dimanche 27 septembre 2020

Adaptation

 Nous avons plus que jamais en ce moment le besoin (ou le devoir ?) de nous adapter à chaque instant.

Nous avons prévu mardi prochain de vous présenter un hommage à André Barbault, le grand astrologue disparu en 2019. Je ne sais pas encore si cette soirée va être maintenue à l'heure où j'écris. Nous avions déjà prévu cet hommage au printemps, mais nous n'avons pas pu le faire puisque nous étions confinés.

Voici en attendant quelques éléments que j'ai réunis à son sujet, en attendant de nous retrouver pour l'évoquer.


André Barbault a, entre autres travaux, profondément modifié l'approche de l'astrologie mondiale.

Auparavant, les astrologues s'intéressaient aux transits des planètes dans le ciel. Il s'est aperçu, en observant les faits et événements des années et siècles passés, que des événements avaient des résonnances des années plus tard. Ces événements intervenaient à des moments particuliers du cycle des planètes entre elles. Il en a conclu que c'est la notion de cycle que l'on doit étudier en astrologie mondiale. Les cycles étudiés sont ceux que forment les planètes lentes entre elles : Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton.



C'est extrêmement intéressant de reprendre les événements des cycles précédents pour comprendre ce qui peut se passer dans le cycle actuel des planètes.

C'est ce que Sylvie Lafuente Sampietro fait, entre autres,  lors de sa conférence d'astrologie mondiale.

J'ai trouvé ce texte qui faisait partie des hommages qui ont été rendus à André Barbault depuis sa mort :

"André Barbault a rénové et redonné ses lettres de noblesse à l’astrologie mondiale. Mais il a aussi réalisé cette rénovation dans de nombreux autres domaines. À partir de 1950, avec la publication d’Analogies de la dialectique Uranus-Neptune, il renouvelle l’approche de la symbolique des planètes. Dans Défense et Illustration de l’Astrologie en 1955 il entend rénover aussi bien l’astrologie individuelle que l’astrologie mondiale. En 1961, il réalise la rénovation de la première avec la publication de son Traité Pratique d’Astrologie et en 1967, celle de la seconde avec son livre Les Astres et l’Histoire." Hommage de l'association Agape

Et pour continuer avec l'astrologie, voici une phrase de Dane Rudhyar, un autre très grand astrologue, qui fait écho aux recherches d'André Barbault :

"L'astrologie trouve toute sa dimension dans le fait qu'elle transforme le profane en sacré, les données de l'astronomie en la révélation d'un ordre cosmique présent tant dans la cellule et la personne humaine que dans le système solaire et la galaxie. Tenter de faire de cette discipline une "science" fondée sur des données empiriques et statistiques revient à nier sa nature profonde et immémoriale." Dane Rudhyar

Dane Rudhyar

Finalement, cette soirée hommage n'aura pas lieu mardi. Nous verrons comment évoquer malgré tout le souvenir du grand astrologue.

dimanche 20 septembre 2020

Les moines et les voleurs

 


J'ai terminé le livre d'Emmanuel Carrère : sa prose se lit très bien et même si ce n'est pas un roman, on est pris par la lecture de ses aventures . Il parle beaucoup de lui, de ses expériences, je ne vais pas en reparler ici. J'ai trouvé au hasard des pages cette histoire qu'il raconte et qu'il dit beaucoup aimer. Moi aussi, je vous l'ai recopiée :

"C'est un voleur qui a entendu parler du trésor que les moines gardent dans une pièce cachée de leur monastère. Espérant faire main basse sur ce trésor, il entre comme homme de peine au monastère. 

Pendant dix ans, il balaie la cour, ramasse les ordures, accomplit les tâches les plus humbles, tout en furetant dans le monastère, en prêtant l'oreille aux conversations des moines, en cherchant où pourrait bien se trouver la pièce au trésor.


