dimanche 24 septembre 2023

Le jardin des roses et des fruits



Le jardin des roses et le jardin des fruits sont deux livres de Saadi, poète persan du XIIIe siècle. Ils regroupent toutes sortes de contes et d'historiettes pleines de sagesse. 

Elles ont en outre pour nous le goût d'un temps lointain et révolu tout en nous parlant de l'homme de toujours.



Voici donc une de ces historiettes, parmi tant d'autres :

Un riche avare avait un fils malade; des amis lui dirent : "Il convient qu'à son intention tu fasses une lecture complète du Coran, ou que tu offres une victime et que tu la distribues aux pauvres car, grâce à l'heureuse influence de cet acte de dévotion, Dieu lui accordera sa guérison." Le père se plongea un instant dans ses réflexions et dit :"La lecture complète du Coran vaut mieux car le saint livre est sous la main, et le troupeau est éloigné." Un homme sensé ayant entendu ces paroles dit :" Il a choisi la lecture du Coran parce qu'il a ce livre au bout de la langue, tandis que son or est caché au milieu de son cœur."

"Quelle douleur d'incliner le cou en signe d'adoration, s'il fallait en même temps ouvrir la main de la générosité ! Pour un dinar qu'il lui faudra donner, il restera comme un âne embourbé; mais si tu veux une prière, il en récitera cent ! 



On trouve toujours à la fin de ses histoires, une morale ou une explication, souvent livrées avec humour.

samedi 16 septembre 2023

La rentrée

La rentrée est arrivée : nous allons nous retrouver sur nos différentes activités.


Cette année, nous allons continuer à être présents dans les cours pour contribuer à la gestion de la bibliothèque, éditer des thèmes si vous le souhaitez, vous envoyer les liens vers les conférences enregistrées et vous permettre de vous inscrire à nos activités. Pas de changement sur nos tarifs, l'inscription à l'association est toujours de 15 €. Toute l'équipe vous attend pour vous aider à trouver ce qui vous intéresse.


Nous organisons déjà la conférence d'astrologie mondiale qui aura lieu le 1er décembre à 20h00. Cette année, il sera possible d'y assister en présentiel dans notre local du centre d'astrologie. Les places sont limitées, il faudra s'inscrire à l'avance. Nous prévoyons aussi de nous retrouver en même temps en visioconférence sur Zoom comme les dernières années. Un défi pas facile à organiser pour nous, mais nous tenons à le relever. Notre tarif sera de 12 €, au local ou par Zoom (10€ pour nos adhérents). Les inscriptions se feront par Internet et Helloasso pour la visioconférence et au local par chèque ou en espèces pour le présentiel, avec toujours la possibilité de régler par virement.


Voici le thème de la conférence pour l'année 2024 : 

ʺ Oser innover, choisir et s’engager ʺ 

Vendredi 1er décembre 2023 à 20h

En double accès présentiel et visioconférence sur Zoom 

Cette conférence a pour objectif de vous permettre

de mieux comprendre la mutation du monde et de nos sociétés

à travers une prise de recul sur l’actualité

et une compréhension des étapes que l’humanité vit.

Elle est un apport personnel

pour la gestion de votre année 2024,

elle vous donnera des clefs pour saisir

ce qui se passe dans votre vie et une prise de conscience

des cycles qui sont à l’œuvre.  

Les défis de 2024 : 

Conserver la confiance dans l’avenir.

Épouser les mutations de la nature.

Être créatif de nouvelles façons de vivre.

S’ouvrir aux échanges et à la mutualisation.

Suivre le souffle de l’insurrection.

Oser faire des choix de construction pour nos vies.

 

Venez découvrir les enjeux de cette année 2024

pour pouvoir gérer vos décisions de vie en accord avec le rythme du cosmos.

 

Pour plus de précisions, je vous proposerai bientôt un texte plus détaillé sur le contenu de cette conférence.

Vous pourrez également vous inscrire début octobre sur Helloasso.

