 



Liberté

De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages ?

De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ?
De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ?
Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
Ne peux-tu vivre heureux et content sans cela ?
Qu'est-ce qu'ils ont donc fait tous ces innocents-là
Pour être au bagne avec leur nid et leur femelle ?

Qui sait comment leur sort à notre sort se mêle ?
Qui sait si le verdier qu'on dérobe aux rameaux,
Qui sait si le malheur qu'on fait aux animaux
Et si la servitude inutile des bêtes
Ne se résolvent pas en Nérons sur nos têtes ?
Qui sait si le carcan ne sort pas des licous ?
Oh! de nos actions qui sait les contre-coups,
Et quels noirs croisements ont au fond du mystère
Tant de choses qu'on fait en riant sur la terre ?
Quand vous cadenassez sous un réseau de fer
Tous ces buveurs d'azur faits pour s'enivrer d'air,
Tous ces nageurs charmants de la lumière bleue,
Chardonneret, pinson, moineau franc, hochequeue,
Croyez-vous que le bec sanglant des passereaux
Ne touche pas à l'homme en heurtant ces barreaux ?




Prenez garde à la sombre équité. Prenez garde !
Partout où pleure et crie un captif, Dieu regarde.
Ne comprenez-vous pas que vous êtes méchants ?
À tous ces enfermés donnez la clef des champs !
Aux champs les rossignols, aux champs les hirondelles ;
Les âmes expieront tout ce qu'on fait aux ailes.
La balance invisible a deux plateaux obscurs.
Prenez garde aux cachots dont vous ornez vos murs !
Du treillage aux fils d'or naissent les noires grilles ;
La volière sinistre est mère des bastilles.
Respect aux doux passants des airs, des prés, des eaux !
Toute la liberté qu'on prend à des oiseaux
Le destin juste et dur la reprend à des hommes.
Nous avons des tyrans parce que nous en sommes.
Tu veux être libre, homme ? et de quel droit, ayant
Chez toi le détenu, ce témoin effrayant ?
Ce qu'on croit sans défense est défendu par l'ombre.
Toute l'immensité sur ce pauvre oiseau sombre
Se penche, et te dévoue à l'expiation.
Je t'admire, oppresseur, criant: oppression !
Le sort te tient pendant que ta démence brave
Ce forçat qui sur toi jette une ombre d'esclave
Et la cage qui pend au seuil de ta maison
Vit, chante, et fait sortir de terre la prison.

Victor Hugo




dimanche 8 novembre 2020

Conférence d'astrologie mondiale pour 2021



 Il nous faut cette année nous adapter en permanence. Tous nos projets doivent être revus, modifiés, repris sous un autre angle.

C'est le cas de la conférence d'astrologie mondiale de Sylvie Lafuente Sampietro. Nous devions nous réunir le 4 décembre à la Maison du Tourisme de Grenoble. Cela ne nous paraît plus possible.

Aussi, Sylvie Lafuente Sampietro a-t-elle décidé d'animer cette conférence en visioconférence. Cela permettra de la maintenir et de nous retrouver, d'une autre manière.

Le 4 décembre à 20h30, nous pourrons donc assister tous ensemble à cette conférence tant attendue chaque année, et peut-être plus en ce moment.

Pour vous inscrire, il vous faut : aller sur le site de Helloasso et réserver votre place. Il vous sera demandé 10 € (paiement par carte). Une fois inscrit, vous recevrez un lien pour vous connecter à la visioconférence le 3 décembre. Voici le lien pour vous inscrire :

https://www.helloasso.com/associations/association-altair/evenements/conference-d-astrologie-mondiale-2021-3 

Et voici la présentation de la conférence :

Astrologie mondiale : l'année 2021

"S’organiser dans       

le chaos créatif"

                 


Cette conférence a pour objectif de vous permettre de mieux comprendre la mutation du monde et de nos sociétés à travers une prise de recul sur l’actualité et une compréhension des cycles que l’humanité vit.

Elle est un apport personnel pour la gestion de votre année 2021, elle vous donnera des clefs pour saisir ce qui se passe dans votre vie et une prise de conscience des cycles qui sont à l’œuvre.

