dimanche 28 décembre 2014

Exigence de la beauté

Pour la fin d'année, je vous invite à partager le très beau texte de François Cheng : Cinq méditations sur la beauté.
Juste un petit extrait, juste une ouverture vers le monde merveilleux de la beauté, dont nous avons la nécessité de (re)trouver le chemin !




"La beauté, en tant que valeur absolue, n'est nullement un astre inaccessible suspendue dans un ciel idéal. Elle est à la portée de l'humain, mais se situe bien au-delà d'un quelconque état de délectation et de "bons sentiments." Elle comporte la prise en charge de la douleur du monde, l'extrême exigence de dignité, de compassion et de sens de la justice, ainsi que la totale ouverture à la résonance universelle. Cette exigence et cette ouverture impliquent, de la part de celui qui cherche, un effort à creuser en lui sa capacité à la réceptivité et à l'accueil, au point de devenir "le ravin du monde", de se laisser brûler par une intense lumière. Cette lumière est seule apte à faire tomber les oripeaux qui lui encombrent corps et esprit; elle est la condition nécessaire à l'advenir d'une authentique ouverture."




"Toute beauté est singulière; elle dépend aussi des circonstances, des moments, des lumières. Sa manifestation, pour ne pas dire son "surgissement", est toujours inattendue et inespérée. Une figure de beauté, même de celle à laquelle nous sommes habitués, doit se présenter à nous chaque fois comme à neuf, comme un avènement.
C'est pour cette raison que , toujours, la beauté nous bouleverse. Il est des beautés pleines d'une lumineuse douceur qui, soudain, par-dessus ténèbres et souffrance, nous remuent les entrailles; d'autres encore, pures fulgurances, subjuguent, foudroient..."



dimanche 21 décembre 2014

Bientôt Noël !

Solstice d'hiver : jour le plus court de l'année. Un temps pour se retrouver en famille, avec ceux que nous aimons. C'est le moment de raconter des histoires...
En voici justement une, proposée par Henri Gougaud.

Ce n'est pas tout à fait un conte de Noël, mais il y est question de cadeaux, et d'amour. Comme pour Noël !




L'anniversaire

Ces deux-là n'avaient pas toujours de quoi faire bouillir la soupe. Ils n'étaient riches que d'amour. Lui n'avait pour toute fortune qu'une antique montre en argent offerte autrefois par son père. Sa femme n'avait que sa grâce, courbes sveltes, cheveux de lune, rire clair, regard de feu doux. Les gens disaient : "Quels beaux époux !" Qui plus est, tous deux étaient nés ( le hasard est un dieu folâtre) la même année, à la même heure, le même matin de juillet. Premier été de leur mariage. Voilà que s'annonce le jour des anniversaires jumeaux.

Il veut lui faire un beau, un inoubliable cadeau. Elle a envie de lui offrir elle ne sait quoi, quelque chose dont il soit fier et qu'il n'ose pas espérer. Lui sait ce qu'il voudrait pour elle : le peigne incrusté de rubis qu'il a vu à la devanture du bijoutier de son quartier. Il lui plairait, il en est sûr. Seul problème, il est hors de prix. Comment faire ? Une idée lui vient. La belle montre de son père. Elle est ouvragée à l'ancienne. "Les collectionneurs, se dit-il, recherchent ces sortes d'objets." Il y tient, c'est sûr, mais qu'importe. Pour voir s'illuminer les yeux de son épouse bien-aimée, il n'est pas de regret qui tienne. il vend sa montre au joaillier, désigne le peigne précieux.
- Faites-moi un paquet cadeau.
Merci, bonsoir. Il est content.




Sa femme, ce même-jour-là (elle revient d'un maigre marché), s'arrête devant la vitrine de la même bijouterie. Et que voit-elle ? Elle s'extasie. Une chaîne de montre en or d'une élégance de grand monde. Elle se dit, le cœur remué : "Voilà ce qu'il faut à mon homme." Elle entre. Elle demande le prix. Beaucoup trop cher. Elle réfléchit. Elle sourit enfin :
- Je l'achète. Je viendrai la chercher sans faute à la fin de l'après-midi.
Elle court à quelques rues de là, chez le perruquier des princesses, dénoue ses lourds et longs cheveux. Le maître, en connaisseur, les palpe, les caresse. Il murmure : 
- Quelle beauté !
- Ils sont à vendre, lui dit-elle.
Elle se fait tondre. Il paie bon prix.