Au bout de dix ans, il a mis tant de zèle au service de sa cupidité que le père abbé lui propose le noviciat. Il reste novice encore dix ans, toujours furetant, épiant, se tenant aux aguets, de plus en plus obsédé par le trésor. Dix ans encore, et il prend les ordres, et il dit ses prières, jour après jour, en espérant trouver le trésor et se barrer avec. C'est ainsi qu'il devient un grand saint, et c'est seulement à la fin de sa vie, sur son lit de mort, qu'il comprend que le trésor c'était cela : sa vie au monastère, ses prières, son entente avec les autres frères, et que s'il y a accédé, c'est parce qu'il était un voleur."

Une belle leçon ! 


Et en voici une autre, qui n'est pas dans le livre d'Emmanuel Carrère. On y retrouve les mêmes personnages dans un temple japonais mais le moine par sa grande sagesse va réussir à ébranler le voleur : 

"En ce temps-là, vivait aux environs de Heian-Kyo, dans un temple perdu dans la forêt, un moine connu pour sa grande sagesse, nommé Shichiri Kojun. Ce soir-là, le saint homme était seul. Il récitait des sûtras au pied d’une statue du bouddha. Soudain, la porte du temple s’ouvre à la volée. Un homme d’aspect effrayant, grossièrement vêtu, fait irruption dans la salle de prière. II met sur la gorge de Shichiri sa longue épée effilée : « Moine, donne-moi l’argent des offrandes ou je te coupe la tête et la fais rouler au pied des autels. »

Shichiri était installé en Siddhasana (la posture de méditation), le dos droit, les genoux repliés, il garda la position et pas un muscle de son visage ne tressaillit : « Prends l’argent qui est dans le vase des offrandes, ne me dérange pas dans mes prières. »

Et il reprit la récitation des sûtras.

Le voleur se dirigea vers l’endroit indiqué et commença à remplir ses poches. Dans sa hâte, il faisait tinter les pièces, et parfois un juron lui échappait quand l’une d’elles roulait sur le sol. Il fallait reconnaître qu’il était embarrassé par sa grande épée.

Au bout d’un moment, sans tourner la tête, le moine déclara: « Ne prends pas tout l’argent, je dois payer l’impôt du temple demain matin. »

Le voleur, impressionné par la fermeté de la voix et le sang-froid imperturbable du moine, laissa en maugréant un peu d’argent au fond du vase des offrandes. II s’en allait avec son butin lorsque le moine dit encore : « Quand on reçoit un présent, on doit remercier, fais-le ! »

Le voleur subjugué marmonna un vague merci et disparut.

Un an plus tard, le voleur fut arrêté. II avoua, entre autres méfaits, le vol commis au temple, crime qui était puni de mort. Confronté au moine, il l’entendit avec stupeur déclarer : « Moi, Shichiri, je déclare que cet homme n’a pas profané le temple, je lui ai donné une grande partie de l’argent des offrandes, et il m’a remercié, tout est en ordre. » Le voleur fut condamné à cinq ans de prison seulement.

Quand il fut libre, il vint trouver Shichiri dans le temple perdu dans la forêt et il devint son disciple. Dans les années qui suivirent, les visiteurs et les pèlerins admirèrent sa profonde piété. Ainsi a-t-il été rapporté des histoires du passé.



dimanche 13 septembre 2020

Méditer sans se prendre la tête

Dans le nouveau livre d'Emmanuel Carrère, dans lequel je me suis lancée, j'en suis à la moitié, il parle beaucoup de méditation, yoga et taï-chi. C'est le début du livre. Par la suite, il nous raconte sa dépression et sans doute bien d'autres choses mais je n'en suis pas encore là.


Il essaie de nous donner une définition de la méditation ( en fait, il en donne au moins une dizaine dans le livre). J'aime beaucoup celle-ci parce qu'elle parle de ce que nous avons tous vécu en débutant la méditation et sans doute par la suite, pour ceux d'entre nous qui continuent dans cette voie.

