Un magnifique poème mystique soufi que la conférence des oiseaux ! Ecrit au XIIe siècle par Farid-ud-Din ‘Attâr, en voici un bref résumé, mais il vaut mieux le lire, car, nous dit le poète : "Lis ce livre, chercheur, tu sauras où aller. Savoure-le longtemps et tu seras nourri."
La plume de Simorgh était indescriptible. Sa forme et ses couleurs, à peine vues, changeaient. Chacun n’en perçut qu’un instant, un éclat, mais ce fut assez pour que les cœurs en soient épris. […]
Ce qu’on peut voir de cette plume ? Autant de vivants en ce monde, autant de ses métamorphoses, autant de contours, de couleurs, autant d’œuvres nées d’un regard, autant d’empreintes passagères de son incessante beauté.
Bref, dire plus m’est impossible. Oiseaux, il vous faut décider. Qui veut partir à la recherche de ce Roi que vous désirez ? Qui d’entre vous franchit le pas ? »
Farid-ud-Din ‘Attâr. La conférence des oiseaux (adapté par H Gougaud).
Le lointain roi de tous les oiseaux, le Simorgh, fait tomber l’une de ses magnifiques plumes au centre de la Chine : les oiseaux décident de partir à sa recherche.
Ils savent que le nom de leur roi signifie Trente oiseaux ; ils savent que son palais est situé dans Kaf, la montagne circulaire qui entoure la Terre. Ils s’embarquent dans l’aventure presque sans fin.
Ils passent à travers sept vallées ou mers ; le nom de l’avant-dernière est Vertige, le nom de la dernière, Annihilation.
De nombreux pèlerins abandonnent, d’autres périssent. Trente, purifiés par leurs efforts, atteignent la montagne du Simorgh.
Enfin ils le voient : ils perçoivent qu’ils sont le Simorgh, et que le Simorgh est chacun d’entre eux, et eux tous.
Dans le Simorgh sont les trente oiseaux, et dans chaque oiseau est le Simorgh. José Luis Borges
En lui les oiseaux disparurent comme fait l’ombre en plein soleil. Tout au long de leur longue route ils s’étaient posé des questions. En ce lieu ne restait plus rien, […] ni discours, ni chercheur, ni guide, plus rien. Plus trace même de chemin. »
"Comment le splendide Simorgh apparut-il aux yeux vivants ?
Ce fut au royaume de Chine, un soir vers l’heure de minuit. Il envahit soudain le ciel. Nul ne l’avait encore vu. De son corps tomba une plume. Elle se posa sur le pays. […]La plume de Simorgh était indescriptible. Sa forme et ses couleurs, à peine vues, changeaient. Chacun n’en perçut qu’un instant, un éclat, mais ce fut assez pour que les cœurs en soient épris. […]
Ce qu’on peut voir de cette plume ? Autant de vivants en ce monde, autant de ses métamorphoses, autant de contours, de couleurs, autant d’œuvres nées d’un regard, autant d’empreintes passagères de son incessante beauté.
Bref, dire plus m’est impossible. Oiseaux, il vous faut décider. Qui veut partir à la recherche de ce Roi que vous désirez ? Qui d’entre vous franchit le pas ? »
Farid-ud-Din ‘Attâr. La conférence des oiseaux (adapté par H Gougaud).
Le lointain roi de tous les oiseaux, le Simorgh, fait tomber l’une de ses magnifiques plumes au centre de la Chine : les oiseaux décident de partir à sa recherche.
Ils savent que le nom de leur roi signifie Trente oiseaux ; ils savent que son palais est situé dans Kaf, la montagne circulaire qui entoure la Terre. Ils s’embarquent dans l’aventure presque sans fin.
Ils passent à travers sept vallées ou mers ; le nom de l’avant-dernière est Vertige, le nom de la dernière, Annihilation.
De nombreux pèlerins abandonnent, d’autres périssent. Trente, purifiés par leurs efforts, atteignent la montagne du Simorgh.
Enfin ils le voient : ils perçoivent qu’ils sont le Simorgh, et que le Simorgh est chacun d’entre eux, et eux tous.
Dans le Simorgh sont les trente oiseaux, et dans chaque oiseau est le Simorgh. José Luis Borges
« Les oiseaux […] se
retrouvèrent vivants dans la lumière de Simorgh. […] Ce qu’ils avaient
fait, bien ou mal, jusqu’à cet instant sidérant fut effacé de leur
mémoire. Au pur soleil de la Présence une âme nouvelle leur vint. Ils
avaient vu dans le bas monde les mille reflets de Simorgh, ils virent
tout soudain le monde qui dans Simorgh se reflétait. Tous les trente se
regardèrent. Tous les trente virent Simorgh. […] Tous les trente étaient
des oiseaux, et pourtant ils étaient Simorgh. […] Ils s’engloutirent
dans un puits de perplexité. Ils ne savaient plus rien de rien. Ils
demandèrent sans parole la révélation du Secret. « Toi », « moi », ces
mots semblaient si simples ! Que voulaient-ils dire vraiment ? Le roi
Simorgh leur répondit en silence :
– « Ce splendide et puissant
soleil, là, devant vous, est un miroir. Qui s’en approche et le
contemple voit son visage comme il est, son corps, son cœur, son âme
aussi. Le reflet ne sait pas mentir. […] Vous avez longtemps cheminé,
vous avez cru parfois vous perdre. Vous ne vous êtes pas quittés. C’est
vous que vous avez trouvés. […] Entendez-Moi, je suis Simorgh, votre
essentiel, votre infini. Anéantissez-vous en Moi, perdez-vous en Moi,
simplement, sans crainte, délicieusement, en Moi découvrez-vous
vivants ! En lui les oiseaux disparurent comme fait l’ombre en plein soleil. Tout au long de leur longue route ils s’étaient posé des questions. En ce lieu ne restait plus rien, […] ni discours, ni chercheur, ni guide, plus rien. Plus trace même de chemin. »
Farid-ud-Din ‘Attâr. La conférence des oiseaux (adapté par H Gougaud).
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