Le lendemain, dîner de fête, gâteau, bougies, fleurs et cadeaux. Une chaîne, mais rien au bout, un peigne sans rien à coiffer, à retenir, à ordonner. Chacun avait donné pour l'autre ce qu'il avait de plus précieux. Ils s'étreignent. Ils s'émerveillent.
- C'est l'amour vrai, se disent-ils.
Ce fut un bel anniversaire. ils ne l'oublièrent jamais.




Joyeux Noël à celles et ceux qui le fêtent, bonne fin d'année à vous tous et à très bientôt.

dimanche 14 décembre 2014

Science et poésie, réflexion et intuition



Je suis avec grand intérêt l'émission de Jean-Claude Amaisen, Sur les épaules de Darwin, je crois l'avoir déjà dit.
Il sait allier à une grande curiosité pour la connaissance et la science un émerveillement pour la poésie et ce qu'elle nous dit du monde, et je crois que je suis faite aussi de ces deux pôles.
L'écoute de ses émissions me rend vraiment heureuse de toutes ces découvertes que je fais avec lui.
Ecoutons-le donc nous parler de ce qui l'intéresse dans son travail :


"Allier l’émotion à la raison. Les arts aux sciences. L’intuition et les rêves à la réflexion. La réflexion à l’action, … Je suis persuadé que c’est en croisant les approches, les perspectives, les cultures, les grilles de lecture du monde que nous enrichissons au mieux notre humanité. Aucune grille de lecture, qu’elle soit scientifique, artistique, philosophique, spirituelle, ne peut, à elle seule, épuiser la richesse de ce que nous appelons la réalité. Chacune, à condition de ne pas empiéter sur les autres, et de ne pas devenir totalitaire, peut contribuer nous faire découvrir notre commune humanité. La science nous aide à mieux comprendre le monde, mais il serait dangereux qu’elle prenne seule les grandes décisions concernant l’humanité. En particulier pour la raison suivante : les mutations à venir sont imprévisibles.
J’aime cette phrase du biologiste et prix Nobel François Jacob : « On mesure l’importance d’une découverte au degré de surprise qu’elle cause. » Si une découverte ne bouleverse pas, c’est qu’on l’attendait déjà plus ou moins et qu’il ne s’agit donc pas d’une nouveauté radicale. Même chose en art : la vraie innovation jaillit de l’inconnu. Son irruption ne pouvait être planifiée par personne et elle transcende même l’artiste qui en a été le porteur." 




"Aussi loin que je remonte dans ma mémoire, il me semble que le monde m’a émerveillé, même dans ses dimensions apparemment les plus banales. Cet émerveillement s’est accru dès que j’ai su lire. Que de petits signes noirs sur du papier, tracés par des auteurs lointains, ou anciens, parfois disparus depuis des siècles ou des millénaires, puissent contenir ce que, par ailleurs, je découvrais dans la vie, avait quelque chose de merveilleux, et de profondément mystérieux. Une forme de conversation silencieuse, à travers l’espace et le temps, avec des hommes et des femmes qui n’avaient cessé de s’émerveiller. J’aime cette phrase du généticien anglais John Haldane « La réalité n’est pas simplement plus étrange que nous ne le pensons, elle est plus étrange que nous ne pouvons l’imaginer. »



S' émerveiller de la beauté du monde, tenter de comprendre et se sentir vivant de toutes ces découvertes, voilà ce que je partage avec des hommes comme Jean-Claude Ameisen.

"Qu'est-ce que le bonheur ? Un émerveillement qui se dit à lui-même adieu." Pascal Quignard



dimanche 7 décembre 2014

L'année 2015



Nous avons vécu une soirée riche, dense et reçu beaucoup d'informations vendredi soir. La conférence d'astrologie mondiale nous a ouvert des perspectives sur 2015, sur les enjeux qui attendent le monde et sur ce que nous pouvons faire, à notre niveau.

Le titre de la conférence nous demandait d'agir en toute lucidité. Il s'agit à chaque fois pour Sylvie Lafuente Sampietro de développer le thème de l'année en faisant des ponts entre le collectif et l'individuel. L'enjeu : saisir le sens des défis qui nous attendent. En étant clairs avec ce que nous pouvons réellement faire, nous aurons plus de recul et de tranquillité.




Cette année, nous avons passé en revue 4 cycles importants. Ces cycles sont ceux que les planètes forment entre elles dans le ciel et que l'on peut mettre en correspondance avec ce que nous vivons sur la terre. Chaque partie du cycle a ses enjeux : lorsque les planètes se rencontrent, et ensuite au fur et à mesure de leur avancement, lorsqu'elles font des angles remarquables entre elles, jusqu'à un retour à la rencontre qui initie un nouveau cycle.


