lundi 19 septembre 2022

Les conteurs


 Hommage aux conteurs aujourd'hui, aux conteurs de tous les temps et de tous les pays.

Il est vrai que les contes doivent être dits plutôt que lus, c'est ce qui provoque leur magie et leur permet de vivre, mais ici, j'aime les partager en imaginant que quelqu'un va les lire et avoir le désir de les dire à nouveau, pour continuer la chaîne des conteurs.

Voici donc deux petites histoires, le conteur de tous les temps de Henti Gougaud  et une histoire extraite des contes des sages juifs, elles nous parlent de ces passeurs de mémoire.


Il est un conteur, le conteur de tous les âges, le conteur perpétuel. Il est sur un rocher en face de l'océan et sans cesse il raconte toutes les histoires du monde, à l'océan qui murmure contre le rocher. L'océan écoute le conteur de tous les temps. 

Mais s'il arrivait que, pour une raison ou pour une autre, on empêche ce conteur de raconter ses histoires, personne ne sait ce que ferait l'océan.

Comme je racontais cela, un jour, à des enfants pensifs, l’un d’eux hocha la tête et dit, l’air pénétré :

- Je sais, moi, ce que ferait l’océan. Il envahirait le monde.

Et comme je m’effrayais d’une fin aussi redoutable :

- Oh, non pas par méchanceté, me dit l’enfant, ni par colère, mais pour retrouver ce conteur qui faisait du bien à ses vagues.


"L'Eternel avait mis beaucoup de savoir dans les gemmes, les plantes et les bêtes. Le lapis-lazuli, le cèdre bleu, le pivert, comme toutes les créatures, connaissaient leur affaire. A peine sortie de l'œuf, la frégate se souvenait de la parade nuptiale que l'Eternel lui avait confiée. Le papillon sortait de sa nuit en robe de mariée.
L'homme vint, tissé d'oubli. Il devait chercher, oser accomplir. Il devait libérer et rassembler les parcelles de lumière dispersées dans la création. Il reçut ainsi le mouchoir où la Shekinah avait écrit avec ses larmes des milliers de lettres serrées, le mouchoir de la Torah du peuple juif. Au creux du saint linge qui voile l'éclat de son visage, brillait une goutte aussi vaste qu'un océan. Elle avait la couleur de l'exil et une profondeur insondable. 
Quatre fois bénis sont les conteurs d'histoires, ils sont trempés dans cette larme, anéantis et bercés, broyés, nettoyés  par les vagues. Ils sont traversés par le feu de la parole et assagis par le souffle. Ils cueillent sur les visages les sourires, les pleurs de leurs semblables, invités au festin.
Vois le cadeau qu'ils ont reçu. Ils étudient jour et nuit pour libérer et rassembler les histoires."





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