dimanche 26 octobre 2014

Pause

Cette semaine, le blog se repose...


Une semaine pour rêver avec Picasso...
A très bientôt !

dimanche 19 octobre 2014

La comète



L'histoire de la comète de Halley est passionnante.
Les hommes avaient observé depuis très longtemps dans le ciel ces boules lumineuses avec leur chevelure qui ne semblaient pas , comme le reste des étoiles, obéir à des règles d'apparition prévisibles. Ils en avaient généralement très peur et elles étaient censées annoncer de grandes catastrophes.
Mais les scientifiques se sont penchés sur leur cas et Halley en 1705 a pu montrer que cette comète qui avait été vue dans le ciel en 1682 revenait régulièrement et qu'on pourrait la voir à nouveau en 1758. Il ne fut pas cru et ne put vérifier sa prévision. Mais plus tard ses calculs furent repris et précisés et la comète apparut bien à nouveau en 1759 , lui donnant raison. Ainsi fut expliqué le mystère de ces corps célestes que sont les comètes. Cette comète-ci prit le nom de son "découvreur " : Halley.

La comète est une boule de glace et de poussières qui tourne autour du soleil ( en 76 ans pour celle de Halley) selon une orbite elliptique. En passant près du soleil qui la réchauffe elle acquière une chevelure et une queue de gaz très spectaculaires. Les scientifiques pensent maintenant que les briques élémentaires ayant servi à créer la vie pourraient exister déjà dans ces comètes arrivées des confins du système solaire il y a bien longtemps. Elles pourraient donc nous aider à comprendre les débuts de la vie sur terre.
Le prochain passage de la comète de Halley dans notre ciel est prévu en 2061.


Le passage de la comète de Halley en 1066 décrit dans la tapisserie de Bayeux


La découverte de Halley fut immortalisée par Victor Hugo dans ce poème de la légende des siècles :

La comète 

Il avait dit : - Tel jour cet astre reviendra. –
...
Il mourut.
L’ombre est vaste et l’on n’en parla plus
... On oublia le nom,
L’homme, tout ; ce rêveur digne du cabanon,
Ces calculs poursuivant, dans leur vagabondage
Des astres qui n'ont point d'orbite et n'ont point d'âge,
Ces Soleils à travers les chiffres aperçus ;
Et la ronce se mit à pousser là-dessus. ...
On vivait. ...
Et depuis bien longtemps personne ne pensait
Au pauvre vieux rêveur enseveli sous l'herbe.
Soudain, un soir, on vit la nuit noire et superbe, ...
Blêmir confusément, puis blanchir, et c'était
Dans l'année annoncée et prédite, et la cime
Des monts eut un reflet étrange de l'abîme
Comme lorsqu'un flambeau rôde derrière un mur,
Et la blancheur devint lumière, et dans l'azur
La clarté devint pourpre, et l'on vit poindre, éclore,
Et croître on ne sait quelle inexprimable aurore
Qui se mit à monter dans le haut firmament
Par degrés et sans hâte et formidablement ; ...
Et soudain, comme un spectre entre en une maison,
Apparut, par-dessus le farouche horizon,
Une flamme emplissant des millions de lieues,
Monstrueuse lueur des immensités bleues,
Splendide au fond du ciel brusquement éclairci ;
Et l'astre effrayant dit aux hommes : « Me voici ! »

Victor Hugo,   La légende des siècles.



dimanche 12 octobre 2014

Bénis sont les conteurs d'histoires



J'ai découvert que Frédéric Lenoir vient de faire paraître un conte (Coeur de crystal) et je me suis posé la question de la sagesse des contes. Pourquoi les contes , sans en avoir l'air, nous parlent aussi fort ? Pourquoi sont-ils intemporels ? pourquoi sommes-nous prêts à suivre les conteurs quel que soit notre âge ?
Et je suis arrivée jusqu'à une interview de Henri Gougaud qui disait que les contes sont des êtres vivants. On peut leur parler et c'est une expérience inoubliable.
Etonnant. 
Il nous dit aussi ceci dans le livre des chemins :
"Les contes ont pour berceau la nuit des temps. Combien de siècles, de pestes, de révolutions, de montagnes et de mers ont-ils traversé avant de nous parvenir ? Les contes sont dans l'âme humaine comme dans leur maison. Ils ont vécu assez longtemps dans l'intimité des êtres pour tout savoir de nos soucis, de nos rêves, de nos désirs. Ils savent ce que vous ignorez. Demandez-leur une réponse aux questions qui vous préoccupent. Ils vous répondront." 




Le conteur ne se lasse pas de raconter ses histoires, nous dit-il encore, car la relation qui se crée dans l'instant avec son auditoire , avec la qualité de son écoute, est unique et donc renouvelée à chaque expérience.
On se dépasse et on est étonné par ce qui nous traverse.
Voilà qui me rend un peu triste de ne vous faire partager les contes qu'à travers l'écrit. Ces contes écrits sont faits pour être lus, retransmis et dits par celui qui s'en emparera.




