Penser à la vieillesse n'est pas toujours agréable, mais il vient un moment où l'on est bien obligé d'admettre qu'on y est. Ce n'est pas pour cette raison que tout s'arrête, bien au contraire, même si notre société a tendance à cacher les vieux. Voici donc quelques pensées qui m'ont interpellées. Je les ai relevées dans le livre de Laure Adler, "La voyageuse de nuit ".
"Vous vivez comme si vous alliez toujours vivre, jamais votre vulnérabilité ne vous effleure l'esprit, vous ne remarquerez pas tout le temps qui s'est déjà écoulé; vous le perdez comme si vous pouviez en disposer à volonté alors que ce jour même dont vous faites cadeau à une personne ou une activité, est peut-être votre dernier jour à vivre. Toutes vos craintes sont des craintes de mortels mais tous vos désirs sont des désirs d'immortels." Sénèque
"Il faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et solitude."
Et celui-ci, de Sénèque encore :
"Travaille ton élan et réduis tes bagages...
Même au moment de mourir travaille ton bondissement
Elance-toi dans le rien."
Il est possible alors de voir la beauté du monde :
"C'est seulement en vieillissant que l'on s'aperçoit que la beauté est rare, que l'on comprend le miracle que constitue l'épanouissement d'une fleur au milieu des ruines et des canons, la survie des œuvres littéraires au milieu des journaux et des cotes boursières." Herman Hesse (Eloge de la vieillesse)
Mais vient aussi le moment de s'accepter enfin :
"Il faut parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l'angoisse au consentement de soi-même. A l'adhésion à la vie. " Charles Juliet
Une phrase définitive pour interroger le temps qui passe et nous conduit vers la mort, cette grande inconnue :
"L'homme et la mort ne se rencontrent jamais car quand il vit elle n'est pas là, et quand elle survient, c'est lui qui n'est plus." Epicure
Nous ne pourrions nous quitter sans quelques vers d'Andrée Chedid dont j'aime particulièrement la relation au temps :
"Mes amis, la peine est de ce monde
La peine est de ce monde,
je le sais bien.
Comment deviner, sur la fragile branche,
Le nom des saisons à venir ?
La peine est de ce monde
Ô mes amis que j'aime
Mais chaque fleur d'orage
porte la graine de demain."