dimanche 23 octobre 2011

L'énergie vitale

Après mon expérience de médecine traditionnelle coréenne, je me suis un peu penchée sur les approches très différentes des médecines orientales et occidentales. Je suis interpellée en particulier par cette énergie si fondamentale pour les Orientaux et que nous ne retrouvons pas dans notre façon d'envisager la santé.


Commençons par la définition de cette énergie, de ce souffle telle que la donne Wikipedia :
"Le qi « souffle, énergie » ou ki , est une notion essentielle de la culture sino-japonaise qui désigne un principe fondamental formant et animant l'univers et la vie.
Dans cette approche spirituelle, le qi englobe tout l'univers et relie les êtres et les choses entre eux. Dans un organisme vivant, il circule à l'intérieur du corps par des méridiens qui se recoupent tous dans le « centre des énergies » appelé « champ du cinabre», seika tanden au Japon et dāntián en Chine. Il est présent dans toutes les manifestations de la nature.
La notion qi n'a aucun équivalent précis en Occident. On peut toutefois noter de nombreux liens de convergence avec la notion grecque de pneuma πνεῦμα (traduite par « souffle »), et dans la même optique avec la notion d'esprit en latin « spiritus » (dérivé de spirare = souffler) qui signifie souffle, vent.
Plusieurs concepts de la philosophie indienne s'en rapprochent, tels que le prana, le soma ou l'ojas."




J'ai trouvé des entretiens sur le site cles.com avec un médecin belge qui essaie de faire le lien et qui explique bien les limites dans lesquelles s'est enfermée notre médecine et pourquoi nous sommes conduits à aller chercher dans la médecine orientale la cohérence qui peut nous manquer.
Il s'agit de Thierry Janssen, chirurgien réputé en Belgique qui a tout abandonné pour se former aux médecines traditionnelles et est devenu psychothérapeute. Voici quelques extraits que j'ai trouvés significatifs :

Thierry Janssen :
Nous savons désormais que toute réalité est information, que l’être humain sait traiter l’information de façon symbolique, par le langage, la pensée, la volonté, et que cela agit sur ses mécanismes physiologiques. Mais instantanément, ces derniers agissent en retour sur l’esprit. L’esprit agit sur le corps et le corps agit sur l’esprit, c’est inséparable. Avoir des pensées positives peut m’aider à réparer mes cellules, mais pratiquer la respiration méditative peut m’aider à clarifier ma pensée. Voilà pourquoi j’ai bâti mon livre, La solution intérieure, en trois parties : 1°) Une médecine de l’esprit pour soigner le corps, 2°) Une médecine du corps pour soigner l’esprit, 3°) Une médecine de l’énergie, car le concept d’énergie est celui qui permet de faire un lien entre ces deux pôles. Un être humain, c’est une globalité : de la pensée, des croyances, des émotions, un corps. Comprendre la pleine santé, c’est avoir l’ambition d’aborder cette globalité. Le grand Linus Pauling, prix Nobel de chimie et prix Nobel de la paix, disait : « La vie, ce ne sont pas les molécules, mais les liens entre les molécules. » La vie, c’est l’interaction qui existe entre vous et moi, à l’instant même. Indépendamment de tout lien, nous ne sommes pas vivants.