Chaque cycle est porteur de nombreux défis pour l'humanité et donc pour chacun d'entre nous.
Par exemple, le cycle Pluton/Uranus démarré en 1965/66  pour lequel nous sommes dans une phase de crise  d'action est porteur de la révolution informatique, de la gestion alimentaire, de l'agriculture, de l'écologie, du contrôle des naissances, du statut de la femme et il concerne beaucoup la Chine ( le cycle a démarré avec la révolution culturelle).




Après avoir étudié chacun des quatre cycles, la synthèse nous a permis de faire un point sur le principal enjeu en 2015 pour chaque cycle :

Avec le carré croissant Uranus/Pluton, nous assistons à l'émergence d'un nouveau monde, en train de prendre forme. Ce moment n'est pas facile mais il faut insister sur toutes les avancées positives que ce cycle permettra.
Avec Neptune /Saturne, une crise de conscience humaniste se profile pour la fin de l'année (les idéaux du XIXe siècle se sont effondrés et il faut reconstruire).
Avec Uranus/Saturne en sesqui-carré, la folie du libéralisme à outrance peut conduire à de nouvelles crises financières.
Et le carré de Saturne à Jupiter conduit à une crise de conscience sur la gestion des projets de développement, tant pour la France, que l'Europe et beaucoup de pays.



Beaucoup de défis nous attendent mais je crois que le message est bien passé : nous ne sommes pas sortis de la conférence gonflés d'un optimisme béat, mais nous avons pu mesurer à quel point le fait d'être lucides sur la situation nous permet d'envisager bien des domaines où il est possible de croire à un avenir passionnant.
Et je retiens le message de Marc Halevy : " Prenez le ruisseau qui coule le plus près de vous."



lundi 1 décembre 2014

Conférence d'astrologie mondiale le 5 décembre

N'oubliez pas, vendredi soir, la conférence d'astrologie mondiale :



Etonnement et émerveillement



Etonnement, émerveillement, curiosité : ce sont les moteurs de ma vie, me semble-t-il.

C'est ce qui m'a amenée à m'intéresser à  bien des sujets et c'est ce que j'essaie de partager un peu dans ce blog.
"A l'origine comme aujourd'hui, c'est l'étonnement et l'admiration qui conduisent les hommes à la philosophie." disait Aristote




Aristote que l'on redécouvre a dit bien des choses passionnantes sur ce sujet.
Par exemple :
"C'est par l'étonnement que les hommes, maintenant comme au début, commencèrent à philosopher, s'étonnant d'abord des plus banales parmi les choses embarrassantes, avançant ensuite peu à peu dans cette voie pour s'interroger sur des choses plus importantes."

"Or, celui qui s'interroge et qui s'étonne estime qu'il ignore (c'est pourquoi aussi l'amateur de mythes est d'une certaine façon philosophe, car le mythe est composé en soi de choses étonnantes); de sorte que, si c'est pour échapper à l'ignorance que les hommes ont philosophé, il est clair que c'est pour savoir qu'ils poursuivaient la science, et non en vue de quelque utilité."




Oui, l'étonnement peut être désintéressé et comment ne pas s'émerveiller devant notre univers, du plus petit grain de matière à la plus grande galaxie. Tout n'y est que mystère et beauté.
C'est cet étonnement qui m'a conduit aussi vers l'astrologie et vers les mythes dont parle Aristote, étonnants et tellement pleins de sens !

La conclusion est pour Einstein : 
"Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise est pour ainsi dire mort; ses yeux sont éteints."




Des photos de feuilles de gingko biloba illustrent cet article : c'est un arbre très ancien et qui peut vivre plusieurs milliers d'années. On le trouve beaucoup en Asie d'où il est originaire mais aussi par chez nous. Il a en automne un feuillage doré magnifique qui l'a fait baptiser : l'arbre aux quarante écus. 

mercredi 26 novembre 2014

Histoires du temps qui passe



L’âge, le passé, l’instant présent, l’avenir : le décompte du temps est une notion créée pour nous faciliter la vie mais qui ne correspond pas à ce que nous ressentons. Voici quelques impressions sur le temps qui passe.

