Recommençons en douceur et en restant dans le ciel avec une légende qui nous vient du Tibet.
Elle est racontée par Patrick Fishmann.
Les Bön proviennent d'une ancienne tradition spirituelle du Tibet, avant le bouddhisme.
Les larmes d'Avalokiteshvara
_ Tu m'as demandé pourquoi les Bön tâchaient de prévenir les événements en les déchiffrant dans le ciel ? je vais te répondre, te conter une histoire, j'ajouterai un secret, Bhuchung, pour fêter tes huit ans.
L'être humain baigne dans la vie du cosmos pris entre deux : d'un côté, le monde physique, les plantes, les animaux et les êtres célestes; de l'autre, les divinités et les démons des sept royaumes. L'homme réside entre ces forces, ballotté par les orages, pris dans la bourrasque. Tout l'influence et il se laisse malmener. Il faut être un bouddha pour échapper au pouvoir des plaisirs et des peines. Ce monde propose un mélange d'agrément et de douleur. C'est une situation propice pour envisager la voie de l'éveil.
Les Bön se sont demandé s'ils pouvaient prévenir les invasions. Ils ont observé les états d'âme pour voir s'ils attiraient fortunes et calamités. Ils ont cherché à saisir la nature des êtres magiques pour les éviter, les attirer ou se les concilier. Enfin, ils ont médité sur la vie des grands êtres qui éclairent la voie.
Quand Maya vit en songe un éléphant blanc venir des montagnes, portant dans sa trompe un lotus, le roi convoqua les brahmanes astrologues afin d'interpréter le rêve. On attendit de leur prophétie un grand monarque ou un grand maître. Ainsi naquit Siddhârta Gautama, qui devint, comme tu le sais, le Bouddha.
On avait aussi prédit le retour de Shakyamuni. Emanant du cœur d'Amithaba, le bouddha de la compassion, apparut un petit garçon de ton âge, assis sur un lotus. Ce Guru Rinpotche, je t'en ai parlé. je t'ai dit pour le dalaï-lama, comme on l'avait cherché, puis trouvé. Comme ça, pour bien d'autres. Mais je t'ai promis un secret pour tes huit ans, alors voilà :
Tu sais que notre guide, Tchenrezi, est venu secourir et illuminer le Tibet. Moi, je le nomme Avalokiteshvara parce qu'on l'appelait comme ça, quand j'étais petit dans les montagnes. Comme il vit que tous les êtres de l'univers souffraient sur le sentier baigné d'étoiles, il versa deux larmes. Celle qui coula de son oeil droit devint Tara verte, tandis que la perle qui jaillit de son oeil gauche se transforma en Tara blanche. Tara veut dire étoile, elle est la compagne et la mère de tous les bouddhas. Dans son coeur bat la sonorité tam, verte, posée sur une lune. Belle, souriante, tara-étoile a seize ans, le teint des émeraudes et tient devant son coeur un lotus épanoui à l'oreille. Elle donne naissance à l'idée d'éveil, le Dharma qui illumine tous les êtres comme la lumière du soleil et de la lune.
Tara est celle qui libère
Et protège les êtres
De toutes les peurs,
De toutes les souffrances,
Quelles qu'elles soient.
Pour elle, chacun est son enfant sur la voie. Il chevauche une montagne, à la fois fragile, fort, tel un perce-neige. Elle veille à ses côtés pour l'aider à traverser le Samsâra et dompter pacifiquement les puissances qui risquent de le faire tomber. Tu peux l'appeler, elle vient, elle veille à ce que les démons ne t'emportent pas. Chaque fois que tu auras besoin, elle te sauvera. Que tu l'imagines sous l'une de ses vingt et une apparences ou que tu la rencontres sous l'aspect d'une femme au coeur pur. C'est le secret, Bhushung, quelles que soient les influences, les forces à l'oeuvre, les raffuts provoqués par les démons, sur ton sentier baigné d'étoiles, ces deux larmes te porteront.
Dans mon village, on raconte qu'Avalokiteshvara fut jadis un singe de la vallée de Yarlung, que Tara-étoile-qui-sauve errait sous la forme d'un yeti. Ils s'étaient rencontrés, dit-on, pour finalement s'aimer et donner naissance à six enfants, les premiers hommes. Petit, sers-toi de ces images de notre folklore, crées-en de nouvelles, les moines ont parfois tendance à s'imaginer qu'une vie d'homme est préférable à une incarnation de femme ou qu'un singe est meilleur qu'un yeti. Tchenrezi sur le mont Potala a entonné dix millions de fois le mantra de Tara, à l'intention de tous les êtres. Chante avec lui l'étoile, bois les larmes qui éveillent et chevauche ta montagne, bon chemin et bon anniversaire Bhuchung !
