dimanche 29 janvier 2017

La paix et la lumière



Nous avions cette semaine la visite de Fabrice Midal à Grenoble. Il venait nous parler de son dernier livre : "Foutez vous la paix ! Et commencez à vivre".
Le sujet est provocateur et pas forcément aisé à comprendre et à appliquer.
Il veut nous inciter à refuser la dictature de l'efficacité à tout prix et du toujours plus.
Nous avons toutes sortes d'exemples dans notre vie où nous nous torturons avec ce que nous devons faire, où nous obéissons à des injonctions que nous nous mettons nous-mêmes, où nous avons honte de nous. Il s'offusque aussi de la dictature du calme : il nous faudrait être calme et serein en toutes circonstances.
Tous ceci le conduit au constat que nous pouvons tout simplement nous foutre la paix et refuser tous ces diktats pour devenir simplement ce que nous sommes réellement et devenir pleinement nous-mêmes et créatifs.
Une méditation de pleine présence qui est pratiquée sans objectif mais avec simplement la présence à ce qui est représente déjà un premier pas vers ce "Foutez vous la paix." On peut aussi lorsqu'on s'observe dans une des situations où nous répondons à des injonctions, tout simplement nous dire : "Maintenant, je me fous la paix !"

Ces réflexions sont intéressantes et nous interrogent bien sûr sur ce que la vie actuelle nous demande et comment nous le vivons. Ce constat est salutaire pour beaucoup d'entre nous.




Je crois qu'une des façons de quitter cet état où nous devons toujours être actifs et faire quelque chose peut être de se tourner vers l'art.
Ecouter une musique sublime, être en admiration devant une oeuvre peinte, ou lire un poème qui parle à notre âme, voilà, avec le spectacle de la nature, des moments où nous pouvons accepter de nous foutre la paix et être présent, simplement.

Revoici donc François Cheng et la beauté, avec un extrait de ses "Cinq méditations sur la beauté", où l'on se trouve bien au-delà, là où nous pouvons aller lorsque nous nous foutons la paix :
"Dans une peinture, le paysage que l'artiste fait naître sous son pinceau peut être altier ou tourmenté, compact ou éthéré, nimbé de clarté ou pénétré de mystère. L'important est que ce paysage dépasse la dimension de la seule représentation et qu'il se donne comme une apparition, un avènement. Avènement d'une présence _ non au sens figuratif ou anthropologique du mot_ que l'on peut ressentir ou pressentir, celle même de l'esprit divin. Avec toute sa part d'invisible, cette présence correspond à ce que les théoriciens chinois appellent le xiang-wai-zhi-xiang, "image au-delà des images". Elle est proche aussi de ce que la spiritualité Chan expérimente comme illumination. Lorsque, devant une scène de la nature, un arbre qui fleurit, un oiseau qui s'envole en criant, un rayon de soleil ou de lune qui éclaire un moment de silence, soudain, on passe de l'autre côté de la scène. On se trouve alors au-delà de l'écran des phénomènes, et l'on éprouve l'impression d'une présence qui va de soi, entière, indivise, inexplicable, et cependant indéniable, tel un don généreux qui fait que tout est là, miraculeusement là, diffusant une lumière couleur d'origine, murmurant un chant natif de cœur à cœur, d'âme à âme."



Illustrations : Paul Cézanne

dimanche 22 janvier 2017

Que choisissons-nous ?



Je trouve les textes philosophiques intéressants parce qu'ils sont stimulants pour l'esprit. En voici un sur le choix et la volonté qui n'est pas difficile à lire et qui nous conduit (ou non) vers une  réflexion plus approfondie. A vous de choisir...