L’année 2021 est un temps puissant de créativité pour inventer une nouvelle organisation du monde de façon très pragmatique. En toile de fond, les grands cycles propulsent l’humanité dans une dynamique d’évolution incroyable. La redéfinition du monde va continuer cette année, sur le plan des forces territoriales et politiques. C’est une révolution écologique et économique qui est en route. Les structures sociales et politiques vont être soumises à une force de renouveau. C’est un espace de liberté et de créativité, où nous choisissons ce qui va se développer dans l’avenir. Revenir à l’essentiel et à ce qui est durable est une clé de réussite de cette mutation.

Nous allons traverser une crise de conscience majeure en rapport au libéralisme, à nos libertés individuelles et à la gestion des ressources avec le carré décroissant de Saturne à Uranus. C’est le temps d’une réorientation et d’une action mondiale pour l’écologie. Il se peut que la terre et la nature nous donnent quelques coups de pouce.  Nous devrons lâcher prise à d’anciennes idéologies ou croyances devenues caduques (cycle Saturne/Neptune).

Comment cerner notre rayon d’action et avancer dans le temps du chaos créatif ? Comment rester ancré face à la multitude d’information et à sa manipulation ? Comment se définir par rapport à la liberté individuelle et collective ? Comment canaliser le sentiment d’insécurité ? Comment s’intégrer dans la révolution écologique et la réorientation économique ? Comment se saisir de l’opportunité du renouveau et de la réorientation ?

Venez découvrir les enjeux de cette année 2021 pour pouvoir gérer vos décisions de vie en accord avec le rythme du cosmos.



Pour terminer, un poème de Fernando Pessoa qui donne de l'espoir et un chemin pour continuer à vivre en cette période perturbée :

De tout, il resta trois choses :
La certitude que tout était en train de commencer,
la certitude qu’il fallait continuer,
la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé.
Faire de l’interruption, un nouveau chemin,
faire de la chute, un pas de danse,
faire de la peur, un escalier,
du rêve, un pont,
de la recherche…
une rencontre.

Fernando Pessoa

dimanche 1 novembre 2020

Désir suffisant

Pour oublier un peu notre condition de confinés, voici un conte, raconté par Henri Gougaud, une histoire de désir. Désirons-nous suffisamment tout ce qui nous paraît vital ?


Un désir suffisant

On raconte qu'un jeune Indou affamé de vérités rares s'en alla voir un ermite, un jour, dans sa cabane au bord de l'eau.

_ Maître, dit-il, enseignez-moi. 

_ Que veux-tu apprendre, mon fils ?

_ Le sens de la vie, son secret, pourquoi je suis venu au monde, quel est mon destin ici-bas, et quel il sera au-delà, lorsque j'aurai quitté mon corps.

 L'ermite contempla longtemps le garçon assis devant lui à quelques pas du vaste fleuve. Il dit enfin :

_ Veux-tu vraiment ? L'apprentissage est éprouvant.

_ L'ignorance est comme la crasse, il faut savoir s'en nettoyer, et l'on m'a dit grand bien de vous. 

_ Le maître ne peut pas grand chose si le désir de l'apprenti n'est pas aigu et pénétrant comme une lance de guerrier. Attends encore quelques lunes, tu n'ex pas assez aiguisé.

L'autre rougit, s'impatienta.

_ Maître, dit-il, vous vous trompez. S'il vous plait, ne me chassez pas. Mon désir d'apprendre est sincère.

_ Sincère n'est pas suffisant.

_ Que faut-il d'autre, dites-moi ?

Le vieux réfléchit un instant.

_ Viens avec moi au bord de l'eau.

Ils approchèrent du rivage. Tous deux s'agenouillèrent là, puis l'ermite dit au jeune homme :

_ Courbe-toi. Plonge ta figure.

Il obéit. Alors le vieux le prit rudement par la nuque et maintint sa tête sous l'eau. le jeune homme se débattit. A bout de souffle, à bout de forces, il se redressa violemment.

_ Voilà ce que j'appelle un désir suffisant. Quand il sera aussi vital que le besoin d'air de ton corps, reviens me voir, dit le vieil homme. En attendant, vis, mon garçon.


