Deux poèmes qui nous parlent du pouvoir de la musique. Avec Baudelaire, elle suit les états d'âme, avec Rumî, elle parle de la douleur de la séparation. Elle est le langage de l'âme et nous guide vers nos plus profondes émotions.
La musique
La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !
Charles Baudelaire
La flûte de roseau
"Ecoute la flûte de roseau, écoute sa plainte,
Des séparations elle dit la complainte :
Depuis que de la roselière on m'a coupée,
En écoutant mes cris hommes et femmes ont pleuré.
Pour dire la douleur du désir sans fin,
Il me faut des poitrines lacérées de chagrin.
Ceux qui restent éloignés de leur origine
attendent ardemment d'être enfin réunis.
Moi j'ai chanté ma plainte auprès de tous,
unie aux gens heureux ou malheureux, à tous.
Chacun, à son idée a cru être mon ami,
mais personne n'a cherché le secret de mon âme.
Mon secret pourtant n'est pas loin de ma plainte,
Mais l’œil ne voit pas et l'oreille est éteinte.
Le corps n'est pas caché à l'âme ni l'âme au corps,
ce sont les yeux de l'âme seuls qui pourraient le voir.
Le chant de cette flûte c'est du feu non du vent,
Quiconque n'a pas ce feu qu'il devienne néant.
C'est le feu de l'amour qui en elle est tombé
Et si le vin bouillonne c'est d'amour qu'il le fait
La flûte est la compagne des esseulés d'amour
et nos voiles par ses notes ont connu la déchirure."
Rumî
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