Je vous souhaite un bel automne et espère vous retrouver très bientôt !

lundi 4 septembre 2023

Stage d'été en Ardèche

 Fin juillet, pas très loin d'Aubenas en Ardèche. La rivière coule en-dessous des bâtiments. Des bâtiments anciens, tout en pierre avec le bruit de l'eau, les arbres de la forêt en toile de fond et des coins pour s'installer, au frais ou au soleil, au bord de l'eau pour se retrouver, pour échanger. Ici, on élevait des vers à soie, jadis.

Nous sommes venus pour un stage sur la relation. Un sujet un peu "technique" en astrologie car s'il est déjà difficile de bien comprendre son propre thème natal, il est encore plus délicat de comprendre ce qui se passe quand deux thèmes se rencontrent.

Mais la complexité technique du sujet n'a pas posé de problème. Guidés par Sylvie Lafuente Sampietro, nous avons pu suivre les différents sujets abordés sans problème.

Nous avions chacun choisi une relation à étudier : une relation entre nous-mêmes et une autre personne, soit parce qu'elle nous posait un problème, soit parce qu'elle nous posait des questions. Nous avons eu des relations de couple, des relations avec les parents ou avec les enfants.


Chacun a pu explorer sa relation et y chercher soit des améliorations, soit des façons de vivre mieux, soit des décisions à prendre.

Le cadre magnifique et reposant nous a aidés à progresser dans notre découverte. Et nous avons fait, au cours de cette semaine, la connaissance d'un martin pêcheur : nous l'avons trouvé, un matin, dans l'herbe. Il était visiblement mal en point et n'arrivait plus à voler. le martin-pêcheur est un oiseau magnifique aux couleurs brillantes et profondes. Il nous a interpellés et nous nous sommes tous sentis concernés par ses difficultés. Nous l'avons appelé Martin. Nous l'avons gardé, choyé pendant une journée, le temps pour que des personnes du centre LPO viennent le récupérer et le prennent en charge. Et nous avons eu de bonnes nouvelles au mois d'août : sa fracture à l'aile s'est consolidée et il sera bientôt relâché. Nous y avons vu une métaphore de notre propre guérison suite à ce stage. Il nous a montré que la guérison des ailes du cœur prend du temps et qu'elle tient souvent à l'entraide relationnelle.




mercredi 21 juin 2023

Altaïr ou Kiboboshi

 Pour terminer l'année, voici l'histoire d'Altaïr, l'étoile dont notre association a pris le nom. Elle est racontée par Florian Freistetter dans un livre passionnant (Etoiles, une histoire de l'univers en cent astres )qui nous raconte toutes sortes d'histoires passionnantes sur les étoiles.


Kiboboshi

Le bouvier et la tisserande céleste

Difficile de manquer l'étoile la plus brillante de la constellation de l'Aigle. Elle n'est éloignée de nous que de 16 années-lumière, possède un éclat 11 fois plus grand que celui du soleil et est la douzième étoile la plus brillante de notre ciel nocturne. Son nom officiel est "Altaïr" : il vient de l'arabe, comme de nombreux autres noms d'étoiles.

Aux VIIIe et IX e siècles, les astronomes arabes approfondissent le savoir de l'Antiquité grecque et assurent leurs propres traductions des œuvres classiques. Au Moyen-Age, lorsque les savants européens traduisent à leur tour ces textes arabes, ils conservent la manière de désigner les étoiles. C'est ainsi que al-nesr al-taïr ("l'aigle volant") devint le nom Altaïr, toujours en usage aujourd'hui. la quasi-totalité des étoiles brillantes portent des noms qui viennent de l'arabe comme Ras Algheti, Algol, Dschubba, Fomalhaut, Mizar, Zuben-el dschenubi et beaucoup d'autres. Certaines, un peu moins nombreuses, portent des noms latins, par exemple Polaris, Regulus et Capella. Mais même si la culture occidentale repose fermement sur les fondements de l'antiquité gréco-romaine et sa réception arabe, nous ne devons pas oublier que le ciel a été observé par tous à toutes les époques. Chaque peuple possède ses propres noms pour ses étoiles et raconte ses propres histoires à leur sujet.