« Entrer dans l’âge adulte est une naissance. C’est un passage difficile. Beaucoup le refusent parce qu’ils ne veulent affronter ni la souffrance d’être seuls, ni la liberté d’inventer leur propre vie. »
Henri Gougaud



« En prenant de l’âge, on s’aperçoit que tout vous a été donné dans vos jeunes années, que des événements infimes, qui nous ont paru tels sur le moment, vous ont marqué pour la vie. Et qu’au fond, vous avez beau avoir des cheveux blancs, ce qu’il y a d’essentiel en vous, c’est l’enfant. »
Henri Troyat

« Rien n’est mort de ce qui n’existe pas encore.
Près du passé luisant, demain est incolore. »
G. Apollinaire

« Il est bon de franchir chaque jour une étape. Comme l’eau vive qui ne s’attarde nulle part, hier s’est enfui, l’histoire d’hier elle aussi est passée. Il convient aujourd’hui de conter une histoire nouvelle. »
Rûmi



L’idée d’une histoire nouvelle chaque jour, d’une naissance à notre vie, d’une coloration à venir pour nos jours et de la persistance malgré tout de l’enfant en nous : voilà des sensations bien réelles de notre relation au temps qui s’écoule. 



dimanche 16 novembre 2014

S'élancer vers les champs lumineux et sereins

Je voulais vous parler de la conférence d'astrologie mondiale du 5 décembre dont le titre "Agir en toute lucidité" nous demande d'être tout sauf passif dans notre monde qui peut paraître complexe, difficile à saisir, voire même sans grand espoir.
Et puis j'ai retrouvé ce poème de Baudelaire : Elevation.
Je me suis élancée au-dessus du monde, loin des difficultés, au milieu des champs lumineux et sereins, pour un voyage à la recherche du bonheur au travers du langage poétique. Magnifique !


Élévation


Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)


 

   Il faut bien revenir sur terre et forte de ce voyage, je me suis replongée dans le texte de la conférence de Sylvie Lafuente Sampietro :
"Dans un climat politique international et national des plus obscur où nous ne savons plus vraiment à quoi et à qui faire confiance, il s’agit de faire des choix et d’agir pour construire un monde auquel nous avons envie d’appartenir. C’est le défi que nous lance le septième et dernier carré Pluton / Uranus en 2015.
Depuis la conjonction des deux planètes en 1966, une révolution intellectuelle et technologique est en marche qui modifie radicalement l’équilibre ancien et notre façon de penser. Plutôt que de se laisser polluer par un climat délétère, il s’agit d’engager nos vies, de suivre nos inspirations, de respecter nos valeurs humaines et spirituelles dans les cadres où nous sommes.

Comment prendre le recul nécessaire ? Comment se protéger du désespoir et des conflits inutiles ? D’où provient l’inspiration humaniste, solidaire et spirituelle ? Comment laisser jaillir la lumière ?"



Les champs lumineux et sereins, c'est à nous de les créer !
Comment ?
Chacun a sa  propre voie mais la conférence devrait nous donner des pistes, pour ne pas nous abandonner à la critique permanente, pour ne pas baisser les bras, pour être les créateurs de ce monde sans attendre des miracles venus d'ailleurs.
C'est ici, et beaucoup l'ont déjà compris, que le monde futur se fabrique, nous avons cette possibilité d'en être les acteurs.
Il me semble que cette conférence, loin de dresser un constat déprimant de toutes les problématiques du monde, sera l'occasion de nous redonner de l'espoir.

Rendez-vous donc le 5 décembre à la Maison du tourisme de Grenoble à 20h30 pour ce moment de lucidité et d'espérance.


Terminons avec un autre éclairage, celui de Matthieu Ricard à propos du bonheur : sa vision reprend les mêmes principes. 
  "Changer notre vision du monde n’implique pas un optimisme naïf, pas plus qu’une euphorie artificielle destinée à compenser l’adversité.
Tant que l’insatisfaction et la frustration issues de la confusion qui règne en notre esprit seront notre lot quotidien, se répéter à longueur de temps : “je suis heureux !est un exercice aussi futile que repeindre un mur en ruine.
La recherche du bonheur ne consiste pas à voir la “vie en rose”, ni à s’aveugler sur les souffrances et les imperfections du monde.
Le bonheur n’est pas non plus un état d’exaltation que l’on doit perpétuer à tout prix, mais l’élimination de toxines mentales comme la haine et l’obsession, qui empoisonnent littéralement l’esprit.
Pour cela, il faut acquérir une meilleure connaissance de la façon dont fonctionne ce dernier et une perception plus juste de la réalité."

Matthieu Ricard

dimanche 9 novembre 2014

Stages d'été




Vous pouvez voir depuis cette semaine une nouvelle video sur notre site où Sylvie Lafuente Sampietro parle des stages d'été à Existence (aux Jardins Intérieurs en Ardèche près d'Aubenas).
En l'écoutant, je me suis remémorée les stages que j'ai moi-même suivis et toutes les traces qu'ils ont laissé en moi. En voici quelques-unes, glanées dans mes souvenirs. 

Comme le dit justement Sylvie, nous venons dans ces stages chercher une façon de nous découvrir à travers l'astrologie. A chaque année son sujet, à chaque année la découverte d'une partie de soi.
J'ai commencé avec la découverte de l'intensité d'être, un stage sur Lilith.Comment oublier l'union entre les membres du groupe que nous avions créée à cette occasion ? Au-delà du thème qui touche chacun d'entre nous, le thème du stage interagit avec tout le groupe et chaque année voit une nouvelle ambiance. Avec Lilith, nous étions une tribu. Et cette tribu reste reliée par ce souvenir même après des années. Nous étions cet été-là partis à la découverte de l'intensité, de l'état de nature, du lâcher prise pour atteindre l'initiation à la plénitude d'être. 

Nous nous retrouvons chaque année sous le tilleul, une gloriette en bois s'est construite tout autour petit à petit et nous y formons ensemble un cercle, tantôt grand pour la découverte, tantôt plus intime pour le partage de nos expériences et de nos émotions. Le soir, sous le chêne, nous méditons, souvent en musique et toute la journée s'imprime en nous.




J'ai souvenir d'un stage sur le sens de notre vie où nous étions à la fois émerveillés et pleins de doute à l'idée de ce que la vie nous demandait d'accomplir. Sylvie nous avait alors rassurés avec ces paroles attribuées à Nelson Mandela :
 " Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur,
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites.
C'est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus."
Et nous avions terminé le stage avec de magnifiques textes. Chacun d'entre nous y avait écrit la prophétie éclairant son rôle dans cette vie.

Je nous revois lors du stage sur Pluton, tels une grande famille, tentant de nous aider mutuellement dans nos difficultés familiales pour devenir plus lucides, plus authentiques. J'ai moi-même lors de ce stage été le sujet d'une constellation astrologique, souvenir incroyable où j'ai pu assister à la représentation de ma psyché. Nous nous retrouvons souvent, d'un stage à l'autre, les anciens, celles et ceux de Grenoble, celles et ceux qui se joignent à nous pour tenter l'expérience.

Je n'ai pas pu participer au stage de l'été dernier sur la relation d'amour. Je l'ai regretté même si d'autres joies m'ont accompagnée. Mais ce moment que l'on s'accorde pour être avec soi, pour retrouver des amies, pour partager des émotions inoubliables, m'a manqué, c'est vrai.



Vous pouvez retrouver la video sur les stages à Existence sur notre site avec beaucoup d'informations et le programme des stages de l'été prochain (onglet "stages" du site  www.astrologie-humaniste-appliquee.fr/).

dimanche 2 novembre 2014

Hokusaï le vieux fou de peinture



J'ai découvert la vie d'Hokusaï grâce à un livre de François Place : Le vieux fou de dessin il y a une dizaine d'années.
Ce peintre japonais plus connu depuis le tsunami de 2011 qui a vu son tableau : la Grande vague de Kanagawa utilisé partout comme symbole m'a depuis lors fascinée.
Il semble avoir eu mille vies et ses œuvres forment un merveilleux tableau de la vie quotidienne du XIXe siècle au Japon.
J'étais donc totalement comblée de me retrouver par un beau dimanche matin, au Grand Palais à Paris, pour voir la grande exposition qui lui est consacrée.




Et je ne fus pas déçue !
Quel foisonnement ! Toute l'histoire de cet artiste se trouve présentée là, des premières estampes commerciales bon marché aux dernières peintures sur le monde animal et végétal,
J'y ai retrouvé bien sûr la fameuse vague, monstrueuse vague qui s'apprête à déferler sur les barques de pêcheurs tandis qu'au loin se distingue, minuscule, le cône du mont Fuji. Le temps semble arrêté, la vague vivante, elle bouillonne d'écume, on la voit prête à s'écrouler. Par la seule magie du dessin, Hokusaï a fixé pour l'éternité les deux éléments les plus fluides de l'univers : l'eau et le temps.




J'ai beaucoup admiré les tableaux de fleurs et oiseaux,la beauté des couleurs, la précision des formes et la représentation minutieuse de la nature.

Les dessins de la vie quotidienne occupent une place importante : des pages de dessins avec  des scènes très vivantes que l'on a dit préfigurer les mangas.