Le choix
     Avez-vous le choix de lire ce texte? On serait bien sûr tenté de répondre immédiatement oui. Mais le fait est que vous êtes en train de le lire. Pendant que vous êtes en train de lire ce texte, vous n'avez plus le choix de ne pas le lire! Vous aviez le choix avant, vous avez le choix d'arrêter de le lire dans une seconde, mais pas maintenant. Or quel est le temps réel? Le temps pendant lequel vous lisez, c'est maintenant. Or le présent c'est la nécessité: vous ne pouvez pas lire et ne pas lire ce texte en même temps. Le présent échappe donc au choix: ce qui est est. Le passé aussi bien sûr, car on ne choisit que ce qui est de l'ordre du possible (dans le sens de ce qui n'est pas encore réalisé), or le passé  n'existe que comme réalité passée sur la laquelle on ne peut plus rien. On ne peut pas agir sur le passé, on ne peut agir qu'au présent. Qu'en est-il de l'avenir? S'il dépend du présent et que nous ne pouvons pas choisir celui-ci, il semble alors lui aussi échapper à toute possibilité de choix.  
   Avoir le choix suppose qu'on puisse en même temps faire et ne pas faire une chose, c'est ce qu'on appelle le libre arbitre: capacité de choisir entre deux ou plusieurs possibilités sans être incliné a priori vers l'une ou l'autre. Pour choisir il faudrait que les deux possibilités (ici lire ou ne pas lire) vous soient indifférentes. Mais en l'occurrence, non seulement vous êtes entrain de lire, mais en plus si vous avez choisi de lire ce texte c'est que cela vous intéresse (pour une foule de gens la question ne se posera jamais: ils ne s'y intéressent pas, est-ce à dire que ça ne les concerne pas?...).
   Qu'est-ce qui fait qu'une chose nous intéresse, donc que nous y portons de l'attention? Nos goûts, nos préférences. Cependant avez-vous choisi vos préférences? Si nos choix sont déterminés par quelque chose que nous n'avons pas choisi (nos goûts, notre personnalité...) alors ils ne sont pas vraiment des choix mais des illusions de choix: nous ne faisons que suivre la pente de nos préférences. Nos choix émanent de notre personnalité toute entière. La possibilité du libre arbitre suppose donc la possibilité de se choisir soi-même. Et là encore il semblerait que les jeux soient faits: ne sommes-nous pas le produit de notre histoire personnelle (et, particulièrement, de notre éducation: pour pouvoir choisir de lire ce texte il faut savoir lire, et avoir le bagage culturel minimum pour pouvoir le comprendre...)?



   Tout se passe comme si le libre arbitre était impensable (parce que contradictoire): il implique que l'on puisse faire et ne pas faire une chose en même temps (or soit vous lisez ce texte, soit vous ne le lisez pas); et d'autre part il implique une position de neutralité absolue du sujet face aux termes du choix, c'est à dire d'être sans préférence et donc d'être sans histoire.
  Que le libre arbitre (capacité absolue de choisir) soit une illusion, cela réfute t-il toute idée de liberté? Reprenons notre exemple: vous ne pouvez pas ne pas lire ce texte pendant que vous le lisez, vous n'avez pas le choix, mais vous avez le choix de continuer ou d'arrêter de le lire... Choisir non pas à partir d'une position abstraite et fantasmatique de neutralité absolue mais à partir de ce qui est, maintenant, en assumant ce que l'on est, cela s'appelle vouloir. A la différence du libre arbitre, la volonté ne s'oppose pas au réel. Si nous ne pouvons nous inventer littéralement, si nous ne pouvons choisir qu'en fonction de notre histoire, il n'en reste pas moins que nous pouvons vouloir ceci plutôt que cela. Se choisir est la condition de tous les choix, cela n'est possible que si cela veut dire d'abord se voir et s'accepter dans sa vérité et se changer à partir de là.
   Si le présent n'est pas un commencement absolu, il est néanmoins un carrefour, un embranchement vers l'a-venir. Vous n'avez pas le choix de continuer à lire ce texte après son point final, mais vous avez le choix de continuer à y réfléchir.

