En parcourant la campagne en cette fin d'été, j'ai observé les petites abeilles : elles sont toujours au travail malgré les menaces qui pèsent sur elles, elles nous fabriquent toujours ce miel si différent d'un champ à l'autre. Leur fragilité est devenue un sujet d'inquiétude, sans elles nous ne pourrions plus continuer à vivre. Et pourtant, elles étonnent toujours par la complexité de l'organisation de leur société et par le miracle de la fabrication du miel.
Les anciens pensaient que le miel avait une origine céleste.
Et Pline l'ancien, qui vivait au tout début de l'ère chrétienne, nous explique dans son Histoire naturelle, l'origine du miel telle qu'il la concevait et la poésie de cette conception est magnifique :
"Le miel vient de l'air, au moment de l'aube, surtout au lever des constellations, quand Sirius est dans son éclat et jamais avant le lever des Pléiades, c'est à dire jamais avant le printemps. Ainsi, trouve-ton alors, à la première aurore, les feuilles des arbres humectées de miel. Et ceux qui le matin sont en plein air sentent que leurs vêtements et leurs cheveux sont enduits d'une liqueur onctueuse, sueur du ciel ou salive des astres, ou suc de l'air qui se purifie. Qu'il plût aux dieux que le miel fût pur, limpide et tel qu'il a d'abord coulé du ciel."
Pline nous dit que le miel va perdre de sa pureté en tombant du ciel et en étant sucé par les abeilles sur les feuilles et les fleurs, il va être altéré par le suc des fleurs, macéré dans les ruches et modifié mille fois. Néanmoins, il nous fait éprouver un grand plaisir en raison de son origine céleste. Le miel est toujours le meilleur là où il a pour réservoir le calice des fleurs les plus exquises. Et le miel, quand il tombe d'un ciel particulièrement propice possède des vertus médicinales.
Nous avons appris depuis que le miel provenait des fleurs et les abeilles ont continué à inspirer les philosophes. Voici deux exemples de métaphores suggérées par ces étonnants insectes :
" Nous sommes les abeilles de l'Univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de l'invisible." Rainer Maria Rilke (Lettre)
"Les abeilles pillottent de-ça de-là les fleurs, mais, après, elles en font le miel qui est entièrement leur; ce n'est plus du thym ni de la marjolaine : de même les emprunts faits à autrui." Montaigne (Les essais)
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