Elle est racontée par Patrick Fishmann.
Les Bön proviennent d'une ancienne tradition spirituelle du Tibet, avant le bouddhisme.
Les larmes d'Avalokiteshvara
_ Tu m'as demandé pourquoi les Bön tâchaient de prévenir les événements en les déchiffrant dans le ciel ? je vais te répondre, te conter une histoire, j'ajouterai un secret, Bhuchung, pour fêter tes huit ans.
L'être humain baigne dans la vie du cosmos pris entre deux : d'un côté, le monde physique, les plantes, les animaux et les êtres célestes; de l'autre, les divinités et les démons des sept royaumes. L'homme réside entre ces forces, ballotté par les orages, pris dans la bourrasque. Tout l'influence et il se laisse malmener. Il faut être un bouddha pour échapper au pouvoir des plaisirs et des peines. Ce monde propose un mélange d'agrément et de douleur. C'est une situation propice pour envisager la voie de l'éveil.
Les Bön se sont demandé s'ils pouvaient prévenir les invasions. Ils ont observé les états d'âme pour voir s'ils attiraient fortunes et calamités. Ils ont cherché à saisir la nature des êtres magiques pour les éviter, les attirer ou se les concilier. Enfin, ils ont médité sur la vie des grands êtres qui éclairent la voie.
Quand Maya vit en songe un éléphant blanc venir des montagnes, portant dans sa trompe un lotus, le roi convoqua les brahmanes astrologues afin d'interpréter le rêve. On attendit de leur prophétie un grand monarque ou un grand maître. Ainsi naquit Siddhârta Gautama, qui devint, comme tu le sais, le Bouddha.
On avait aussi prédit le retour de Shakyamuni. Emanant du cœur d'Amithaba, le bouddha de la compassion, apparut un petit garçon de ton âge, assis sur un lotus. Ce Guru Rinpotche, je t'en ai parlé. je t'ai dit pour le dalaï-lama, comme on l'avait cherché, puis trouvé. Comme ça, pour bien d'autres. Mais je t'ai promis un secret pour tes huit ans, alors voilà :
Tu sais que notre guide, Tchenrezi, est venu secourir et illuminer le Tibet. Moi, je le nomme Avalokiteshvara parce qu'on l'appelait comme ça, quand j'étais petit dans les montagnes. Comme il vit que tous les êtres de l'univers souffraient sur le sentier baigné d'étoiles, il versa deux larmes. Celle qui coula de son oeil droit devint Tara verte, tandis que la perle qui jaillit de son oeil gauche se transforma en Tara blanche. Tara veut dire étoile, elle est la compagne et la mère de tous les bouddhas. Dans son coeur bat la sonorité tam, verte, posée sur une lune. Belle, souriante, tara-étoile a seize ans, le teint des émeraudes et tient devant son coeur un lotus épanoui à l'oreille. Elle donne naissance à l'idée d'éveil, le Dharma qui illumine tous les êtres comme la lumière du soleil et de la lune.
Tara est celle qui libère
Et protège les êtres
De toutes les peurs,
De toutes les souffrances,
Quelles qu'elles soient.
Pour elle, chacun est son enfant sur la voie. Il chevauche une montagne, à la fois fragile, fort, tel un perce-neige. Elle veille à ses côtés pour l'aider à traverser le Samsâra et dompter pacifiquement les puissances qui risquent de le faire tomber. Tu peux l'appeler, elle vient, elle veille à ce que les démons ne t'emportent pas. Chaque fois que tu auras besoin, elle te sauvera. Que tu l'imagines sous l'une de ses vingt et une apparences ou que tu la rencontres sous l'aspect d'une femme au coeur pur. C'est le secret, Bhushung, quelles que soient les influences, les forces à l'oeuvre, les raffuts provoqués par les démons, sur ton sentier baigné d'étoiles, ces deux larmes te porteront.
Dans mon village, on raconte qu'Avalokiteshvara fut jadis un singe de la vallée de Yarlung, que Tara-étoile-qui-sauve errait sous la forme d'un yeti. Ils s'étaient rencontrés, dit-on, pour finalement s'aimer et donner naissance à six enfants, les premiers hommes. Petit, sers-toi de ces images de notre folklore, crées-en de nouvelles, les moines ont parfois tendance à s'imaginer qu'une vie d'homme est préférable à une incarnation de femme ou qu'un singe est meilleur qu'un yeti. Tchenrezi sur le mont Potala a entonné dix millions de fois le mantra de Tara, à l'intention de tous les êtres. Chante avec lui l'étoile, bois les larmes qui éveillent et chevauche ta montagne, bon chemin et bon anniversaire Bhuchung !