Voici un texte pour nous dire l'importance de la poésie. il nous le dit avec le langage du poète, nous livrant à la fois la force des mots, la puissance du verbe et la beauté qui s'en dégage.
Il est extrait de "L'âme usagée- Ecrits sur le romantisme" de Armel Guerne.
Laissez-moi vous dire
"Jamais la poésie n'a été aussi nécessaire, quel que puisse être le nombre de ceux qui ne le savent pas, ni réclamée dans une urgence aussi abrupte et absolue, l'indispensable chant secret de cette pauvresse splendide. Fille sauvage de la providence, et seule héritière directe des hautes évidences premières qui fait la honte du monde dit civilisé. rejetée de nos jours plus et mieux que partout ailleurs. Parce qu'elle est l'enfant surnaturelle du verbe et naturellement l'avocate de l'âme insurgée, la poésie est par essence le seul langage encore assez vivant, encore assez armé, encore assez puissant et entier, assez pris du mystère aussi de la parole pour emporter d'assaut les forteresses de l'inertie et crever le béton des citadelles du mensonge. Portant en elle un grain de vérité humaine qui peut germer encore , une semence de beauté qui fleurira dans la hideur, de saints pollens de l'immortelle simplicité, et même pour certains, l'amande du noyau, du fruit intemporel, qui fait lever dans l'âme, puissamment, un arbre superbe avec le bruissement vivant de son feuillage, le creusement très doux du bleu des ombres, et la visite claire des oiseaux qui les font sourire."
Et pour illustration, l'Alchimie du verbe de Rimbaud (extrait d'Une saison en enfer):
"À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges."
Il est extrait de "L'âme usagée- Ecrits sur le romantisme" de Armel Guerne.
Laissez-moi vous dire
"Jamais la poésie n'a été aussi nécessaire, quel que puisse être le nombre de ceux qui ne le savent pas, ni réclamée dans une urgence aussi abrupte et absolue, l'indispensable chant secret de cette pauvresse splendide. Fille sauvage de la providence, et seule héritière directe des hautes évidences premières qui fait la honte du monde dit civilisé. rejetée de nos jours plus et mieux que partout ailleurs. Parce qu'elle est l'enfant surnaturelle du verbe et naturellement l'avocate de l'âme insurgée, la poésie est par essence le seul langage encore assez vivant, encore assez armé, encore assez puissant et entier, assez pris du mystère aussi de la parole pour emporter d'assaut les forteresses de l'inertie et crever le béton des citadelles du mensonge. Portant en elle un grain de vérité humaine qui peut germer encore , une semence de beauté qui fleurira dans la hideur, de saints pollens de l'immortelle simplicité, et même pour certains, l'amande du noyau, du fruit intemporel, qui fait lever dans l'âme, puissamment, un arbre superbe avec le bruissement vivant de son feuillage, le creusement très doux du bleu des ombres, et la visite claire des oiseaux qui les font sourire."
Et pour illustration, l'Alchimie du verbe de Rimbaud (extrait d'Une saison en enfer):
"À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges."