Nous étions une vingtaine pour visiter l'horloge solaire du lycée Stendhal, visite dont je vous ai déjà parlé mais que nous avons faite cette fois avec notre guide, Vincent, qui nous avait déjà bien éclairées lors de notre précédente visite et avec Sylvie Lafuente Sampietro qui, grâce à ses connaissances d'astrologie et d'astronomie pouvait nous aider à mieux comprendre tout l'intérêt de cette horloge.
Le pilier marquant le milieu du jour et de l'année
Ce que nous essayons de comprendre sur le ciel lorsque nous établissons un thème natal est en fait dessiné, ici, sur les murs de cet escalier et cette séance d'application concrète fut vraiment passionnante.
D'autant que le soleil était présent et que la lecture des données de l'horloge pouvait donc se faire en direct !
Dans l'escalier d'honneur de l'ancien collège de jésuites (collège Stendhal aujourd'hui), une horloge solaire très complète est représentée, la dernière de son genre au monde. Horloge à réflexion, puisque reflétant la position du soleil à travers deux miroirs, et dont les peintures sont bien conservées, en partie grâce à quelques restaurations. Travail fantastique du père jésuite Bonfa réalisé entre 1670 et 1673 à l'époque où l'astrologie est encore (mais pas pour longtemps) partie intégrante de l'astronomie.
Je ne détaillerai pas toute la richesse de ce site, je veux simplement donner quelques indications sur ce cours en images que nous avons suivi.
L'horloge est créée à partir des observations locales, donc à Grenoble, avec les positions de la course de la terre par rapport au soleil à cet endroit-là.
Le trajet du soleil reflété sur les murs durant la journée suit une ligne qui tourne autour de la cage d'escalier. L'avancement de cette ligne nous indique l'heure du soleil (à rectifier pour retrouver l'heure de nos montres avec le décalage saisonnier, la latitude, la différence d'équation du temps). En même temps, sur cette ligne, le soleil passe aussi dans les différentes maisons astrologiques (maisons solaires) en commençant au lever du soleil par la maison I (l'ascendant) puis en continuant à traverser les maisons tout au long de la journée.
Les heures passées depuis le lever du soleil ou depuis son dernier coucher sont également indiquées.
L'horloge montre également la course du soleil tout au long de l'année : à partir de sa position aux solstices et aux équinoxes, on peut déduire son chemin dans le ciel pour l'ensemble de l'année. Dans notre escalier, la ligne suivie par le soleil au cours de l'année sera plus ou moins haute selon les saisons : plus haute en été, la ligne descendra petit à petit le long du mur jusqu'en décembre pour remonter ensuite.
Les jours et les mois peuvent ainsi être suivis mais aussi les signes du zodiaque, chacun étant représenté sur une portion du mur, comme les mois calendaires. Ici aussi, on descend en allant vers les signes d'hiver, on remonte vers les signes d'été.
Représentation des signes du Poissons, Bélier et Taureau
Mais la nuit, le soleil ne peut être observé !
Peu importe, on peut, grâce à deux calendriers, l'un lunaire, l'autre soli-lunaire, savoir quel jour du cycle de la lune nous sommes aujourd'hui, et quelle est l'heure du soleil par rapport à la lune ou l'inverse.
On peut donc se repérer, même la nuit !
Et dans l'espace ?
Tout est prévu : un tableau donne l'heure dans différents points du monde où les jésuites avaient des missions. On peut ainsi calculer des thèmes pour des endroits très éloignés de Grenoble. Les données concernant les lieux ont été presque toutes effacées, il faudrait se pencher sur l'histoire des jésuites et leurs lieux d'implantation pour retrouver tous ces décalages horaires. Mais nous savons que l'information était disponible au XVII e siècle sur les murs.
Photographie réalisée par Esméralda durant la visite
En conclusion, un vrai cours pratique, une mise en application des données du ciel observables, et des calculs qui nous impressionnent aujourd'hui, par leur complexité et leur représentation en image.
Ne laissons pas cette œuvre disparaître, parlons-en dès que nous en avons l'occasion, c'est une des richesses des Grenoblois !