                                                                                                                                                              Julien Saïman.


dimanche 15 janvier 2017

Mémoires



Comment le temps agit-il sur nous ? Nous sommes faits de mémoire, et d'oubli. Nous sommes perpétuellement en train de changer, d'évoluer, de renaître. Si nous sommes capables de nous souvenir de ce que nous avons vécu, c'est parce que ce que nous avons vécu nous a rendu autre. "Je est un autre" (Rimbaud). Nous devenons constamment autre.




Qui étais-tu, petit homme ?
Comment es-tu devenu une personne capable de penser, et si tu étais capable de penser, où tes pensées t’ont-elles mené ? Tes premières pensées, vestiges de la manière dont, petit enfant, tu vivais à l’intérieur de toi-même. Tu ne peux te souvenir que de certaines d’entre elles, bribes et morceaux isolés, brefs éclairs de reconnaissance qui surgissent en toi de manière inattendue, à certains moments, au hasard, emmenés par l’odeur de quelque chose, ou le toucher de quelque chose, ou la manière dont la lumière tombe sur quelque chose, dans le ici et maintenant de ta vie adulte. Du moins tu penses que tu peux te souvenir, tu crois que tu te souviens, mais peut-être que tu n’es pas du tout en train de te souvenir, ou que tu es seulement en train de te souvenir d’un souvenir plus tardif de ce que tu crois avoir pensé dans ces temps lointains, qui sont maintenant quasiment perdus pour toi.
La seule preuve que tu as que tes souvenirs ne sont pas complètement trompeurs, c’est le fait qu’il t’arrive encore, de  temps en temps, de retomber dans tes anciennes manières de penser. Des vestiges ont persisté jusqu’à tes soixante ans, l’animisme de ta petite enfance n’a pas été totalement chassé de ton esprit et, chaque été, alors que tu es allongé sur le dos dans l’herbe, tu lèves les yeux vers les nuages qui dérivent, et tu les regardes se transformer en visages, en oiseaux et en animaux, en Etats, en pays et en royaumes imaginaires. Les calandres des voitures te font toujours penser à des dents, et le tire-bouchon est toujours une ballerine qui danse.En dépit des apparences, tu es toujours celui que tu étais, même si tu n’es plus la même personne.
Paul Auster ( Excursions dans la zone intérieure).




Durant notre sommeil, la mémoire se met à jour et ne garde qu'une partie de ce que nous avons vécu durant la journée. Nous évoluons constamment et nos souvenirs évoluent avec nous. Nous ne sommes conscients que d'une très petite partie de ce que nous conservons ou non dans nos mémoires.
Le fonctionnement de notre mémoire est un sujet passionnant et les découvertes sur ce sujet nous en apprennent toujours un peu plus. 

Mais n'oublions pas que nous nous sommes construits sur ce que nos ancêtres nous ont légué. Un formidable terrain sur lequel nous bâtissons nos vies, tant bien que mal, jour après jour. Une mémoire dont nous n'avons pas toujours conscience.
 Nous sommes les héritiers des anciens mondes et de toutes les générations qui nous ont précédées tout autant que les héritiers du petit enfant que nous fûmes, à la fois ressemblants et en même temps irrémédiablement autres.

Nous sommes  faits de mémoire, et vivre l'instant présent c'est être conscient que nous portons toute cette histoire, qui nous fait et nous change à chaque instant.


dimanche 8 janvier 2017

Notre programme pour ce début d'année

Voilà notre programme pour ce début d'année.Nous espérons vous accueillir nombreux et vous faire plaisir avec les activités que nous vous proposons.

Nous commencerons avec une soirée étoilée d'hiver. Les ciels d'hiver sont magnifiques mais la météo n'est pas toujours propice. Nous prévoyons donc trois dates en espérant que l'une d'elles nous sera favorable. Si vous êtes intéressé, il suffit de vous inscrire et nous vous contacterons quelques jours avant la date retenue pour confirmer votre participation. Nous sommes partis sur le 20 janvier, le 10 février ou le 24 mars. Si vous êtes inscrits, il faudra donc surveiller votre boîte mail.




