Vous
avez sans doute admiré comme moi les feuillages légers et les tiges
souples et fortes des bambous. Les bambous forment de très beaux
bosquets animés par le vent, mais la symbolique du bambou
est forte pour les Chinois ! Et toutes ses qualités parlent à chacun de nous.
Ecoutons ce qu'en dit François Cheng dans un discours sur la vertu :
"Le bambou, dont la tige élancée et les feuilles acérées sont proches des traits de la calligraphie est devenu une figure emblématique du meilleur esprit chinois. Les sens symboliques qu’il suscite sont multiples. Quels sont-ils ? D’abord la droiture et l’élévation, à l’image de cette plante qui s’élance tout droit comme d’un jet. Ensuite, la jeunesse et la fraîcheur d’esprit, car le bambou, demeure toujours vert. Puis, l’idée d’un perpétuel dépassement de soi. En effet, en sa croissance, le bambou ne pousse pas sur une simple ligne continue ; il est formé d’une succession de sections, comme autant d’étapes de vie, ou autant de sauts qualitatifs par lesquels il cherche à se dépasser. Une autre vertu encore suggérée par un aspect spécifique du bambou : l’intérieur de celui-ci est creux, plus exactement, il est vide. Avoir le cœur vide se dit en chinois xu-xin. Cette expression n’est nullement péjorative. Car « avoir le cœur vide » signifie « avoir le cœur habité par la vacuité », c’est-à-dire un cœur ou un esprit dénué de vanité et de suffisance. La vertu en question, donc, n’est autre que l’humilité. A-t-on épuisé là les vertus incarnées par le bambou ? Un dernier point mérite d’être signalé. On sait que la tige de bambou porte en son extrémité de longues feuilles fines et mobiles. Lorsque passe une brise, elles produisent des sons susurrants et mélodieux. Poètes et peintres aiment à demeurer assis au milieu de bambous, à laisser leurs méditations bercées par cette musique intime. Le sommet du bambou rayonne ainsi d’une qualité suprême : la grâce du recueillement et du chant."
Et je ne résiste pas à vous citer la métaphore du bambou, qui vient compléter ce panorama :
"On raconte qu'il existe en Chine une variété de bambou tout à fait particulière. Si l'on en sème une graine dans un terrain propice, il faut s'armer de patience... En effet, la première année, il ne se passe rien : aucune tige ne daigne sortir du sol, pas la moindre pousse. La deuxième année, non plus. La troisième ? Pas davantage ! La quatrième, alors ? ... Que nenni ! Ce n'est que la cinquième année que la bambou pointe enfin le bout de sa tige hors de terre. Mais il va alors pousser de douze mètres en une seule année; quel rattrapage spectaculaire ! La raison en est simple : pendant cinq ans, alors que rien ne se produit en surface, le bambou développe secrètement de prodigieuses racines dans le sol grâce auxquelles, le moment venu, il est en mesure de faire une entrée triomphante dans le monde, au grand jour." (Olivier Clerc)
Je vous laisse méditer avec le bambou sur les grandes étapes de la croissance, sur l'humilité et sur les grands changements qui se préparent en secret ...
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