dimanche 2 septembre 2018

Création

"J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges."nous dit Rimbaud dans Une saison en enfer.




Cette question de la création est passionnante. D'où provient-elle ? Comment la susciter ?
J'ai retrouvé des paroles de Fabienne Verdier. Elle fut élève des maîtres chinois dans l'art de la calligraphie pendant dix ans, elle a depuis trouvé sa voie personnelle. Son cheminement mérite d'être suivi. Même si cette alchimie de la création des œuvres ne peut être expliquée, nous pouvons au moins écouter ce que les créateurs ont à nous dire pour expliquer le processus qui les conduit vers l'expression de l'inexprimable !




Le maître chinois de Fabienne Verdier lui a donné ces conseils :

"Recherche sans cesse et sans répit le singulier, l'insolite, détruis les frontières ou catégories esthétiques forgées par nos cultures et n'aie pas peur de paraître parfois folle ou excentrique. il s'agit de retrouver les mille et une manifestations de la nature des choses...
Il faut apprendre, puis oublier ce qu'on a appris, retrouver le naturel jusqu'à parvenir à créer sans effort. Cela paraît simple mais, en fait, il est très difficile de retrouver sa véritable nature (...), les modes nous façonnent à notre insu.
Nourris ton esprit, pas seulement de connaissances livresques comme tant de gens, mais de la réalité qui t'entoure, de tes songes aussi - entraîne-toi à rêver...
La plus haute qualité de l'esprit est de produire des intuitions. Arrête de cogiter, d'essayer de comprendre : oublie, oublie, et ton esprit comprendra "subitement" pour toi.
(...) La rythme est capital en musique mais aussi dans les autres arts, comme l'art de vivre. Sans rythme, il n'y a pas d'art." Fabienne Verdier rapportant les paroles de son maître chinois




Elle-même tente de nous expliquer son cheminement vers l'élaboration de son oeuvre :
"Comment saisir l'insaisissable ? Comment traduire l'intraduisible ? Entre les théories et l'éveil réel aux mystères du vivant, l'apprentissage est si long qu'on a peine à y croire.

Il devenait nécessaire d'oublier le temps, de s'oublier soi-même ainsi que toutes pensées, opinions et cultures acquises. Le non-être apparent touche en quelque sorte à l'illimité de l'être. L'esprit libre devient alors fluide et mobile.
Au gré du souffle du pinceau je vais donc m'attacher à explorer le mystère végétal, le génie propre à chaque être : la pudeur discrète d'un brin d'herbe.
Goûter à l'émerveillement de ce qui est, de ce qui devient, comprendre les forces qui façonnent...
Au fond, la peinture comme la calligraphie est une pratique solitaire, un don de soi, un chemin assez semblable à celui des moines, qui résulte souvent d'une ascèse et de silence.
Je m'intéresse à l'insaisissable, l'inexprimable, l'indicible, à l'essence de la réalité dans toutes ses manifestations."
Fabienne Verdier





Cette voie solitaire ressemble effectivement beaucoup  à celle des hommes en quête de spiritualité et d'abandon de soi pour retrouver l'essence de l'univers. Fabienne Verdier tente de restituer  grâce au rythme de sa peinture le souffle de l'univers. 
Sur ce sujet, elle confie (à Aliette Armel dans la revue Ultreïa): 
"J'ai trouvé chez Gilles Deleuze une phrase qui évoque le point où j'en suis aujourd'hui : "En art, et en peinture comme en musique il ne s'agit pas de reproduire ou d'inventer des formes, mais de capter des forces.(...) La célèbre formule de Klee "non pas rendre le visible, mais rendre visible" ne signifie pas autre chose. La tâche de la peinture est définie comme la tentative de rendre visibles des forces qui ne le sont pas."

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