Et pour conclure, une citation qui est, je trouve, d'actualité :

"J'aimerais avoir un message un peu positif à vous transmettre. Je n'en n'ai pas. Est-ce que deux messages négatifs, ça vous irait ?" Woody Allen


dimanche 25 octobre 2020

Le temps passe...




Penser à la vieillesse n'est pas toujours agréable, mais il vient un moment où l'on est bien obligé d'admettre qu'on y est. Ce n'est pas pour cette raison que tout s'arrête, bien au contraire, même si notre société a tendance à cacher les vieux. Voici donc quelques pensées qui m'ont interpellées. Je les ai relevées dans le livre de Laure Adler, "La voyageuse de nuit ".



"Vous vivez comme si vous alliez toujours vivre, jamais votre vulnérabilité ne vous effleure l'esprit,  vous ne remarquerez pas tout le temps qui s'est déjà écoulé; vous le perdez comme si vous pouviez en disposer à volonté  alors que ce jour même dont vous faites cadeau à une personne ou une activité, est peut-être votre dernier jour à vivre. Toutes vos craintes sont des craintes de mortels mais tous vos désirs sont des désirs d'immortels." Sénèque


  Que faire alors pour bien vieillir ? Voici le conseil de Montaigne :

"Il faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et solitude."

Et celui-ci, de Sénèque encore :

"Travaille ton élan et réduis tes bagages...

Même au moment de mourir travaille ton bondissement

Elance-toi dans le rien."

Il est possible alors de voir la beauté du monde :

"C'est seulement en vieillissant que l'on s'aperçoit que la beauté est rare, que l'on comprend le miracle que constitue l'épanouissement d'une fleur au milieu des ruines et des canons, la survie des œuvres littéraires au milieu des journaux et des cotes boursières." Herman Hesse (Eloge de la vieillesse)




Mais vient aussi le moment de s'accepter enfin : 

"Il faut parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l'angoisse au consentement de soi-même. A l'adhésion à la vie. " Charles Juliet 

Une phrase définitive pour interroger le temps qui passe et nous conduit vers la mort, cette grande inconnue :

"L'homme et la mort ne se rencontrent jamais car quand il vit elle n'est pas là, et  quand elle survient, c'est lui qui n'est plus."  Epicure


Nous ne pourrions nous quitter sans quelques vers d'Andrée Chedid dont j'aime particulièrement la relation au temps :

"Mes amis, la peine est de ce monde

La peine est de ce monde,

je le sais bien.

Comment deviner, sur la fragile branche, 

Le nom des saisons à venir ?


La peine est de ce monde

Ô mes amis que j'aime

Mais chaque fleur d'orage

porte la graine de demain."


dimanche 18 octobre 2020

Voir au-delà du visible

 Une jolie histoire, une ode à l'imaginaire qui crée la vie et le bonheur.


En regardant par la fenêtre...

 Deux hommes, tous les deux gravement malades, occupaient la même chambre d'hôpital. L'un d'eux devait s'asseoir dans son lit pendant une heure chaque après-midi afin d'évacuer les sécrétions de ses poumons, son lit était à coté de la seule fenêtre de la chambre. L'autre devait passer ses journées couché sur le dos. Les deux compagnons d'infortune se parlaient pendant des heures. Ils parlaient de leurs épouses et de leurs familles, décrivaient leur maison, leur travail, leur participation dans le service militaire et les endroits ou ils avaient été en vacances. Et chaque après-midi, quand l'homme dans le lit près de la fenêtre pouvait s'asseoir, il passait le temps à décrire à son compagnon de chambre tout ce qu'il voyait dehors. L'homme dans l'autre lit commença à vivre pendant ces périodes d'une heure où son monde était élargi et égayé par toutes les activités et les couleurs du monde extérieur. 

De la chambre, la vue donnait sur un parc avec un beau lac, les canards et les cygnes jouaient sur l'eau tandis que les enfants faisaient voguer leurs bateaux en modèles réduits. Les amoureux marchaient bras dessus, bras dessous, parmi des fleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel, de grands arbres décoraient le paysage et on pouvait apercevoir au loin la ville se dessiner. Pendant que l'homme près de la fenêtre décrivait tous ces détails, l'homme de l'autre coté de la chambre fermait les yeux et imaginait la scène pittoresque. Lors d'un bel après-midi, l'homme près de la fenêtre décrivit une parade qui passait par-là. Bien que l'autre homme n'ait pu entendre l'orchestre, il pouvait le voir avec les yeux de son imagination, tellement son compagnon le dépeignait de façon vivante.



