Un très beau poème d'amour de Pierre Emmanuel, poète du XXe siècle :
Tu la prendrais pour une mendiante, n'étaient ses mains qui te tendent l'aurore.
Tu la prendrais pour une passante, sans ce regard qui sait tout de toi.
Tu la prendrais pour une étrangère, n'était le sourire familier retenu.
Comme un halo de connivence, une buée de souffle réchauffant
Les lointains du monde inconnu qui n'attendaient que la double haleine
Pour devenir l'orée du matin, la lisière proche, le ciel,
Cette clairière au milieu de tout, cet espace intérieur où toute chose
Partage la certitude commune, persévère en commune identité.
Ne romps pas cet enchantement banal ! ne dis pas :
Je suis autre. Ne cherche
Nul bonheur qui soit hors d'ici, nulle âme moins habituelle
Que cette âme une fois pour toutes à toi donnée avec le matin.
Des voix t'appellent dans la profondeur et la hauteur,
Derrière l'horizon et près de la route
Je suis ton âme ! te crient les échos. Ne sois pas vain de ta diversité.
Une âme ainsi multipliée, c'est le duvet du chardon dans la brise.
Ton âme n'a point tant de paroles. Elle ne dit rien : elle attend.
Assieds-toi près d'elle, prends sa main. Ne dis rien. Ne dis rien encore."
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