Nous avons aussi reçu de nombreux livres en cadeau pour enrichir notre bibliothèque. Nous les mettons à disposition petit à petit et la bibliothèque s'enrichit un peu plus tous les mois. Vous pouvez toujours consulter les catalogues sur le site du centre d'astrologie sur cette page :

Il faut bien sûr être adhérent à l'association pour bénéficier de l'accès à la bibliothèque et déposer un chèque de caution qui vous sera rendu en fin d'année.




Nous aurons également comme au trimestre dernier une animation astronomie avec Julie Toujan. Elle nous aidera à monter une carte du ciel et nous guidera dans l'exploration du logiciel Stellarium qui offre des possibilités très intéressantes d'observation du ciel en tous lieux et pour toutes les dates. Cette exploration du ciel est une ouverture sur la connaissance de l'astronomie et de l'astrologie. Ce sera le 23 mars de 20h00 à 21h00.






Nous aurons également un atelier d'astrologie passionnant : il sera interactif et nous y parlerons d'astro-psychogénéalogie avec Sylvie Lafuente Sampietro. 
Lors de cet atelier, Sylvie Lafuente Sampietro nous guidera pour découvrir dans notre thème astrologique les injonctions en provenance de notre famille et de nos ancêtres.
De quel terreau se nourrissent nos racines et que perpétuons-nous de notre lignée ?
Nous verrons comment les structures familiales, issues des archétypes collectifs, conditionnent notre vécu du couple et de la famille. Nous découvrirons les organisations familiales liées à Pluton, Neptune et Uranus et comment les conscientiser et les transformer.
Cet atelier est ouvert à tous publics. 
Si vous connaissez déjà l'astrologie, prenez votre thème natal avec vous. Autrement, merci de nous transmettre votre date, heure et lieu de naissance ( avec N° de département) au moment de l'inscription (coût du montage du thème : 2 €)
Le nombre de places est limité, à 35 personnes maximum. Il vaut donc mieux réserver.  

Les tarifs : 30 € et 25 € pour les adhérents Altaïr. Nous organisons cet atelier au local d'astrologie : 1,rue Expilly 38 000 Grenoble.


Et enfin, nous bénéficierons jusqu'à la fin du mois de mars de l'exposition de peintures de Claire Boulnois au local. Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de la voir, c'est le moment d'en profiter.

Nous avons toujours pour  ligne directrice de découvrir, de partager de belles choses et de beaux moments et surtout de nous émerveiller devant tout ce que la vie peut à nous offrir. 

"S'émerveiller devant la vie, s'émerveiller devant la mort, s'émerveiller devant toutes les naissances et la perpétuelle nouveauté; tout devient fil de soie pour tisser la trame d'une existence constamment émerveillée." Marie-Madeleine Davy


dimanche 1 janvier 2017

Dans mon pays



Toute l'équipe d'Altaïr se joint à moi pour vous souhaiter une très belle année 2017.
Nous avons essayé de vous préparer un programme qui vous plaira.
Mais pour commencer, voici un poème qui parle du pays de la poésie, le monde que nous pouvons rejoindre, si nous le voulons.



"Dans mon pays, les tendres preuves du printemps
et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.
La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie.
le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.
Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.
il n't a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée.
Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.
On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.
Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles
sur les arbres de mon pays.
Les branches sont libres de n'avoir pas de fruits.
On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.
Dans mon pays, on remercie."

René Char ( Les matinaux)


La poésie fait l'épreuve de la vérité. Elle est comme la lumière d'une bougie , ô combien fragile, et qui pourtant suffit à garder notre cœur ouvert dans la nuit. Tel est bien le grand secret : dans la nuit, la lumière de la vérité, même si nous la remarquons à peine, garde néanmoins le jour. (Fabrice Midal).

Merveilleux pays que celui-là ! Puissions-nous être nombreux à le rejoindre...



Vous trouverez notre programme dans mon prochain post et sur notre site.