 Les jours et les semaines passèrent. Un matin, à l'heure du bain, l'infirmière trouva le corps sans vie de l'homme près de la fenêtre, mort paisiblement dans son sommeil. Attristée, elle appela les préposés pour qu'ils viennent prendre le corps. Dès qu'il sentit que le moment était approprié, l'autre homme demanda s'il pouvait être déplacé à coté de la fenêtre. L'infirmière, heureuse de lui accorder cette petite faveur, s'assura de son confort, puis elle le laissa seul. Lentement, péniblement, le malade se souleva un peu, en s'appuyant sur un coude pour jeter son premier coup d'œil dehors, tout à la joie de voir par lui-même ce que son ami lui avait décrit. Il s'étira pour se tourner lentement vers la fenêtre près du lit. Or, tout ce qu'il vit, fut un mur ! L'homme demanda à l'infirmière pourquoi son compagnon de chambre décédé lui avait dépeint une toute autre réalité. L'infirmière répondit que l'homme était aveugle et ne pouvait même pas voir le mur. Peut-être a-t-il seulement voulu vous encourager, commenta-t-elle.


 Il y a un bonheur extraordinaire à rendre d'autres personnes heureuses, en dépit de nos propres épreuves. La peine partagée réduit de moitié la douleur, mais le bonheur, une fois partagé, s'en trouve doublé. 

Conte philosophique raconté par Bernard Lamailloux

dimanche 11 octobre 2020

La crise et le temps


 La crise, nous avons une bonne idée de ce que c'est aujourd'hui. Pendant longtemps, on nous a parlé d'une crise économique, qui semblait durer éternellement et que nous ne ressentions pas vraiment comme une crise, avec un côté brusque et violent.

Une autre est arrivée, sanitaire, et nous avons vraiment compris ce que c'était, la crise. Chacun de nous en a connu aussi, dans sa vie et l'on dit souvent que les crises nous enseignent plus qu'elles ne nous affaiblissent.

Voici ce qu'en dit Albert Einstein :

«Ne prétendons pas que les choses vont changer si nous continuons à faire la même chose. La crise est la plus grande bénédiction qui puisse arriver aux gens et aux pays parce que la crise apporte des progrès. La créativité naît de l'angoisse comme le jour vient de la nuit noire. C'est dans la crise que l'invention est née, les découvertes et les grandes stratégies.

Qui surmonte la crise, se surmonte, sans être surmonté. Celui qui attribue à la crise ses propres échecs, néglige son propre talent et est plus respectueux des problèmes que des solutions.

La vraie crise est la crise de l'incompétence. Le problème des personnes et des pays sont la paresse pour trouver les sorties et les solutions. Sans crise il n'y a pas de défi, sans défis la vie est une routine, une lente agonie. Sans crise il n'y a pas de mérite. C'est dans la crise où chacun doit donner le meilleur de soi-même, parce que sans crise tout vent est caresse."

Albert Einstein



Derrière la crise et son incertitude se cache l'idée du temps. Que nous réserve l'avenir ?

"Notre imagination déploie sans cesse devant nous l’image toujours renouvelée de ce qui va pouvoir arriver, de ce qui est possible. Nous ne pouvons penser à nous sans un instant suivant, mais nous ne pouvons savoir ce que sera cet instant. Ainsi, nous ne pouvons connaître ce qui nous intéresse le plus au monde, ce qui se passera demain".
François Jacob. Le jeu des possibles.