Hokusaï a utilisé quantité de noms d'artiste : à chaque période son nom, à chaque période sa façon de dessiner ou de peindre et à chaque période un support : les dessins commerciaux bon marché, les illustrations de poèmes, les manuels pour artistes, les manuels de peinture, les estampes "du monde flottant", la liste est très longue.




Cette peinture pleine de détails reste un mystère : tout semble de prime abord stylisé, tout est dessiné avec une précision et un sens du détail incroyables et le tout est extrêmement vivant. J'ai fait là une découverte passionnante que je tenais à vous faire partager un tout petit peu...






dimanche 26 octobre 2014

Pause

Cette semaine, le blog se repose...


Une semaine pour rêver avec Picasso...
A très bientôt !

dimanche 19 octobre 2014

La comète



L'histoire de la comète de Halley est passionnante.
Les hommes avaient observé depuis très longtemps dans le ciel ces boules lumineuses avec leur chevelure qui ne semblaient pas , comme le reste des étoiles, obéir à des règles d'apparition prévisibles. Ils en avaient généralement très peur et elles étaient censées annoncer de grandes catastrophes.
Mais les scientifiques se sont penchés sur leur cas et Halley en 1705 a pu montrer que cette comète qui avait été vue dans le ciel en 1682 revenait régulièrement et qu'on pourrait la voir à nouveau en 1758. Il ne fut pas cru et ne put vérifier sa prévision. Mais plus tard ses calculs furent repris et précisés et la comète apparut bien à nouveau en 1759 , lui donnant raison. Ainsi fut expliqué le mystère de ces corps célestes que sont les comètes. Cette comète-ci prit le nom de son "découvreur " : Halley.

La comète est une boule de glace et de poussières qui tourne autour du soleil ( en 76 ans pour celle de Halley) selon une orbite elliptique. En passant près du soleil qui la réchauffe elle acquière une chevelure et une queue de gaz très spectaculaires. Les scientifiques pensent maintenant que les briques élémentaires ayant servi à créer la vie pourraient exister déjà dans ces comètes arrivées des confins du système solaire il y a bien longtemps. Elles pourraient donc nous aider à comprendre les débuts de la vie sur terre.
Le prochain passage de la comète de Halley dans notre ciel est prévu en 2061.


Le passage de la comète de Halley en 1066 décrit dans la tapisserie de Bayeux


La découverte de Halley fut immortalisée par Victor Hugo dans ce poème de la légende des siècles :

La comète 

Il avait dit : - Tel jour cet astre reviendra. –
...
Il mourut.
L’ombre est vaste et l’on n’en parla plus
... On oublia le nom,
L’homme, tout ; ce rêveur digne du cabanon,
Ces calculs poursuivant, dans leur vagabondage
Des astres qui n'ont point d'orbite et n'ont point d'âge,
Ces Soleils à travers les chiffres aperçus ;
Et la ronce se mit à pousser là-dessus. ...
On vivait. ...
Et depuis bien longtemps personne ne pensait
Au pauvre vieux rêveur enseveli sous l'herbe.
Soudain, un soir, on vit la nuit noire et superbe, ...
Blêmir confusément, puis blanchir, et c'était
Dans l'année annoncée et prédite, et la cime
Des monts eut un reflet étrange de l'abîme
Comme lorsqu'un flambeau rôde derrière un mur,
Et la blancheur devint lumière, et dans l'azur
La clarté devint pourpre, et l'on vit poindre, éclore,
Et croître on ne sait quelle inexprimable aurore
Qui se mit à monter dans le haut firmament
Par degrés et sans hâte et formidablement ; ...
Et soudain, comme un spectre entre en une maison,
Apparut, par-dessus le farouche horizon,
Une flamme emplissant des millions de lieues,
Monstrueuse lueur des immensités bleues,
Splendide au fond du ciel brusquement éclairci ;
Et l'astre effrayant dit aux hommes : « Me voici ! »

Victor Hugo,   La légende des siècles.



dimanche 12 octobre 2014

Bénis sont les conteurs d'histoires



J'ai découvert que Frédéric Lenoir vient de faire paraître un conte (Coeur de crystal) et je me suis posé la question de la sagesse des contes. Pourquoi les contes , sans en avoir l'air, nous parlent aussi fort ? Pourquoi sont-ils intemporels ? pourquoi sommes-nous prêts à suivre les conteurs quel que soit notre âge ?
Et je suis arrivée jusqu'à une interview de Henri Gougaud qui disait que les contes sont des êtres vivants. On peut leur parler et c'est une expérience inoubliable.
Etonnant. 
Il nous dit aussi ceci dans le livre des chemins :
"Les contes ont pour berceau la nuit des temps. Combien de siècles, de pestes, de révolutions, de montagnes et de mers ont-ils traversé avant de nous parvenir ? Les contes sont dans l'âme humaine comme dans leur maison. Ils ont vécu assez longtemps dans l'intimité des êtres pour tout savoir de nos soucis, de nos rêves, de nos désirs. Ils savent ce que vous ignorez. Demandez-leur une réponse aux questions qui vous préoccupent. Ils vous répondront." 




