A François Busnel qui lui demandait une définition de la poésie, François Cheng répondit :
"Le poète comme tout un chacun est un interlocuteur de l'univers vivant, mais pour lui c'est au moyen d'un langage qu'il porte à son plus haut niveau. "
Ce que nous pouvons vérifier dans son dernier ouvrage de poésie :
"La vraie gloire est ici."
Magnifique livre, qui illustre bien son titre : tout nous est donné à chaque instant, et l'ailleurs n'est à chercher qu'ici et maintenant.
Dans les poèmes que je cite ici, on retrouve la brume qui vient cacher le soleil, la voix et le silence, la joie de l'enfant et le réenchantement du monde que nous pouvons à chaque instant recréer.
D'un moment à l'autre, l'anonyme brume
Va monter de la vallée;
Bientôt nous nous abandonnerons
Au crépuscule, à la nuit.
Mais pour l'heure un soleil nous retient,
Ici, à la mi-hauteur :
Terrasse de la demeure humaine,
Pierres dont l'ancienne senteur
Se mêle à nos mots. Trois cyprès, là
Au perpétuel flamboiement...
Seul un migrateur égaré capte
L'ardent souffle d'outre-ciel.
D'un moment à l'autre, la brume anonyme
Va monter de la vallée;
Les cœurs humains soudain se tiennent
Cois,
En eux cri de l'ultime gloire.
Or voici :
Le vrai silence vient au bout des mots;
Mais les mots justes ne naissent
Qu'au sein du silence;
De même :
La vraie voie se continue par la voix;
Mais la juste voix ne surgit
Qu'au cœur de la voie.
Enfant, si proche encore de ta naissance,
A ton tour tu apprends l'enfantement.
Le monde n'existe point tant que tu l'ignores,
Tu le vois, toujours pour la première fois !
Ton regard l'invente, l'enfante, l'enchante,
Tout semble t'attendre, tout reste ouvert :
Aube d'été, le bleu du ciel et le vert
De la terre viennent s'offrir à toi.
L'espace est un cerf-volant sans contrainte,
Et le temps le trot d'un âne sans fin.
La brume ayant établi tous les ponts,
Une chenille ouvre la voie du dragon.
Toi tu connais le chemin à travers
Fourrés et cascades te conduisant
Au lieu magique où tout se transforme :
Le têtard en lézard, la libellule
En alouette chevauchant les étoiles.
Mais au cœur du monde, tu connaîtras tôt
La douleur des arrachements, les affres
De la nostalgie. Pour toi désormais
Quelle survie autre que la seconde enfance ?
"Le poète comme tout un chacun est un interlocuteur de l'univers vivant, mais pour lui c'est au moyen d'un langage qu'il porte à son plus haut niveau. "
Ce que nous pouvons vérifier dans son dernier ouvrage de poésie :
"La vraie gloire est ici."
Magnifique livre, qui illustre bien son titre : tout nous est donné à chaque instant, et l'ailleurs n'est à chercher qu'ici et maintenant.
Dans les poèmes que je cite ici, on retrouve la brume qui vient cacher le soleil, la voix et le silence, la joie de l'enfant et le réenchantement du monde que nous pouvons à chaque instant recréer.
D'un moment à l'autre, l'anonyme brume
Va monter de la vallée;
Bientôt nous nous abandonnerons
Au crépuscule, à la nuit.
Mais pour l'heure un soleil nous retient,
Ici, à la mi-hauteur :
Terrasse de la demeure humaine,
Pierres dont l'ancienne senteur
Se mêle à nos mots. Trois cyprès, là
Au perpétuel flamboiement...
Seul un migrateur égaré capte
L'ardent souffle d'outre-ciel.
D'un moment à l'autre, la brume anonyme
Va monter de la vallée;
Les cœurs humains soudain se tiennent
Cois,
En eux cri de l'ultime gloire.
Or voici :
Le vrai silence vient au bout des mots;
Mais les mots justes ne naissent
Qu'au sein du silence;
De même :
La vraie voie se continue par la voix;
Mais la juste voix ne surgit
Qu'au cœur de la voie.
Enfant, si proche encore de ta naissance,
A ton tour tu apprends l'enfantement.
Le monde n'existe point tant que tu l'ignores,
Tu le vois, toujours pour la première fois !
Ton regard l'invente, l'enfante, l'enchante,
Tout semble t'attendre, tout reste ouvert :
Aube d'été, le bleu du ciel et le vert
De la terre viennent s'offrir à toi.
L'espace est un cerf-volant sans contrainte,
Et le temps le trot d'un âne sans fin.
La brume ayant établi tous les ponts,
Une chenille ouvre la voie du dragon.
Toi tu connais le chemin à travers
Fourrés et cascades te conduisant
Au lieu magique où tout se transforme :
Le têtard en lézard, la libellule
En alouette chevauchant les étoiles.
Mais au cœur du monde, tu connaîtras tôt
La douleur des arrachements, les affres
De la nostalgie. Pour toi désormais
Quelle survie autre que la seconde enfance ?
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