La voici donc, dans le style simple et fluide d'Emmanuel Carrère, que j'aimerais tant pouvoir trouver pour mon écriture :

" La méditation, c'est tout ce qui se passe en soi pendant le temps où on est assis, immobile, silencieux. L'ennui c'est la méditation. Les douleurs au dos, aux genoux, à la nuque, c'est la méditation. Le gargouillis dans le ventre, c'est la méditation. L'impression de faire un truc de spiritualité bidon, c'est la méditation. Le coup de téléphone qu'on prépare mentalement et l'envie de se lever pour le passer, c'est la méditation. La résistance à cette envie, c'est la méditation _ mais pas y céder, quand-même. C'est tout. Rien de plus. Tout ce qui est en plus est en trop. si on fait cela régulièrement dix minutes, vingt minutes, une demi-heure par jour, alors ce qui se passe pendant ce temps où on reste assis, immobile et silencieux, change. La posture change. La respiration change. Les pensées changent. Tout cela change parce que tout change, de toute façon, mais tout cela change aussi parce qu'on l'observe. On en fait rien en méditation, on ne doit surtout rien faire, sauf observer. On observe l'apparition des pensées, des émotions, des sensations dans le champ de la conscience. On observe leur disparition. On observe leurs pilotis, leurs points d'appui, leurs lignes de fuite. On observe leur passage. On n'y adhère pas, on ne les repousse pas. On suit le courant sans se laisser emporter. A force de faire ça, c'est la vie même qui change. On ne s'en rend pas compte d'abord. On a la vague impression d'être au bord de quelque chose. Petit à petit ça se précise. On se décolle un peu, un tout petit peu, de ce qu'on appelle soi. Un tout petit peu, c'est déjà beaucoup. C'est déjà énorme. Ça vaut la peine. C'est un voyage. Au début de ce voyage, dit un poème zen, la montagne au loin a l'air d'être une montagne. Au fil du voyage, la montagne ne cesse de changer d'aspect. On ne la reconnait plus, c'est toute une fantasmagorie qui remplace la montagne, on ne sait plus du tout vers quoi on s'achemine. A la fin du voyage, c'est de nouveau la montagne, mais ça n'a rien à voir avec ce qu'on apercevait de loin  il y a longtemps, quand on s'est mis en route. C'est vraiment la montagne. On la voit enfin. On est arrivé. On y est.

On y est."

Emmanuel Carrère (Yoga)



Toutes ses définitions sont intéressantes, il nous les livre au fur et à mesure des expériences vécues dans le livre. Ce que j'aime, ce sont les doutes exprimés sur toutes ces disciplines de développement personnel. Ils sont tellement vivifiants !



dimanche 6 septembre 2020

Accueillir

                              

Savoir accueillir est tout un art. Accueillir ce qui est, ce qui nous advient, et pouvoir accueillir l'autre avec joie, car tout ce qui nous advient peut nous être un guide. Un guide pour avancer sur notre chemin.




Rumî le dit mieux que moi, dans ce poème que Fabrice Midal a placé sur ma route, dans un livre sur la méditation :

"L'être humain est comme une auberge

Chaque matin, une nouvelle arrivée


Une joie, une dépression, une rancœur

Un moment de prise de conscience qui vient

Comme un visiteur inattendu


Accueille-les et reçois-les-tous !

Même s'ils sont une foule de chagrins

Qui balaye violemment ta maison

la vide de son mobilier


Continue à traiter chaque hôte honorablement

Il se pourrait qu'il fasse place

à quelque nouvelle joie.


La pensée sombre, la honte et la malveillance,

Accueille-les à la porte en souriant

Et invite-les à rentrer


Sois reconnaissant pour quiconque arrive,

Car chacun d'eux a été envoyé

Comme un guide venant de l'au-delà."

Rumî



Ce poème est très parlant aujourd'hui, alors que nous sommes dans l'incertitude de l'avenir. Il nous dit d'accueillir ce qui nous arrive comme un guide. Un guide pour créer notre vie.