dimanche 20 octobre 2019

Devenir soi


Nous parlions la semaine dernière de ce désir de changement de vie qui peut nous prendre à certains âges de la vie.
Ce processus d'évolution a très bien été défini par C. G. Jung avec ce qu'il appelle le processus d'individuation.




Ce processus se vit en étapes :

"Les étapes du processus d’individuation peuvent donner sens à notre besoin de changement et nous permettre de l’accueillir avec davantage de confiance.

1. La phase d’accommodation. Elle correspond à l’enfance et aux premiers temps de notre vie d’adulte, lorsque nous apprenons à obtenir une sécurité affective en réglant nos comportements en fonction de ce qui est attendu de nous. Cette tendance nous conduit à adopter un personnage qui ne reflète pas la totalité de notre être.

2. La prise de conscience. Avec l’âge, ce personnage commence à nous étouffer. Nous avons le sentiment de nous être perdus en route, parfois d’avoir été bernés, ou encore d’être un imposteur. Ce que Carl Gustav Jung appelle notre « ombre » – ce qui sommeille en nous et que nous n’avons pas encore choisi d’être – se rappelle par vagues de nostalgie.

3. Le face-à-face. C’est le temps du doute. Nous commençons à réévaluer les fondements de notre existence, jusqu’à remettre tout en question. Nous vivons une tristesse qui s’apparente à un deuil : nous croyons pleurer notre jeunesse, nous pleurons le personnage que nous avons été. Celui-ci se fissure et laisse émerger le refoulé, dans ses aspects positifs et négatifs. La colère, les dérapages sont au rendez-vous.

4. Le début de l’intégration. L’incertitude et la confusion perdent du terrain. Les ajustements progressifs vont dans le sens d’une plus grande cohérence. La quête d’approbation a cédé le pas au désir de ne plus se trahir. C’est le moment où nous pouvons choisir de réorganiser nos priorités, trouver le moyen d’exprimer nos potentiels. Ces transformations positives s’accompagnent de heurts relationnels.

5. L’individuation. C’est, dans l’idéal, le moment où l’on devient un individu complet, doté d’une meilleure connaissance de soi. Nous accueillons avec plus de souplesse nos qualités et nos défauts, nos désirs contradictoires, nos conflits intérieurs. Et accédons à l’intégrité : la capacité à nous voir tels que nous sommes en tant qu’individus, mais aussi membres de la communauté humaine, reliés au vivant et à l’ensemble de l’univers."
(Texte extrait d'un article de Psychologies magazine)




Mais revenons à la définition de l'individuation, chère à Jung :


"L’individuation jungienne est la forme que prend le développement personnel dans le cadre de la psychologie des profondeurs. Dans son récit autobiographique, Ma vie, écrit avec l’aide d’Aniéla Jaffé, Carl Gustav Jung précise : « J’emploie l’expression d’individuation pour désigner le processus par lequel un être devient un individu psychologique, c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité. » Dans un autre ouvrage,  Dialectique du moi et de l’inconscient,  le psychologue de Zurich  nous donne d’autres éléments de compréhension : « La voie de l’individuation signifie tendre à devenir un être réellement individuel, et dans la mesure où nous entendons par individualité la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable, il s’agit de la réalisation de son Soi dans ce qu’il a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot d’individuation par « réalisation de soi-même », réalisation de son Soi ».
La réalisation de Soi (on notera la majuscule), constitue donc pour  Carl Gustav Jung, le défi majeur de l’individuation. De quoi s’agit-il ? Le Soi est un archétype, un pôle vers lequel il faut tendre, une réalité subtile qu’il nous faut incarner, réaliser. Dans son achèvement, il est une totalité.
C’est en réalisant notre Soi que nous parvenons à la totalité de ce que nous sommes, autrement dit à notre unité. Ce qui est contesté en filigrane par la psychologie des profondeurs, c’est cette civilisation qui fragmente la personne humaine, la disperse, la disloque. Le rétablissement des liens est au cœur de l’individuation : lien entre la conscience et l’inconscient ( que celui-ci soit personnel ou collectif), entre notre masculin et notre féminin ( la fameuse dialectique de l’anima et de l’animus), entre nos quatre grandes facultés ( pensée, intuition, sentiment et sensation), entre notre corps et notre âme.
Il va de soi que les notions de conscience, de conscient et d’inconscient, sont des notions fluides et dynamiques, non des substances au sens philosophique. L’individuation ne peut donc  en aucun cas être considérée comme un état auquel on parvient. Les expériences de vie font que l’individuation est un processus sans fin. Il n’y a pas d’état de la totalité, car elle se donne à nous comme une figure fugitive, une trace, une empreinte à suivre. Mais il me semble que ce processus d’individuation, tel que Jung le définit, résume parfaitement le but recherché par toutes les pratiques de développement personnel : permettre à l’individu d’être de plus en plus lui-même."
Frédéric Lenoir ( La guérison du monde)





"Le travail d'être individué, pour Jung, c’est être un individu à part entière,  un individu qui connait conscient et inconscient,  un individu qui va pouvoir garder une position éthique personnelle face aux mouvements de l’inconscient, de la foule, face à l’agitation générale. 
 Etre individué, c’est être clair, conscient de ce qui est en train de se passer et donc  responsable de sa position, au moins individuelle, par rapport au collectif. Le but n’est donc pas d’être centré sur soi mais d’être centré sur le Soi. La notion du Soi (ou du sujet si l’on est plus lacanien), c’est la globalité entre conscient et inconscient, la conscience de ce que je suis moi en tant que personnalité et de comment ce moi est pris dans quelque chose de beaucoup plus vaste. Nous sommes quelque part entre conscient et inconscient, dans ce lien établi par le Soi."  Sylvie Lafuente Sampietro




Comme nous l'avons déjà évoqué, c'est ce processus qui est au cœur de l'enseignement de l'astrologie humaniste. 

Si je veux aller vers la "sagesse" selon le processus d'individuation, je dois me demander pour chaque action : est-ce que cela a du sens pour moi ? Est-ce que cela correspond à mon éthique ? Alors, si je réponds oui, j'ai la liberté d'agir.
Mais pour y parvenir, il faut un déconditionnement social, il faut avoir son propre conditionnement.
Ce type de sagesse est tout sauf tranquille, cela comporte des dangers mais elle ouvre un espace vers le ciel intérieur.



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