Alors, puisque nous ne savons rien de l'instant suivant, nous pouvons quand-même sentir que la vie est en devenir et que le temps est l'espace de ce devenir :

"Sans devenir, il n'y aurait pas de vie ; la vie n'est vie qu'en devenant. Dès lors, nous comprenons l'importance du temps. C'est dans le temps que cela se déroule. Or le temps, c'est précisément l'existence de la mort qui nous l'a conféré !"
François Cheng (Cinq méditations sur la mort. Autrement dit sur la vie) 

Terminons avec ce poème de Rainer Maria Rilke, qui nous ouvre sur la compréhension de la vie :

OUVERTURE

Qui que tu sois, le soir sors,
sors de ta chambre où tout est connu ;
ta maison, c’est la dernière avant l’étendue,
qui que tu sois.
Avec tes yeux qui fatigués peinent
à se délivrer de l’usure du seuil,
tu lèves un arbre noir, lentement, à peine,
et le plantes devant le ciel : svelte, seul.
Et tu as fait le monde. Et il est grand,
pareil à un mot qui mûrit encore dans le silence.
Et comme ta volonté comprend son sens,
tes yeux de lui se détachent tendrement…

Rainer Maria Rilke (Le livre des images)





dimanche 4 octobre 2020

Un coin de campagne

 En entendant les parisiens se plaindre et rêver de campagne, j'ai repensé à ce joli poème qui nous entraîne dans un doux rêve plein de bonheur tranquille. N'est-ce pas notre refuge actuel quand le monde devient trop chaotique à nos yeux ? J'espère que tous ceux qui vivent loin de la ville mesurent pleinement leur chance aujourd'hui.




Il lui disait : Vois-tu..


Il lui disait : « Vois-tu, si tous deux nous pouvions,
L’âme pleine de foi, le cœur plein de rayons,
Ivres de douce extase et de mélancolie,
Rompre les mille nœuds dont la ville nous lie ;
Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou,
Nous fuirions ; nous irions quelque part, n’importe où,
Chercher loin des vains bruits, loin des haines jalouses,
Un coin où nous aurions des arbres, des pelouses ;
Une maison petite avec des fleurs, un peu
De solitude, un peu de silence, un ciel bleu,
La chanson d’un oiseau qui sur le toit se pose,
De l’ombre ; — et quel besoin avons-nous d’autre chose ? »

Victor Hugo (Les contemplations)


Quant à moi, je trouve ces images très vivifiantes et bien éloignées de l'animosité qui nous anime souvent en ce moment ! Un peu d'air pur, voilà ce que je voulais partager avec vous !

dimanche 27 septembre 2020

Adaptation

 Nous avons plus que jamais en ce moment le besoin (ou le devoir ?) de nous adapter à chaque instant.

Nous avons prévu mardi prochain de vous présenter un hommage à André Barbault, le grand astrologue disparu en 2019. Je ne sais pas encore si cette soirée va être maintenue à l'heure où j'écris. Nous avions déjà prévu cet hommage au printemps, mais nous n'avons pas pu le faire puisque nous étions confinés.

Voici en attendant quelques éléments que j'ai réunis à son sujet, en attendant de nous retrouver pour l'évoquer.


André Barbault a, entre autres travaux, profondément modifié l'approche de l'astrologie mondiale.

Auparavant, les astrologues s'intéressaient aux transits des planètes dans le ciel. Il s'est aperçu, en observant les faits et événements des années et siècles passés, que des événements avaient des résonnances des années plus tard. Ces événements intervenaient à des moments particuliers du cycle des planètes entre elles. Il en a conclu que c'est la notion de cycle que l'on doit étudier en astrologie mondiale. Les cycles étudiés sont ceux que forment les planètes lentes entre elles : Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton.



C'est extrêmement intéressant de reprendre les événements des cycles précédents pour comprendre ce qui peut se passer dans le cycle actuel des planètes.

C'est ce que Sylvie Lafuente Sampietro fait, entre autres,  lors de sa conférence d'astrologie mondiale.

J'ai trouvé ce texte qui faisait partie des hommages qui ont été rendus à André Barbault depuis sa mort :

"André Barbault a rénové et redonné ses lettres de noblesse à l’astrologie mondiale. Mais il a aussi réalisé cette rénovation dans de nombreux autres domaines. À partir de 1950, avec la publication d’Analogies de la dialectique Uranus-Neptune, il renouvelle l’approche de la symbolique des planètes. Dans Défense et Illustration de l’Astrologie en 1955 il entend rénover aussi bien l’astrologie individuelle que l’astrologie mondiale. En 1961, il réalise la rénovation de la première avec la publication de son Traité Pratique d’Astrologie et en 1967, celle de la seconde avec son livre Les Astres et l’Histoire." Hommage de l'association Agape