Le conteur ne se lasse pas de raconter ses histoires, nous dit-il encore, car la relation qui se crée dans l'instant avec son auditoire , avec la qualité de son écoute, est unique et donc renouvelée à chaque expérience.
On se dépasse et on est étonné par ce qui nous traverse.
Voilà qui me rend un peu triste de ne vous faire partager les contes qu'à travers l'écrit. Ces contes écrits sont faits pour être lus, retransmis et dits par celui qui s'en emparera.




A ce point de ma réflexion, j'ai découvert un conte tiré des "contes des sages juifs". Il nous parle mieux que moi des conteurs d'histoires :

"LEternel avait mis beaucoup de savoir dans les gemmes, les plantes et les bêtes. Le lapis-lazuli, le cèdre bleu, le pic-vert comme toutes les créatures connaissaient leurs affaires. A peine sortie de l'œuf, la frégate se souvenait de la parade nuptiale que l'Eternel lui avait confié. Le papillon sortait de sa nuit en robe de mariée. L'homme vint, tissé d'oubli. Il devait chercher, oser, accomplir. Il devait libérer et rassembler les étincelles de lumières dispersées dans la Création. Il reçut ainsi le mouchoir où la shekina avait écrit avec ses larmes des milliers de lettres sacrées, le mouchoir de la Torah du peuple juif. Au creux du Saint linge qui voile l'éclat de son visage, brillait une goutte aussi vaste qu'un océan. Elle avait la couleur de l'exil et une profondeur insondable. 
Quatre fois bénis sont les conteurs d'histoires, ils sont trempés dans cette larme, anéantis et bercés, brassés, nettoyés par les vagues, ils sont traversés par le feu de la parole et assagis par le souffle.
Ils cueillent sur les visages les sourires et les pleurs de leurs semblables, invités au festin. Vois le cadeau qu'ils ont reçu : ils étudient jour et nuit pour libérer et rassembler les histoires."



Images tirées des "Contes de la nuit" de Michel Ocelot

dimanche 5 octobre 2014

Une soirée avec les étoiles



Des nuages sont apparus dans le ciel, mercredi soir.
Et pour voir les étoiles, ils ne sont pas les bienvenus.
Peu importe, nous avions décidé d'y aller, nous sommes donc partis pour le col de la Placette.

La lune nous attendait, et même à son premier quartier, elle nous éclairait.
La lumière de la lune est bien particulière et nous, les citadins, n'avons pas souvent l'occasion de marcher sous son seul éclairage. Il fait sombre mais elle éclaire suffisamment nos pas sur le chemin pour que nous ne tombions pas. Et au bout du chemin, sa lumière dans la prairie entourée au loin par les monts de la Chartreuse nous fait ressembler à des ombres chinoises.




Bien sûr, lorsque la lune éclaire le ciel, les étoiles sont un peu moins visibles, mais le spectacle est tout aussi beau. Les nuages se sont dissipés tranquillement et nous avons pu regarder les étoiles se coucher comme Arctarus ou se lever comme Capella. Nous avons retrouvé nos vieilles connaissances, la Grande et la petite ourse, l'étoile polaire et Cassiopée, le grand triangle d'été avec Altaïr, Deneb et Vega. Les autres nous sont apparues au fur et à mesure de l'obscurcissement du ciel. Regarder la lune dans les jumelles fut aussi un grand moment, elle semblait nous parler en se rapprochant de nous.
Un moment de calme ensuite pour se laisser imprégner par tant de beauté, en oubliant le reste du monde qui nous attend de l'autre côté de la montagne.
Et doucement, le retour par la petite route, toujours éclairés par la lune, avec de nouvelles étoiles pour nous accompagner comme Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral.
Le paysage se découpe en noir sur cette lumière blanche, les arbres font de la dentelle sur le ciel, et les maisons éclairées nous rappellent petit à petit à notre univers habituel.
Encore une belle soirée, différente des précédentes et une grande satisfaction de l'avoir réussie car ce n'est pas toujours facile de prévoir  un soir où les nuages ne viendront pas troubler notre désir d'observer l'univers.




