Je vous propose aujourd'hui deux textes taoïstes dans lesquels nous voyons à l'oeuvre la recherche de l'harmonie de l'homme avec la nature et l'univers.
Ce principe très important pour les philosophies chinoises tire son origine du Yi-king (le livre des changements) qui propose également de déterminer le temps opportun dans lequel une action doit se réaliser.
Voici d'abord un extrait du Huainan Zi, il s'agit du début intitulé " De la chaîne originelle" :
"Par son mutisme paisible, le gouvernement de la Suprême clarté rend le peuple harmonieusement conforme au ciel. D'un caractère authentique, simple et brut, il protège la sérénité de l'agitation et les déductions de la fausseté. Lorsqu'il s'applique à l'intérieur, il est uni au Dao, lorsqu'il s'étend à l'extérieur, il est en accord avec la justice. Quand il impulse un mouvement, il se réalise avec élégance, quand il décide d'agir, c'est à l'avantage des êtres. Sa parole concise est conforme aux principes, ses actes sans apprêt suivent les dispositions foncières des êtres. Son cœur insouciant est sans tromperie, ses affaires sont traitées simplement, sans fioritures. C'est pourquoi il ne choisit ni les moments ni les jours, il ne devine l'avenir au moyen de l'achillée et de la tortue. Il ne délibère point sur le commencement d'une entreprise, pas plus qu'il n'envisage son terme. Lorsque tout est paisible, il s'arrête, lorsque tout déferle, il agit. Il fait communiquer son corps avec le ciel et la terre, rend ses essences semblables au yin et au yang, et harmonieusement, ne fait qu'un avec les quatre saisons. Plus lumineux et éclatant que le soleil et la lune, il se comporte comme mâle et femelle avec ceux qui créent et transforment."
Un deuxième texte de Tchouang Tseu complète cette idée de l'harmonie, de l'adaptation et de l'unité :
"La mort et la vie, l'existence et la non-existence,
Le succès et l'échec, l'aisance et la pauvreté,
La vertu et le vice, la sagesse et l'ignorance,
La louange et le blâme, la soif et la faim,
Le chaud et le froid, se suivent,
se transforment sans cesse et forment le destin.
De même, jours et nuits se succèdent
Sans qu'on puisse savoir depuis quand.
Mais tous ces événements ne doivent perturber
Ni le corps ni l'esprit :
Il suffit jour après jour de garder son calme,
De vivre en paix avec les autres,
De s'adapter aux circonstances et, ainsi,
De développer ses dons naturels."
Terminons enfin avec Marc-Aurèle, qui nous incite lui aussi à l'harmonie avec la nature :
"Un instrument, un outil, un ustensile quelconque, s'il se prête à l'usage pour lequel il a été fabriqué, est de bon emploi et cela bien que le fabricateur soit alors absent. Mais s'il s'agit de choses qu'assembla la nature, la force qui les a fabriquées est en eux et y demeure. Voilà pourquoi il faut l'en révérer davantage et penser que, si tu te conduis et si tu te diriges selon son bon vouloir, tout en toi sera selon l'intelligence. Il en est de même pour le Tout, tout ce qu'il fait est conforme à l'intelligence."