Et pour continuer avec l'astrologie, voici une phrase de Dane Rudhyar, un autre très grand astrologue, qui fait écho aux recherches d'André Barbault :

"L'astrologie trouve toute sa dimension dans le fait qu'elle transforme le profane en sacré, les données de l'astronomie en la révélation d'un ordre cosmique présent tant dans la cellule et la personne humaine que dans le système solaire et la galaxie. Tenter de faire de cette discipline une "science" fondée sur des données empiriques et statistiques revient à nier sa nature profonde et immémoriale." Dane Rudhyar

Dane Rudhyar

Finalement, cette soirée hommage n'aura pas lieu mardi. Nous verrons comment évoquer malgré tout le souvenir du grand astrologue.

dimanche 20 septembre 2020

Les moines et les voleurs

 


J'ai terminé le livre d'Emmanuel Carrère : sa prose se lit très bien et même si ce n'est pas un roman, on est pris par la lecture de ses aventures . Il parle beaucoup de lui, de ses expériences, je ne vais pas en reparler ici. J'ai trouvé au hasard des pages cette histoire qu'il raconte et qu'il dit beaucoup aimer. Moi aussi, je vous l'ai recopiée :

"C'est un voleur qui a entendu parler du trésor que les moines gardent dans une pièce cachée de leur monastère. Espérant faire main basse sur ce trésor, il entre comme homme de peine au monastère. 

Pendant dix ans, il balaie la cour, ramasse les ordures, accomplit les tâches les plus humbles, tout en furetant dans le monastère, en prêtant l'oreille aux conversations des moines, en cherchant où pourrait bien se trouver la pièce au trésor.


Au bout de dix ans, il a mis tant de zèle au service de sa cupidité que le père abbé lui propose le noviciat. Il reste novice encore dix ans, toujours furetant, épiant, se tenant aux aguets, de plus en plus obsédé par le trésor. Dix ans encore, et il prend les ordres, et il dit ses prières, jour après jour, en espérant trouver le trésor et se barrer avec. C'est ainsi qu'il devient un grand saint, et c'est seulement à la fin de sa vie, sur son lit de mort, qu'il comprend que le trésor c'était cela : sa vie au monastère, ses prières, son entente avec les autres frères, et que s'il y a accédé, c'est parce qu'il était un voleur."

Une belle leçon ! 


Et en voici une autre, qui n'est pas dans le livre d'Emmanuel Carrère. On y retrouve les mêmes personnages dans un temple japonais mais le moine par sa grande sagesse va réussir à ébranler le voleur : 

"En ce temps-là, vivait aux environs de Heian-Kyo, dans un temple perdu dans la forêt, un moine connu pour sa grande sagesse, nommé Shichiri Kojun. Ce soir-là, le saint homme était seul. Il récitait des sûtras au pied d’une statue du bouddha. Soudain, la porte du temple s’ouvre à la volée. Un homme d’aspect effrayant, grossièrement vêtu, fait irruption dans la salle de prière. II met sur la gorge de Shichiri sa longue épée effilée : « Moine, donne-moi l’argent des offrandes ou je te coupe la tête et la fais rouler au pied des autels. »

Shichiri était installé en Siddhasana (la posture de méditation), le dos droit, les genoux repliés, il garda la position et pas un muscle de son visage ne tressaillit : « Prends l’argent qui est dans le vase des offrandes, ne me dérange pas dans mes prières. »

Et il reprit la récitation des sûtras.

Le voleur se dirigea vers l’endroit indiqué et commença à remplir ses poches. Dans sa hâte, il faisait tinter les pièces, et parfois un juron lui échappait quand l’une d’elles roulait sur le sol. Il fallait reconnaître qu’il était embarrassé par sa grande épée.

Au bout d’un moment, sans tourner la tête, le moine déclara: « Ne prends pas tout l’argent, je dois payer l’impôt du temple demain matin. »

Le voleur, impressionné par la fermeté de la voix et le sang-froid imperturbable du moine, laissa en maugréant un peu d’argent au fond du vase des offrandes. II s’en allait avec son butin lorsque le moine dit encore : « Quand on reçoit un présent, on doit remercier, fais-le ! »

Le voleur subjugué marmonna un vague merci et disparut.

