dimanche 18 juin 2017

Karma

Nous parlons souvent du karma mais souvent sans savoir ce qui se cache vraiment derrière ce mot. 
Le texte que voici, écrit par Matthieu Ricard éclaire cette notion et la loi de causalité enseignée par les bouddhistes.




"Quand nous lançons un caillou en l'air, nous ne  devons pas nous étonner qu'il nous retombe sur la tête. De même, lorsqu'on a commis un acte, quel qu'il soit, on ne peut que s'attendre à ce que, tôt ou tard, il produise un effet. Si l'on souhaite s'affranchir de la souffrance, il est donc logique qu'il faille accomplir certains actes, et en éviter d'autres. La loi de causalité des actes est le fondement même des enseignements du Bouddha, lui qui déclara :

Éviter le moindre acte nuisible
Accomplir parfaitement le bien
Et maîtriser son esprit
Voilà l'enseignement du Bouddha.

Tous les phénomènes résultent du concours d'une infinité de causes et de conditions en perpétuel changement. Comme l'arc-en-ciel qui surgit quand le soleil brille sur un rideau de pluie et s'évanouit dès lors que disparait l'un des facteurs contribuant à sa formation, les phénomènes ne surviennent que par interdépendance et sont donc dénués d'existence autonome et permanente.
Si les phénomènes se conditionnent mutuellement en un vaste processus dynamique et créateur, rien ne surgit, en revanche, de façon arbitraire, et la loi de causalité opère inéluctablement.
Le karma, qui désigne à la fois les actes et leurs effets, est un aspect particulier de cette loi de causalité. C'est lui qui détermine notre lot de bonheurs et de souffrances. Autrement dit, nous subissons les conséquences de nos comportements passés, de même que nous sommes les architectes de nos vies futures.
Dans cette optique, notre destinée ne dépend donc pas d'une puissance extérieure, une volonté divine par exemple. Elle est le fruit de nos actes. On ne récolte que ce que l'on a semé, et rien ni personne ne contraint un individu à renaître de telle ou telle façon, si ce n'est le pouvoir de ses actes.
Par "actes", on n'entend pas seulement les comportements physiques, mais également les paroles  et les pensées qui, elles aussi, peuvent être bénéfiques,neutres ou nuisibles.Bien et mal ne sont pas des valeurs absolues. Une conduite est considérée comme "bonne " ou "mauvaise" en fonction de l'intention, altruiste ou malveillante, qui la sous-tend, ainsi que de ses conséquences : le bonheur ou le malheur pour soi ou pour autrui. A chaque instant de notre vie, nous récoltons les conséquences de notre passé et façonnons notre futur par des pensées, des paroles et des actes nouveaux. Ces derniers sont comme des graines qui, une fois semées, produisent le fruit bénéfique ou nuisible qui leur correspond.



Vues sous cet angle, les souffrances dont nous ne sommes apparemment pas responsables _ le mal que nous font les autres, _ ne sont dues ni à une volonté divine ni à une fatalité inéluctable, pas davantage qu'à un pur hasard. Ce sont des flèches que nous aurions tirées un jour en l'air, puis oubliées, et qui reviendraient sur nous. Cette vision des choses peut paraître déconcertante à un Occidental, surtout si on l'applique à un être innocent qui souffre, ou à un homme foncièrement bon dont la vie n'est qu'une perpétuelle tragédie. Il faut comprendre que selon le bouddhisme, chaque être est le résultat d'un ensemble complexe de causes et de conditions, de bonnes et de mauvaises graines semées dans le passé, et c'est cette combinaison de facteurs multiples qui se manifeste, graduellement et chacune en son temps, au cours de nos vies. Le fait d'en prendre conscience permet d'adopter une attitude plus responsable. Elle nous évite, par exemple, de blâmer les autres pour ce qui nous arrive de déplaisant.
Ne pas se révolter contre ce qui nous échoit par la nature des choses ne signifie pas être fataliste. Nous avons toujours la possibilité de tirer le meilleur parti d'une situation défavorable, quelle qu'elle soit. A nous de décider ce que nous devons faire ou ne pas faire pour construire notre bonheur futur et ne plus engendrer des causes de souffrance.
Comprenant que les actes nuisibles conduisent à tous les maux qui nous affligent,_ nous-mêmes et autrui_, et que les actes bénéfiques engendrent le bonheur, libre à nous d'agir avec discernement. Comme on dit : "Tant que l'on garde sa main dans le feu, il est vain  d'espérer échapper à la brûlure." Pour conclure, nous ne récoltons ni "récompense" ni "punition" : ce qui nous arrive obéit simplement à la loi de la causalité."
Matthieu Ricard dans Chemins spirituels - Petite anthologie des plus beaux textes tibétains


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