Nouvelles Clés : Le mot « énergie » revient dans toutes les bouches. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Thierry Janssen : Dans nos systèmes de pensée médicaux occidentaux, basés sur un dualisme dichotomique entre corps et esprit, nous n’avons plus de modèle pour exprimer le lien qui existe entre les deux - et entre toutes choses finalement. Les approches qui se veulent holistiques sont obligées, dirait-on, d’aller chercher des modèles en Extrême-Orient, parce que là-bas, la pensée n’ayant pas été dans cette voie de dichotomie, elle a gardé une manière d’exprimer le continuum entre corps et esprit - et entre tous les niveaux du vivant. Or, on constate que, tant du côté de la Chine que de l’Inde, cette liaison est résumée sous la forme de concepts que l’on traduit chez nous par « énergie ». Les Chinois parleront du qi, les Indiens du prana, et nous, Occidentaux, nous avons beaucoup de mal à comprendre, cherchant à savoir s’il s’agit d’une énergie électromagnétique, ou nucléaire, ou mécanique, ou calorique... Et nous ne trouvons pas. Nous devrions nous rappeler qu’énergie vient du grec energia, qui veut simplement dire « force en action ». Ce concept flou permet à toutes ces médecines plus intuitives et holistiques - justement grâce à son imprécision - de montrer qu’elles agissent à tous les niveaux de l’individu, sans le cloisonner. C’est un continuum entre matière et pensée.
Selon l’équation d’Einstein, E = MC2, il y a équivalence entre matière et énergie, celle-ci se présentant tantôt comme « en réserve », tantôt comme « en action », tantôt comme les deux à la fois. C’est ce que veulent nous montrer les médecines orientales. Quand elles agissent sur le qi ou le prana (par l’acupuncture, ou les exercices respiratoires du yoga, ou le qi qong et son dérivé taï-chi), elles permettent une fluidité parfaite entre tous les niveaux de l’individu, entre sa pensée et son intellect, entre sa détente mentale et sa relaxation corporelle.

N. C. : Mais la vision scientifique d’aujourd’hui ne distingue-t-elle pas, d’une part, la matière/énergie (E=MC2), d’autre part, l’information (d’énergie nulle et donc démultipliable à l’infini) ? D’ailleurs, ne retrouve-t-on pas là un savoir ancien : ainsi, quand j’ai la sensation de « manquer d’énergie », je dis : « J’aimerais retrouver la forme » - or, la forme, c’est de l’information, pas de la matière/énergie !
T. J. : Oui ! Et j’ai justement le sentiment que l’Occident et la médecine occidentale trouveront leur nouveau souffle quand ils accepteront de se mettre à l’ère... où nous sommes déjà, c’est-à-dire à l’ère de l’information. Or, c’est très curieux : la médecine n’en est pas encore là. Elle utilise certes des instruments « informatiques », mais dans sa vision profonde, l’inertie la maintient dans l’ère précédente, qui était mécanique. Pour reprendre votre question, E=MC2, c’est l’idée que la matière est de l’énergie condensée, et le principe organisateur de cette matière/énergie est en effet de l’information. Donc matière, énergie et information sont trois façons d’aborder la nature des choses. Et il est amusant de voir que le problème de l’Occident, qui est en même temps son avantage, c’est qu’il a éprouvé le besoin d’explorer chacune de ces facettes le plus loin qu’il a pu, séparément du reste. Ce faisant, il a réussi à développer la science et toutes les technologies modernes, mais il s’est aussi enfermé dans des modes d’existence et d’expérience cloisonnés. Les Extrême-Orientaux n’ont pas atteint notre niveau technologique, précisément parce qu’ils n’ont jamais séparé comme nous la nature des choses en concepts distincts. L’avantage de cette limite, c’est qu’ils n’ont pas perdu le continuum et qu’ils interviennent, avec un seul outil (qi, prana... ou pneuma comme nos anciens Grecs), simultanément aux différents niveaux de l’être. Cette convergence, c’est ce que notre psycho-neuro-immunologie commence à retrouver, montrant comment on passe du psychisme au système nerveux, puis descendant jusqu’à l’expression cellulaire et génétique du corps."

Pour lire l'intégralité des deux entretiens :  http://www.cles.com/entretiens/article/pour-retrouver-la-vraie-sante


Et enfin, terminons par ces deux phrases pour mieux sentir  ce souffle universel grâce à toute la poésie des textes orientaux :

"Le souffle (prana) habite tous les êtres, tel un père habitant son fils. Il régit toutes choses, Seigneur universel il règne sur tout ce qui existe, animé ou inanimé." (Atharva-Veda , 11,4).

"Chevauche le souffle comme ta seule monture, navigue sur le courant de la Haute Pureté, réponds à l'appel, élégant et allègre !". (Poésie chinoise)


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