mercredi 21 juin 2023

Altaïr ou Kiboboshi

 Pour terminer l'année, voici l'histoire d'Altaïr, l'étoile dont notre association a pris le nom. Elle est racontée par Florian Freistetter dans un livre passionnant (Etoiles, une histoire de l'univers en cent astres )qui nous raconte toutes sortes d'histoires passionnantes sur les étoiles.


Kiboboshi

Le bouvier et la tisserande céleste

Difficile de manquer l'étoile la plus brillante de la constellation de l'Aigle. Elle n'est éloignée de nous que de 16 années-lumière, possède un éclat 11 fois plus grand que celui du soleil et est la douzième étoile la plus brillante de notre ciel nocturne. Son nom officiel est "Altaïr" : il vient de l'arabe, comme de nombreux autres noms d'étoiles.

Aux VIIIe et IX e siècles, les astronomes arabes approfondissent le savoir de l'Antiquité grecque et assurent leurs propres traductions des œuvres classiques. Au Moyen-Age, lorsque les savants européens traduisent à leur tour ces textes arabes, ils conservent la manière de désigner les étoiles. C'est ainsi que al-nesr al-taïr ("l'aigle volant") devint le nom Altaïr, toujours en usage aujourd'hui. la quasi-totalité des étoiles brillantes portent des noms qui viennent de l'arabe comme Ras Algheti, Algol, Dschubba, Fomalhaut, Mizar, Zuben-el dschenubi et beaucoup d'autres. Certaines, un peu moins nombreuses, portent des noms latins, par exemple Polaris, Regulus et Capella. Mais même si la culture occidentale repose fermement sur les fondements de l'antiquité gréco-romaine et sa réception arabe, nous ne devons pas oublier que le ciel a été observé par tous à toutes les époques. Chaque peuple possède ses propres noms pour ses étoiles et raconte ses propres histoires à leur sujet.



Par exemple, Altaïr est connue au Japon sous le nom de "Hikoboshi" et est célébrée le 7 juillet de chaque année. Pour être précis, une fête est donnée en l'honneur de Hikoboshi et d'Orihime, le bouvier et la tisserande. Leur histoire est contée dans une légende populaire chinoise vieille d'au moins 2600 ans.

Orihime, la fille du dieu du ciel Tentei, confectionne le tissu qui habillera les dieux. Pour divertir sa fille du travail, Tentei lui propose de rencontrer le bouvier Hikoboshi. mais _ il faut bien que jeunesse se passe_ le grand amour leur fait oublier le travail. Bref, les vaches courent sans surveillance à travers le pays et les dieux attendent en vain le tissu pour leurs vêtements. Tentei doit intervenir et séparer les deux tourtereaux. Ils sont bannis chacun d'un côté de Aminogawa, la grande rivière céleste. 

Mais le travail n'est toujours pas fait, car Orihime et Hikoboshi sont bien trop malheureux pour pouvoir se concentrer sur leurs tâches. Il leur est donc permis de se rencontrer une fois par an, le 7e jour du 7e mois. Cependant, lorsque les deux amoureux veulent se retrouver pour la première fois, il n'y a pas de pont pour traverser la rivière céleste. Orihime se met alors à pleurer si fort qu'une nuée de pies la prend en pitié. Avec leurs ailes, les oiseaux forment un pont au-dessus d'Amanogawa et promettent au couple de leur rendre à nouveau ce service à l'avenir, à condition qu'il ne pleuve pas le 7e jour du 7e mois et que la rivière céleste ne transporte pas trop d'eau. 



Aujourd'hui encore, on peut contempler dans le ciel cette histoire d'amour tragique et sa fin heureuse. Hikoboshi est, comme on l'a dit, l'étoile Altaïr. Irohime, la tisserande céleste, est représentée par la brillante étoile Vega. Et comme dans la légende, on aperçoit ente eux la Voie lactée : la rivière céleste Amanogawa. Celui qui observe attentivement distinguera même les sympathiques pies. En effet, des régions de la Voix lactée visibles entre Vega et Altaïr sont couvertes de grands nuages de poussière interstellaire et une bande plus sombre s'étend au-dessus de la "rivière céleste". En été, il est possible de particulièrement bien voir Orihime et Hikoboshi , haut dans le ciel, précisément au moment où l'on célèbre au Japon la fête de Tanabata. Imprégnés de la légende du bouvier et de la tisserande, les japonais dressent des bambous et y accrochent des morceaux de papier, non sans y avoir inscrit les vœux qu'ils aimeraient voir se réaliser...

Les étoiles nous ont inspiré des légendes bien avant que nous sachions ce qu'elles sont réellement. le ciel en est rempli et nous ne devrions en oublier aucune. Car, tout comme les étoiles nous parlent de l'Univers, nos histoires sur elles racontent quelque chose de nous.

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