Nuits de Juin
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L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entr’ouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
- Victor Hugo - Les contemplations
Le 10 juin, nous avons rendez-vous pour une soirée étoilée.
Ce rendez-vous de début d'été est devenu rituel. Il y a quelques années, nous faisions la fête à Grenoble et puis la tradition s'est un peu perdue et dorénavant, nous faisons la fête avec les étoiles. Il nous faut pour cela nous éloigner un peu de Grenoble, pour échapper aux pollutions lumineuses de la ville et monter à 700 mètres, en Chartreuse, au col de la Placette. Sylvie Lafuente Sampietro nous conduit alors vers la prairie d'où le ciel peut se laisser admirer de tous côtés.
Et puisque le soleil ne se couche pas très tôt, nous pouvons attendre qu'il disparaisse pour laisser la place aux étoiles tranquillement, en pique-niquant et en admirant le ciel de la fin du jour.
Le spectacle prend ensuite le pas sur les échanges conviviaux dans l'herbe. Découvrir petit à petit l'apparition des étoiles est une expérience merveilleuse.
"Je regarde les étoiles. Pour savoir leurs noms, je fais flamber une allumette-bougie, et je regarde mon atlas astronomique. Mais, l'allumette éteinte, les yeux éblouis, je ne reconnais plus, au ciel, l'étoile dont j'ai trouvé le nom."
Journal de Jules Renard
Pour nous, pas besoin d'atlas, les noms des étoiles nous sont donnés par Sylvie et c'est beaucoup plus facile !
Et lorsque nous redescendons de notre prairie après nous être immergés dans le ciel, elles sont partout et ont envahi tout l'espace au-dessus de nous. nous ne voyons plus la nuit comme auparavant, nous sommes juste devenus de petites étoiles parmi les étoiles.
Quand la lune apparaît
Quand la lune apparaît dans la brume des plaines,
Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
Les pâles ténèbres des bois,
Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore
Pareil au vieux poète, accablé, triste et beau,
Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
Devant la porte du tombeau,
Si tu veux, nous irons errer dans les vallées,
Nous marcherons dans l'herbe à pas silencieux,
Et nous regarderons les voûtes étoilées ;
C'est dans les champs qu'on voit les cieux !
Nous nous promènerons dans les campagnes vertes ;
Nous pencherons, pleurant ce qui s'évanouit,
Nos âmes ici-bas par le malheur ouvertes,
Sur les fleurs qui s'ouvrent la nuit !
Nous parlerons tout bas des choses infinies.
Tout est grand, tout est doux, quoique tout soit obscur !
Nous ouvrirons nos coeurs aux sombres harmonies
Qui tombent du profond azur !
C'est l'heure où l'astre brille, où rayonnent les femmes !
Ta beauté vague et pâle éblouira mes yeux.
Rêveurs, nous mêlerons le trouble de nos âmes
A la sérénité des cieux !
La calme et sombre nuit ne fait qu'une prière
De toutes les rumeurs de la nuit et du jour,
Nous, de tous les tourments de cette vie amère
Nous ne ferons que de l'amour !
Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
Les pâles ténèbres des bois,
Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore
Pareil au vieux poète, accablé, triste et beau,
Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
Devant la porte du tombeau,
Si tu veux, nous irons errer dans les vallées,
Nous marcherons dans l'herbe à pas silencieux,
Et nous regarderons les voûtes étoilées ;
C'est dans les champs qu'on voit les cieux !
Nous nous promènerons dans les campagnes vertes ;
Nous pencherons, pleurant ce qui s'évanouit,
Nos âmes ici-bas par le malheur ouvertes,
Sur les fleurs qui s'ouvrent la nuit !
Nous parlerons tout bas des choses infinies.
Tout est grand, tout est doux, quoique tout soit obscur !
Nous ouvrirons nos coeurs aux sombres harmonies
Qui tombent du profond azur !
C'est l'heure où l'astre brille, où rayonnent les femmes !
Ta beauté vague et pâle éblouira mes yeux.
Rêveurs, nous mêlerons le trouble de nos âmes
A la sérénité des cieux !
La calme et sombre nuit ne fait qu'une prière
De toutes les rumeurs de la nuit et du jour,
Nous, de tous les tourments de cette vie amère
Nous ne ferons que de l'amour !
Victor Hugo - Toute la lyre
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