mercredi 29 février 2012

Le Yi-King



L'association Altaïr s'intéresse au livre des changements : le Yi-King (ou Yi-Jing selon les écritures) depuis longtemps. Cyrille Javary, grand spécialiste de la civilisation chinoise et du Yi-King, est venu plusieurs fois nous faire partager son expérience de cet ouvrage et de la Chine, avec des conférences et des soirées de "tirage" du Yi-King.
Il était l'invité de l'émission "Les racines du ciel" sur France culture ce dimanche pour la réédition de sa traduction du Yi-King en français (co-traduite avec Pierre Faure).
Nous disposons bien entendu de son livre en bibliothèque, ainsi que d'autres ouvrages, écrits par lui ou consacrés au Yi-King.




Si vous n'avez pas le temps d'écouter cette émission, si vous ne connaissez pas bien le Yi-King ou les livres le concernant, je retranscris ici quelques définitions fournies par Cyrille Javary qui éclairent le sens de ce livre de sagesse chinoise.

On peut considérer le Ji-King ou Yi-Jing comme un manuel d'aide à la prise de décision. Il est composé de 64 hexagrammes qui sont des représentations abstraites de constellations énergétiques à un moment donné. Chaque hexagramme représenté par 6 traits continus ou redoublés permet de dégager une situation type. Chaque situation a une dénomination, qui est un verbe, comme avancer, reculer, organiser les choses.
A chaque situation correspond une stratégie. Tout fonctionne comme un conseil que donnerait un vieil oncle à qui on confie ses hésitations sur une décision à prendre. Il dirait : à ta place, je réagirais comme ça , mais tu fais ce que tu veux : le Yi-King laisse la personne libre de ses choix.
Le Yi-King fonctionne comme une radiographie de l'organisation de l'énergie en une personne, en un moment donné, face à un problème donné. Analysant cette organisation, il propose la stratégie optimale.



La perception du monde par les Chinois est différente de la nôtre :

Les hexagrammes qui sont pour nous des dessins abstraits, sont pour les Chinois, de la même essence que les idéogrammes, c'est à dire des représentations d'idées.
Dans nos pays, nous utilisons des mots formés avec des lettres ou syllabes qui n'ont pas de sens : c'est le cerveau gauche qui travaille pour nous quand nous lisons. Pour les Chinois, les idéogrammes sont des dessins et c'est le cerveau droit qui travaille. Or, le cerveau gauche travaille en logique rigide (ce que nous appelons la raison), tandis que le cerveau droit travaille en logique floue. La logique floue est celle qui rend le mieux compte de la logique du vivant et donc donne son efficacité au Yi-King sur les êtres vivants que nous sommes. Utiliser le Yi-King nous rajoute un nouveau mode de pensée qui permet de voir en même temps une chose et son contraire, ce que fait continuellement la pensée chinoise.

 

Le Yin et le Yang :

La meilleure définition du yin/yang : yang, c'est ce qui va devenir yin, et yin, c'est ce qui va devenir yang. Yin et yang sont des stratégies et des manières d'agir, l'un privilégiant la force et la concentration, l'autre privilégiant le temps. Nous sommes de façon innée du côté du yang, la réponse secondaire et réfléchie qu'est le yin (celle qui est utilisée dans les arts martiaux), doit être apprise et par conséquent est plus souvent conseillée dans le Yi-King.

Utilisation du Yi-King :

Il a deux usages : quand on n'est pas pris par le quotidien, on peut lire le Yi-King et s'enrichir de ses enseignements.
Quand on est pris dans l'action, on peut l'interroger :
On écrit sa question pour la poser le plus clairement possible. Puis, à la suite d'opérations aléatoires, on obtient un hexagramme, l'un des 64 hexagrammes, celui qui correspond le mieux à la situation pour laquelle on interroge le Yi-King. Et on lit le texte associé à l'hexagramme obtenu.
On utilise pour interroger le Yi-King l'aléatoire qui est mal considéré en Occident. Mais quand on a le choix dans une situation de se placer où l'on veut, on se place à l'endroit qui correspond le mieux à notre situation. Le hasard qui est pour nous ce qui n'est relié à rien est pour les chinois la forme que prend le flux du tao quand on lui laisse libre cours. C'est l'acte moral par excellence. Accepter le Yi-King c'est une recherche de rentrer dans une harmonique qui à la fois nous dépasse et nous porte et nous permet de jouer de la meilleure manière notre rôle dans la grande la symphonie du vivant.
En occident, nous exigeons une preuve par la raison, quand les chinois se contentent d'une  preuve par l'efficacité : si ça marche, tant mieux, inutile de chercher une explication. Et le Yi-king à l'usage est tellement pertinent qu'on cesse de se poser la question du sens et du hasard.




2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Cette version du yijing a été traduite et annotée par deux auteurs : Cyrille Javary dont vous parlez, et Pierre Faure :-)

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  2. Merci pour cette correction : j'ai effectivement omis de citer les second auteur de cette traduction : Pierre Faure. J'ai rectifié dans le texte.

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