dimanche 25 juin 2017

Voyage au pays des sons




Vendredi soir, comme convenu, nous étions au rendez-vous pour le voyage sonore d'Alain Lafuente, un moment de musique très "originel". Nous avions installé la salle façon tente nomade avec des tapis au sol et les gongs et instruments d'Alain avaient été placés au milieu de la salle, chacun pouvant ainsi ressentir le voyage au plus près des sons, allongé ou assis. 
"Le voyage est un retour vers l'essentiel" dit un proverbe tibétain, et ce voyage sonore en est un bel exemple.

Ce voyage nous emmène très loin, vers nos paysages intérieurs comme nous le présentait Alain. Et ces paysages sont extrêmement variés comme nous avons pu le constater en partageant nos expériences après le spectacle.




De magnifiques sonorités qui nous emplissent, nous font vibrer, d'autres très fortes qui roulent en nous et nous submergent avant de nous rejeter sur le rivage, d'autres enfin nous conduisent dans des endroits plus paisibles vers lesquels nous laisser emporter par le rêve et l'imaginaire.

Pour moi, ce fut un voyage vers des contrées anciennes, inexplorées et sauvages, où l'homme doit se faire accepter par la nature et où il doit la comprendre pour rester en vie, un monde de retour aux sources de l'humanité. Ni terrifiant, ni paisible mais que l'on doit accepter et laisser s'exprimer.




Tous ces sons provoquent d'innombrables sensations, on en oublie le temps, qui s'étire ou raccourcit, et l'on peut dire que cette musique nous nettoie et nous procure une fraîcheur nouvelle.
Quand les sons s'éteignent, que le silence se fait, il est très différent du silence initial, très dense et tous les bruits ont pris une autre saveur.

Un temps d'atterrissage plus tard, nous avons pu partager un apéritif joyeux et plein de chaleur (pas seulement grâce aux 30° de la température !), admirer les gongs, partager nos expériences et repartir heureux de cette superbe aventure en rêvant aux prochaines qui nous attendent...



dimanche 18 juin 2017

Karma

Nous parlons souvent du karma mais souvent sans savoir ce qui se cache vraiment derrière ce mot. 
Le texte que voici, écrit par Matthieu Ricard éclaire cette notion et la loi de causalité enseignée par les bouddhistes.




"Quand nous lançons un caillou en l'air, nous ne  devons pas nous étonner qu'il nous retombe sur la tête. De même, lorsqu'on a commis un acte, quel qu'il soit, on ne peut que s'attendre à ce que, tôt ou tard, il produise un effet. Si l'on souhaite s'affranchir de la souffrance, il est donc logique qu'il faille accomplir certains actes, et en éviter d'autres. La loi de causalité des actes est le fondement même des enseignements du Bouddha, lui qui déclara :

Éviter le moindre acte nuisible
Accomplir parfaitement le bien
Et maîtriser son esprit
Voilà l'enseignement du Bouddha.

Tous les phénomènes résultent du concours d'une infinité de causes et de conditions en perpétuel changement. Comme l'arc-en-ciel qui surgit quand le soleil brille sur un rideau de pluie et s'évanouit dès lors que disparait l'un des facteurs contribuant à sa formation, les phénomènes ne surviennent que par interdépendance et sont donc dénués d'existence autonome et permanente.
Si les phénomènes se conditionnent mutuellement en un vaste processus dynamique et créateur, rien ne surgit, en revanche, de façon arbitraire, et la loi de causalité opère inéluctablement.
Le karma, qui désigne à la fois les actes et leurs effets, est un aspect particulier de cette loi de causalité. C'est lui qui détermine notre lot de bonheurs et de souffrances. Autrement dit, nous subissons les conséquences de nos comportements passés, de même que nous sommes les architectes de nos vies futures.
Dans cette optique, notre destinée ne dépend donc pas d'une puissance extérieure, une volonté divine par exemple. Elle est le fruit de nos actes. On ne récolte que ce que l'on a semé, et rien ni personne ne contraint un individu à renaître de telle ou telle façon, si ce n'est le pouvoir de ses actes.
Par "actes", on n'entend pas seulement les comportements physiques, mais également les paroles  et les pensées qui, elles aussi, peuvent être bénéfiques,neutres ou nuisibles.Bien et mal ne sont pas des valeurs absolues. Une conduite est considérée comme "bonne " ou "mauvaise" en fonction de l'intention, altruiste ou malveillante, qui la sous-tend, ainsi que de ses conséquences : le bonheur ou le malheur pour soi ou pour autrui. A chaque instant de notre vie, nous récoltons les conséquences de notre passé et façonnons notre futur par des pensées, des paroles et des actes nouveaux. Ces derniers sont comme des graines qui, une fois semées, produisent le fruit bénéfique ou nuisible qui leur correspond.