Par exemple, Altaïr est connue au Japon sous le nom de "Hikoboshi" et est célébrée le 7 juillet de chaque année. Pour être précis, une fête est donnée en l'honneur de Hikoboshi et d'Orihime, le bouvier et la tisserande. Leur histoire est contée dans une légende populaire chinoise vieille d'au moins 2600 ans.

Orihime, la fille du dieu du ciel Tentei, confectionne le tissu qui habillera les dieux. Pour divertir sa fille du travail, Tentei lui propose de rencontrer le bouvier Hikoboshi. mais _ il faut bien que jeunesse se passe_ le grand amour leur fait oublier le travail. Bref, les vaches courent sans surveillance à travers le pays et les dieux attendent en vain le tissu pour leurs vêtements. Tentei doit intervenir et séparer les deux tourtereaux. Ils sont bannis chacun d'un côté de Aminogawa, la grande rivière céleste. 

Mais le travail n'est toujours pas fait, car Orihime et Hikoboshi sont bien trop malheureux pour pouvoir se concentrer sur leurs tâches. Il leur est donc permis de se rencontrer une fois par an, le 7e jour du 7e mois. Cependant, lorsque les deux amoureux veulent se retrouver pour la première fois, il n'y a pas de pont pour traverser la rivière céleste. Orihime se met alors à pleurer si fort qu'une nuée de pies la prend en pitié. Avec leurs ailes, les oiseaux forment un pont au-dessus d'Amanogawa et promettent au couple de leur rendre à nouveau ce service à l'avenir, à condition qu'il ne pleuve pas le 7e jour du 7e mois et que la rivière céleste ne transporte pas trop d'eau. 



Aujourd'hui encore, on peut contempler dans le ciel cette histoire d'amour tragique et sa fin heureuse. Hikoboshi est, comme on l'a dit, l'étoile Altaïr. Irohime, la tisserande céleste, est représentée par la brillante étoile Vega. Et comme dans la légende, on aperçoit ente eux la Voie lactée : la rivière céleste Amanogawa. Celui qui observe attentivement distinguera même les sympathiques pies. En effet, des régions de la Voix lactée visibles entre Vega et Altaïr sont couvertes de grands nuages de poussière interstellaire et une bande plus sombre s'étend au-dessus de la "rivière céleste". En été, il est possible de particulièrement bien voir Orihime et Hikoboshi , haut dans le ciel, précisément au moment où l'on célèbre au Japon la fête de Tanabata. Imprégnés de la légende du bouvier et de la tisserande, les japonais dressent des bambous et y accrochent des morceaux de papier, non sans y avoir inscrit les vœux qu'ils aimeraient voir se réaliser...

Les étoiles nous ont inspiré des légendes bien avant que nous sachions ce qu'elles sont réellement. le ciel en est rempli et nous ne devrions en oublier aucune. Car, tout comme les étoiles nous parlent de l'Univers, nos histoires sur elles racontent quelque chose de nous.

dimanche 11 juin 2023

Au mois de juin

 Poème de circonstance, Juin de Leconte de Lisle, un grand poète du XIXe siècle. 



Les prés ont une odeur d’herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l’épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s’éveillent à la fois.

Les cours d’eau diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d’aubépines
Avec le vent rieur et l’oiseau du matin.

Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
L’aube fait un tapis de perles aux sentiers,
Et l’abeille, quittant les prochaines yeuses,
Suspend son aile d’or aux pâles églantiers.

Sous les saules ployants la vache lente et belle
Paît dans l’herbe abondante au bord des tièdes eaux ;
La joug n’a point encor courbé son cou rebelle,
Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux.



Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés,
Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
Hume l’air qui l’enivre, et bat ses flancs pourprés.

La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d’un premier baiser frémit languissamment,
Et son œil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l’amant.

O rougeur, volupté de la Terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le cœur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !


Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
Par essaims éperdus ses songes envolés
Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
Des étés sans ombrage et des désirs troublés.

Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée,
Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !



mardi 30 mai 2023

Histoire édifiante sur la patience


Saadi, poète persan du XIIIe siècle, a écrit entre autres un livres d'"histoires édifiantes et spirituelles" : Le jardin des fruits. Ces petites histoires sont effectivement édifiantes et mettent en avant des leçons de vie pour les hommes de l'époque, mais aussi pour la nôtre, si l'on sait les écouter.


L'école de la patience

Un homme, dont les mérites étaient célèbres, avait un serviteur d'un caractère détestable et d'une laideur repoussante. On reconnaissait que la hideur de son visage était unique. Lorsque ce serviteur recevait l'ordre de préparer un repas, aussitôt il se mettait en colère ;  lorsque le repas était servi, aussitôt il venait s'asseoir grossièrement à table. Le soir, il renouvelait son manège, non sans sans se garder d'offrir à son maître la moindre goutte d'eau. Les reproches, les coups le laissaient indifférent. Le jour, la nuit, il faisait un vacarme infernal dans la maison. Quelquefois, il précipitait des poules dans le puits. Souvent encore, il hérissait de fagots le chemin par lequel son maître devait passer. Quand il allait faire une commission, il restait dehors pendant toute la journée. Devant lui, tout le monde fuyait…

Un jour, un voisin dit au maître :

_ En vérité, pourquoi ne chasses-tu pas ce singulier domestique ? Est-il beau, est-il zélé ? Comment peux-tu supporter les odieuses manières d'un être aussi laid. Je me charge de te trouver un autre esclave sérieux et honnête. Dépêche-toi de vendre celui-ci, au marché. Ne te proposerait-on qu'une obole, accepte-là, et il serait encore payé trop cher.

Le brave homme sourit et dit :

_ Précieux ami, j'avoue que mon esclave est insupportable, mais je lui dois d'être devenu meilleur. Il m'a rendu si patient que je puis maintenant tout supporter de la part de mes semblables.



dimanche 21 mai 2023

Accepter le sort


Une leçon donnée par les hommes de la Grèce antique, ceux de l'Iliade et l'Odyssée. Cette leçon est traduite pour notre époque par Sylvain Tesson dans son langage si particulier !


L'homme homérique accepte son sort, c'est là sa moindre qualité. Selon Aristote, chaque animal sur la terre accomplit "sa part de beauté et de nature." De même, l'homme sur le champ de bataille, dans son jardin, dans son palais est là pour vivre son temps. Il y a l'ordre des choses, il y a la part de l'homme. Que peut-on y changer ? La belle Nausicaa, forte de la sagesse de l'âge tendre, adressera telle leçon à Ulysse : "

Etranger, qui ne sembles sans raison ni sans noblesse,

Zeus est seul à donner aux hommes le bonheur, 

aux nobles et aux gens de peu, selon son gré.

S'il t'a donné ces maux, il faut bien que tu les endures.

(Odyssée, VI, 187-190)

Mais qu'on y prenne garde ! Accepter sa part de vie ne veut pas dire se résigner, passif, aux aléas du sort. Toute l'énergie d'Ulysse ne sera-t-elle pas de retrouver sa place dans l'ordre bousculé par la folie ? Il ne s'abandonnera pas à vivre au gré des courants. Nous touchons là l'un des paradoxes de la définition de la liberté chez Homère : nous sommes en mesure de suivre une course libre dans une carte du ciel dessinée à l'avance. En d'autres termes, tel le saumon déterminé par la nécessité de remonter le flux, on est libres de nager à contre-courant d'un fleuve dont on est impuissant à changer le sens.

"Mais personne n'échappe à son destin, je l'affirme,

une fois né, aucun mortel, ni lâche, ni noble !"

Iliade (VI 488-489)

dira Hector à Andromaque. Nulle révolte dans cette affirmation. L'homme lutte, se démène, navigue au rebours des éléments, se bat, mais ne pratique pas cette activité si cartésienne, si moderne, si française : récriminer contre son sort, chercher des coupables à sa propre faillite, se défausser de ses responsabilités et barbouiller finalement un mur avec son petit pinceau pour expliquer au monde qu'il est interdit d'interdire. Cette capacité d'accueillir ce qui doit advenir rend l'homme grec fort. Fort parce que disponible.