La beauté de la vie toute simple : Christian Bobin en est le poète. Il sait si bien rendre poétique un instant de vie qu'il nous aide à redécouvrir le monde qui nous entoure.
Dans un de ses articles il parle de Ryôkan et de son bol. Ce n'est pas étonnant car ces deux-là ont des points communs. il ne m'en n'a pas fallu plus pour relire les poèmes de Ryôkan, poète japonais qui vécut de 1758 à 1831.
Lui aussi aimait la vie simple : pendant 30 ans, il vécut dans un ermitage.
Lorsque la nourriture venait à manquer, Ryôkan prenait sa canne, sortait par la porte déjà entrouverte, et s’en allait mendier sa nourriture. Portant un bol à aumônes, il se promenait fièrement en ville. Les enfants le remarquaient tout de suite. « Le moine fou de la montagne est aujourd’hui de retour », criaient-ils joyeux, et ils venaient vers lui en grappe. Ils l’accompagnaient, et sa marche devenait plus lente, son attitude plus folâtre. Laissant le bol sur une pierre, il accrochait sa besace sur la branche d’un arbre, et jouait au ballon avec eux, oubliant le lever du jour et la tombée de la nuit.
Les poèmes du Moine fou est de retour retracent cette vie en accord avec la Nature. Il y fait l'éloge des gestes quotidiens, d'une vie simple et pleine parce que vide de désirs inutiles.
Au début de ce recueil, il raconte son existence dans cet endroit retiré :
« jeune je jetai mon pinceau et ma pierre à encre
en secret j'enviais les hommes qui renoncent au monde
avec une gourde et un bol,
je partis en pèlerinage, je ne sais combien
de printemps
puis je suis rentré, au pied des cimes abruptes
j'ai choisi une hutte tranquille et vis
dans le dénuement
j'écoute les oiseaux, ils tiennent lieu de musique
à cordes et de chansons
je regarde les nuages, ce sont mes quatre voisins
au pied d'un rocher coule une source limpide,
je vais y rincer mon linge
sur la crête il y a des pins et des cyprès,
ils me fournissent du bois pour me chauffer
à l'aise, je suis vraiment à l'aise
allègre je chante cette belle matinée
j'ai construit un abri au pied d'un pic émeraude
je me nourris humblement, ainsi pour le restant de ma vie
assis nonchalamment en me tenant les genoux,
au loin, dans les montagnes au crépuscule, le son d'une cloche »
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