Vues sous cet angle, les souffrances dont nous ne sommes apparemment pas responsables _ le mal que nous font les autres, _ ne sont dues ni à une volonté divine ni à une fatalité inéluctable, pas davantage qu'à un pur hasard. Ce sont des flèches que nous aurions tirées un jour en l'air, puis oubliées, et qui reviendraient sur nous. Cette vision des choses peut paraître déconcertante à un Occidental, surtout si on l'applique à un être innocent qui souffre, ou à un homme foncièrement bon dont la vie n'est qu'une perpétuelle tragédie. Il faut comprendre que selon le bouddhisme, chaque être est le résultat d'un ensemble complexe de causes et de conditions, de bonnes et de mauvaises graines semées dans le passé, et c'est cette combinaison de facteurs multiples qui se manifeste, graduellement et chacune en son temps, au cours de nos vies. Le fait d'en prendre conscience permet d'adopter une attitude plus responsable. Elle nous évite, par exemple, de blâmer les autres pour ce qui nous arrive de déplaisant.
Ne pas se révolter contre ce qui nous échoit par la nature des choses ne signifie pas être fataliste. Nous avons toujours la possibilité de tirer le meilleur parti d'une situation défavorable, quelle qu'elle soit. A nous de décider ce que nous devons faire ou ne pas faire pour construire notre bonheur futur et ne plus engendrer des causes de souffrance.
Comprenant que les actes nuisibles conduisent à tous les maux qui nous affligent,_ nous-mêmes et autrui_, et que les actes bénéfiques engendrent le bonheur, libre à nous d'agir avec discernement. Comme on dit : "Tant que l'on garde sa main dans le feu, il est vain  d'espérer échapper à la brûlure." Pour conclure, nous ne récoltons ni "récompense" ni "punition" : ce qui nous arrive obéit simplement à la loi de la causalité."
Matthieu Ricard dans Chemins spirituels - Petite anthologie des plus beaux textes tibétains


dimanche 11 juin 2017

Notes de chevet

Je me souviens d'avoir joué, lorsque j'étais  jeune, à faire des listes de : j'aime et je n'aime pas. C'était amusant de faire se côtoyer des sensations et des événements qui n'avaient rien à voir entre eux et de se dévoiler ainsi, juste un peu... Mais ce  plaisir des listes est très ancien.




Dans les Notes de chevet de la japonaise Sei Shonagon, ce jeu rejoint la poésie et nous dépayse complètement avec cependant un air de familiarité bien déroutant. Car Sei Shonagon vivait au XIe siècle, elle était dame d'honneur à la cour d'une princesse et ces notes de chevet sont comme une manière de nous faire partager simplement son quotidien avec grâce et raffinement.
Voici donc un extrait qui nous emporte bien loin, dans l'espace et le temps mais les choses humaines sont universelles ...




Choses désolantes :
Un chien qui aboie pendant le jour,
Une nasse à poissons au printemps,
Un vêtement couleur de prunier rouge au troisième ou quatrième mois, 
Une chambre d'accouchement où le bébé est mort,
Un brasier sans feu, 
Un conducteur qui déteste son bœuf,
Un savant docteur à qui naissent continuellement des filles.

Choses peu rassurantes :
La mère d'un bonze qui est parti pour douze ans vivre en reclus dans la montagne,
On arrive à la tombée de la nuit dans une maison où l'on n'a pas l'habitude d'aller,
Comme on ne se soucie pas de se mette en évidence, on ne fait pas de lumière,
On va pouvoir s'asseoir à côté des gens qui sont là sans les connaître.
Un bébé qui ne parle pas encore se renverse à l'arrière et crie en se débattant si quelqu'un veut le prendre dans ses bras.
Manger les fraises dans l'obscurité.
Un fête où l'on ne connait personne.

Choses qui font battre le cœur :
Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum.
Même quand personne ne vous voit, on se sent heureux au fond du cœur.





dimanche 4 juin 2017

Musique pour s'évader

Le 23 juin, nous avons convié Alain Lafuente au local d'astrologie. Il nous propose un voyage sonore.
L'idée nous a intrigués et ce concept de partir avec lui dans un voyage vers l'univers des sons puis l'univers tout court nous a paru une bonne introduction à l'été.
Il faut dire que nous savons ce que peut faire Alain Lafuente avec ses gongs et percussions. Il nous avait déjà régalés de ses festins impromptus qui nous avaient entraînés vers les étoiles.
Cette fois, il nous promet un bain de sons d'une grande variété :




"Immergés dans les vibrations des gongs, vous êtes invités à un voyage où votre imagination (active) vous mènera vers les lointains intérieurs chers à Henri Michaux.
Ce bain de sons d'une grande variété est une expérience sensorielle forte, comme un retour à la source dans des paysages intérieurs, des espaces vastes et sereins.
Une sanza (piano à pouces) augmentée d'effets numériques prolonge les nombreuses sonorités des gongs et ouvre encore l'imaginaire."

Henri Michaux, le voici dans un de ses poèmes extrait de Lointain intérieur :


Penser, vivre, mer peu distincte ;
Moi — ça — tremble,
Infini incessamment qui tressaille.

Ombres de mondes infimes,
ombres d’ombres,
cendres d’ailes.

Pensées à la nage merveilleuse,
qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer ;

étrangères en nos maisons,
toujours à colporter,
poussières pour nous distraire et nous éparpiller la vie.





Pour ce spectacle, vous pourrez être soit couchés soit assis. Vous pouvez donc apporter un coussin et/ou une couverture pour être confortable et vous laisser emporter par le voyage.

Soirée organisée le 23 juin au local d'astrologie, 1, rue Expilly  38 000 GRENOBLE, à partir de 19h00. A l'issue du spectacle, nous pourrons partager un verre avant de retrouver le monde réel...
Entrée : 10€. Il nous reste encore quelques places.Réservations sur : assoc.altair@gmail.com