Un an plus tard, le voleur fut arrêté. II avoua, entre autres méfaits, le vol commis au temple, crime qui était puni de mort. Confronté au moine, il l’entendit avec stupeur déclarer : « Moi, Shichiri, je déclare que cet homme n’a pas profané le temple, je lui ai donné une grande partie de l’argent des offrandes, et il m’a remercié, tout est en ordre. » Le voleur fut condamné à cinq ans de prison seulement.

Quand il fut libre, il vint trouver Shichiri dans le temple perdu dans la forêt et il devint son disciple. Dans les années qui suivirent, les visiteurs et les pèlerins admirèrent sa profonde piété. Ainsi a-t-il été rapporté des histoires du passé.



dimanche 13 septembre 2020

Méditer sans se prendre la tête

Dans le nouveau livre d'Emmanuel Carrère, dans lequel je me suis lancée, j'en suis à la moitié, il parle beaucoup de méditation, yoga et taï-chi. C'est le début du livre. Par la suite, il nous raconte sa dépression et sans doute bien d'autres choses mais je n'en suis pas encore là.


Il essaie de nous donner une définition de la méditation ( en fait, il en donne au moins une dizaine dans le livre). J'aime beaucoup celle-ci parce qu'elle parle de ce que nous avons tous vécu en débutant la méditation et sans doute par la suite, pour ceux d'entre nous qui continuent dans cette voie.

La voici donc, dans le style simple et fluide d'Emmanuel Carrère, que j'aimerais tant pouvoir trouver pour mon écriture :

" La méditation, c'est tout ce qui se passe en soi pendant le temps où on est assis, immobile, silencieux. L'ennui c'est la méditation. Les douleurs au dos, aux genoux, à la nuque, c'est la méditation. Le gargouillis dans le ventre, c'est la méditation. L'impression de faire un truc de spiritualité bidon, c'est la méditation. Le coup de téléphone qu'on prépare mentalement et l'envie de se lever pour le passer, c'est la méditation. La résistance à cette envie, c'est la méditation _ mais pas y céder, quand-même. C'est tout. Rien de plus. Tout ce qui est en plus est en trop. si on fait cela régulièrement dix minutes, vingt minutes, une demi-heure par jour, alors ce qui se passe pendant ce temps où on reste assis, immobile et silencieux, change. La posture change. La respiration change. Les pensées changent. Tout cela change parce que tout change, de toute façon, mais tout cela change aussi parce qu'on l'observe. On en fait rien en méditation, on ne doit surtout rien faire, sauf observer. On observe l'apparition des pensées, des émotions, des sensations dans le champ de la conscience. On observe leur disparition. On observe leurs pilotis, leurs points d'appui, leurs lignes de fuite. On observe leur passage. On n'y adhère pas, on ne les repousse pas. On suit le courant sans se laisser emporter. A force de faire ça, c'est la vie même qui change. On ne s'en rend pas compte d'abord. On a la vague impression d'être au bord de quelque chose. Petit à petit ça se précise. On se décolle un peu, un tout petit peu, de ce qu'on appelle soi. Un tout petit peu, c'est déjà beaucoup. C'est déjà énorme. Ça vaut la peine. C'est un voyage. Au début de ce voyage, dit un poème zen, la montagne au loin a l'air d'être une montagne. Au fil du voyage, la montagne ne cesse de changer d'aspect. On ne la reconnait plus, c'est toute une fantasmagorie qui remplace la montagne, on ne sait plus du tout vers quoi on s'achemine. A la fin du voyage, c'est de nouveau la montagne, mais ça n'a rien à voir avec ce qu'on apercevait de loin  il y a longtemps, quand on s'est mis en route. C'est vraiment la montagne. On la voit enfin. On est arrivé. On y est.

On y est."

Emmanuel Carrère (Yoga)



Toutes ses définitions sont intéressantes, il nous les livre au fur et à mesure des expériences vécues dans le livre. Ce que j'aime, ce sont les doutes exprimés sur toutes ces disciplines de développement personnel. Ils sont tellement vivifiants !