Si ces soirées sont uniques, c'est aussi grâce au groupe que nous formons pour cette occasion. Sylvie nous guide dans l'observation, mais tout le monde observe, cherche et questionne. Certains ont des applications sur leur smartphone pour suivre les étoiles, certains entonnent un gospel, d'autres rient, de petits groupes se forment et tout le monde est porté par cette atmosphère unique que crée la nuit sous la voûte céleste. Nous nous séparons heureux d'avoir partagé ce beau moment. 




Et pour celles et ceux chez qui ma description n'a rien évoqué, voici quelques mots de Christian Bobin qui vous parleront peut-être :

"L'intelligence cherche toujours quelque chose à aimer, le but étant de devenir soi-même comme le ciel étoilé. La vie est une fête de sa propre disparition : la neige, comme des milliers de mots d'amour qu'on reçoit et qui vont fondre, les roses sont comme des petites paroles brûlantes qui vont s'éteindre, et celui qui arrive à les déchiffrer doit être d'une précision hallucinante s'il veut être cru, s'il veut parvenir à faire voir à d'autres ce qu'il a vu." La lumière du monde (Christian Bobin)

dimanche 28 septembre 2014

Lutte contre son ombre



Dans ma bibliothèque figure un petit livre de contes des Arts martiaux. Ces contes possèdent un enseignement constant : nous voyons aux prises l'esprit rationnel, le désir d'efficacité tout à coup pris à son propre piège. Sous-jacente à la réalité, une autre réalité apparaît, une efficacité presque absolue se manifeste, et celui qui croyait agir ou frapper est subtilement vaincu ou atteint dans ses profondeurs.
En voici un exemple avec cette histoire d'un maître de thé.




Infaillible concentration

Sen no Rikyu demeure dans la mémoire des japonais le plus illustre maître de Cha no yu, le rituel du thé. Il était au service de Hideyoshi, le kampaku qui gouvernait le pays à l'époque.
Un jour, alors que Maître Rikyu officiait au cours d'une cérémonie du thé, Hideyoshi fit remarquer à ses généraux : "Regardez bien Rikyu préparer le thé et vous constaterez que son corps est rempli de Ki, que ses gestes précis et mesurés sont comme ceux d'un grand guerrier, ils n'offrent aucune ouverture. Sa concentration est sans faille."
Une idée traversa Kato Kiyomasa, un fameux général : pour vérifier si ce que disait le kampaku était aussi exact qu'il voulait le faire croire, il décida de toucher l'officiant avec son éventail dès qu'une ouverture se présenterait. Pris au jeu, il se mit à observer attentivement Sen no Rikyu qui se trouvait juste à côté de lui. Au bout de quelques minutes, croyant apercevoir une faille, le général allait pointer son éventail. A cet instant précis, le Maître de thé le regarda droit dans les yeux, en lui souriant.
Kiyomasa en eut le souffle coupé. Son éventail lui en tomba des mains.




Je suis particulièrement attentive aux enseignements des maîtres chinois : ils nous parlent du monde autrement et ce regard est pour moi une facette du monde tout aussi passionnante que celle que nous avons l'habitude de voir, nous occidentaux. Les maîtres taoïstes semblent posséder des pouvoirs surprenants mais ces pouvoirs viennent en fait de leur façon de considérer l'univers :

"Ici apparaît cet esprit subtil qui est le secret des secrets : plus on descend (ou l'on monte) dans la connaissance, plus se découvre cet infinitésimal, ce rien qui ne pèse sans doute pas plus qu'un regard ou qu'une pensée, voire moins que cela et qui est la source de toute essence, donc de toutes les puissances. C'est la découverte que la qualité la plus fine n'est encore jamais l'ultime qualité, il en existe une sans cesse cachée ou voilée. c'est dans ce monde de l'infiniment subtil, de l'inexprimable, que se déroule le véritable combat. Quand chez un grand maître l'unité est réalisée, alors c'est le Vide lui-même qui agit. Le moi est effacé, mais la force de l'univers, la force cosmique dans son mouvement éternel, qui n'est d'aucun temps et qui n'a aucune limite, cette force que rien ne peut ni concevoir ni nommer agit souverainement."(Michel Random).

"La voie des arts martiaux est de faire du cœur de l'Univers son propre cœur; ce qui signifie être uni avec le centre de l'Univers." (Maître Ueshiba)