A ce point de ma réflexion, j'ai découvert un conte tiré des "contes des sages juifs". Il nous parle mieux que moi des conteurs d'histoires :

"LEternel avait mis beaucoup de savoir dans les gemmes, les plantes et les bêtes. Le lapis-lazuli, le cèdre bleu, le pic-vert comme toutes les créatures connaissaient leurs affaires. A peine sortie de l'œuf, la frégate se souvenait de la parade nuptiale que l'Eternel lui avait confié. Le papillon sortait de sa nuit en robe de mariée. L'homme vint, tissé d'oubli. Il devait chercher, oser, accomplir. Il devait libérer et rassembler les étincelles de lumières dispersées dans la Création. Il reçut ainsi le mouchoir où la shekina avait écrit avec ses larmes des milliers de lettres sacrées, le mouchoir de la Torah du peuple juif. Au creux du Saint linge qui voile l'éclat de son visage, brillait une goutte aussi vaste qu'un océan. Elle avait la couleur de l'exil et une profondeur insondable. 
Quatre fois bénis sont les conteurs d'histoires, ils sont trempés dans cette larme, anéantis et bercés, brassés, nettoyés par les vagues, ils sont traversés par le feu de la parole et assagis par le souffle.
Ils cueillent sur les visages les sourires et les pleurs de leurs semblables, invités au festin. Vois le cadeau qu'ils ont reçu : ils étudient jour et nuit pour libérer et rassembler les histoires."



Images tirées des "Contes de la nuit" de Michel Ocelot

dimanche 5 octobre 2014

Une soirée avec les étoiles



Des nuages sont apparus dans le ciel, mercredi soir.
Et pour voir les étoiles, ils ne sont pas les bienvenus.
Peu importe, nous avions décidé d'y aller, nous sommes donc partis pour le col de la Placette.

La lune nous attendait, et même à son premier quartier, elle nous éclairait.
La lumière de la lune est bien particulière et nous, les citadins, n'avons pas souvent l'occasion de marcher sous son seul éclairage. Il fait sombre mais elle éclaire suffisamment nos pas sur le chemin pour que nous ne tombions pas. Et au bout du chemin, sa lumière dans la prairie entourée au loin par les monts de la Chartreuse nous fait ressembler à des ombres chinoises.




Bien sûr, lorsque la lune éclaire le ciel, les étoiles sont un peu moins visibles, mais le spectacle est tout aussi beau. Les nuages se sont dissipés tranquillement et nous avons pu regarder les étoiles se coucher comme Arctarus ou se lever comme Capella. Nous avons retrouvé nos vieilles connaissances, la Grande et la petite ourse, l'étoile polaire et Cassiopée, le grand triangle d'été avec Altaïr, Deneb et Vega. Les autres nous sont apparues au fur et à mesure de l'obscurcissement du ciel. Regarder la lune dans les jumelles fut aussi un grand moment, elle semblait nous parler en se rapprochant de nous.
Un moment de calme ensuite pour se laisser imprégner par tant de beauté, en oubliant le reste du monde qui nous attend de l'autre côté de la montagne.
Et doucement, le retour par la petite route, toujours éclairés par la lune, avec de nouvelles étoiles pour nous accompagner comme Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral.
Le paysage se découpe en noir sur cette lumière blanche, les arbres font de la dentelle sur le ciel, et les maisons éclairées nous rappellent petit à petit à notre univers habituel.
Encore une belle soirée, différente des précédentes et une grande satisfaction de l'avoir réussie car ce n'est pas toujours facile de prévoir  un soir où les nuages ne viendront pas troubler notre désir d'observer l'univers.




Si ces soirées sont uniques, c'est aussi grâce au groupe que nous formons pour cette occasion. Sylvie nous guide dans l'observation, mais tout le monde observe, cherche et questionne. Certains ont des applications sur leur smartphone pour suivre les étoiles, certains entonnent un gospel, d'autres rient, de petits groupes se forment et tout le monde est porté par cette atmosphère unique que crée la nuit sous la voûte céleste. Nous nous séparons heureux d'avoir partagé ce beau moment. 




Et pour celles et ceux chez qui ma description n'a rien évoqué, voici quelques mots de Christian Bobin qui vous parleront peut-être :

"L'intelligence cherche toujours quelque chose à aimer, le but étant de devenir soi-même comme le ciel étoilé. La vie est une fête de sa propre disparition : la neige, comme des milliers de mots d'amour qu'on reçoit et qui vont fondre, les roses sont comme des petites paroles brûlantes qui vont s'éteindre, et celui qui arrive à les déchiffrer doit être d'une précision hallucinante s'il veut être cru, s'il veut parvenir à faire voir à d'autres ce qu'il a vu." La lumière du monde (Christian Bobin)