Arrivée de Noël oblige : une légende s'impose.
Celle-ci est très classique puisqu'il s'agit de "L'étoile des mages".
"Le Jésus, ce n'est pas le grand large, c'est ce petit bout de nuit là-bas, avec une étoile, une seule... Et maintenant, regardez la nuit inondée d'étoiles ! Il y a des forces du monde. Voilà le secret."
Jean Giono (Le serpent d'étoiles).
Quand Adam vint sur le mont Nud en Perse, il logea de l'or, de l'encens et de la myrrhe dans une caverne creusée par les eaux. Le trésor attendrait là qu'un astre lumineux annonce la venue du Messie. En ce lieu, génération après génération, douze mages guettèrent le ciel en priant. Ils venaient d'Uruk, Ninive, Babylone, de Karnak, d'Akkad et de Sumer, de Chaldée, d'Egypte ou de Grèce. Ils étaient des veilleurs, consacrés à la science des astres et à l'art des présages, des mathématiciens célestes. Ils connaissaient le Rig-Veda de l'Inde, l'Avesta de la Perse, il avaient reçu de prêtres, érigeant des mégalithes, un savoir oublié.
Deux ans avant la naissance de l'enfant divin, confortés dans leurs prédictions, ils virent apparaître les signes attendus dans le ciel étoilé; le moment était venu de sortir les trois ors d'Adam de leur caverne. Ils s'approchèrent avec dévotion et transvasèrent précautionneusement l'or, l'encens et la myrrhe dans des jarres de terre blanche. Ils apprêtèrent une caravane comme on n'en n'avait jamais vu. Elle formait un cortège de chameaux, d'ânes et d'éléphants montés par d'alertes vieillards et de jeunes novices. Ils emportaient leurs bâtons ornés pour suivre les mouvements des astres, des parchemins roulés, des stèles couvertes de chiffres, des croix de toutes sortes.
Vue de l'Orient, la lumière causée par le croisement des planètes devint intense. Elle formait une image pareille aux vieilles légendes : une fille portant sur son sein un enfant assoupi. La caravane parvint aux portes de Jérusalem dans l'effervescence populaire. Le roi Hérode, inquiet des prophéties, fit venir les sages en grande pompe dans son palais. Le despote leur offrit spectacles et mets délicats, se fit doucereux, ami des sciences et faussement touché par la naissance du Messie. Il demanda aux sages de lui révéler, le moment venu, l'endroit, pour l'adorer lui aussi. Quand l'étoile, faite de plusieurs astres, eut dessiné dans le ciel d'étranges pas, la caravane reprit sa route, promesse faite au roi Hérode de venir le quérir dès l'apparition de l'enfant divin.
Or, voilà qu'un soir l'étoile s'arrête, se pose au-dessus d'une étable. Des bergers sont rassemblés, silencieux, autour d'un musicien. La flûte, qu'il a plantée dans le ciel, s'est tue. Du lait coule de ses lèvres.
A l'intérieur, on entend la respiration des bêtes et le babil d'un tout-petit. Les bergers s'écartent, les mages entrent et saluent Marie, Joseph et quelques autres, réunis. Ils ouvrent les jarres blanches et déposent dans la paille les trois ors d'Adam, puis s'agenouillent et bénissent, sourire aux lèvres, l'agneau du monde. La même nuit, plusieurs s'assoupissent et voient venir un ange qui leur commande de rompre la promesse faite à Hérode et de repartir sans délai, par un autre chemin. L'apparition sauva l'enfant.
Le roi Hérode, favori des Romains, obsédé par les complots imaginaires, craignait la venue d'un roi des Juifs. Il voulait tuer l'étoile. Comme nul ne vint le quérir, le cruel tyran ordonna l'holocauste des tout-petits. Il en fit périr soixante trois mille autour de Bethléem, petits astres qui montèrent, accompagnés de cris, des suppliques des mères, jusqu'aux blanches nourrices de la Voie lactée.
Entre-temps, l'ange était revenu prévenir Joseph de mener sans délai l'enfant et Marie en Egypte.
L'étoile s'en fut, sauve, escortée par ses parents. Elle foula les sables dorés, le front brillant, fit sur la terre comme au ciel, devint soleil.
Les mages s'étant séparés, chacun s'en alla porter la bonne nouvelle.
Le berger à la flûte s'en fut par les chemin secrets de l'errance, conter la nuit de l'étoile.
"Je suis la lumière qui illumine tout homme."
Évangile de Thomas, logion 77
Légende racontée par Patrick Fishmann
Je vous souhaite une belle fin d'année, pleine de belles légendes et de belles rencontres.
Celle-ci est très classique puisqu'il s'agit de "L'étoile des mages".
"Le Jésus, ce n'est pas le grand large, c'est ce petit bout de nuit là-bas, avec une étoile, une seule... Et maintenant, regardez la nuit inondée d'étoiles ! Il y a des forces du monde. Voilà le secret."
Jean Giono (Le serpent d'étoiles).
Quand Adam vint sur le mont Nud en Perse, il logea de l'or, de l'encens et de la myrrhe dans une caverne creusée par les eaux. Le trésor attendrait là qu'un astre lumineux annonce la venue du Messie. En ce lieu, génération après génération, douze mages guettèrent le ciel en priant. Ils venaient d'Uruk, Ninive, Babylone, de Karnak, d'Akkad et de Sumer, de Chaldée, d'Egypte ou de Grèce. Ils étaient des veilleurs, consacrés à la science des astres et à l'art des présages, des mathématiciens célestes. Ils connaissaient le Rig-Veda de l'Inde, l'Avesta de la Perse, il avaient reçu de prêtres, érigeant des mégalithes, un savoir oublié.
Deux ans avant la naissance de l'enfant divin, confortés dans leurs prédictions, ils virent apparaître les signes attendus dans le ciel étoilé; le moment était venu de sortir les trois ors d'Adam de leur caverne. Ils s'approchèrent avec dévotion et transvasèrent précautionneusement l'or, l'encens et la myrrhe dans des jarres de terre blanche. Ils apprêtèrent une caravane comme on n'en n'avait jamais vu. Elle formait un cortège de chameaux, d'ânes et d'éléphants montés par d'alertes vieillards et de jeunes novices. Ils emportaient leurs bâtons ornés pour suivre les mouvements des astres, des parchemins roulés, des stèles couvertes de chiffres, des croix de toutes sortes.
Vue de l'Orient, la lumière causée par le croisement des planètes devint intense. Elle formait une image pareille aux vieilles légendes : une fille portant sur son sein un enfant assoupi. La caravane parvint aux portes de Jérusalem dans l'effervescence populaire. Le roi Hérode, inquiet des prophéties, fit venir les sages en grande pompe dans son palais. Le despote leur offrit spectacles et mets délicats, se fit doucereux, ami des sciences et faussement touché par la naissance du Messie. Il demanda aux sages de lui révéler, le moment venu, l'endroit, pour l'adorer lui aussi. Quand l'étoile, faite de plusieurs astres, eut dessiné dans le ciel d'étranges pas, la caravane reprit sa route, promesse faite au roi Hérode de venir le quérir dès l'apparition de l'enfant divin.
Or, voilà qu'un soir l'étoile s'arrête, se pose au-dessus d'une étable. Des bergers sont rassemblés, silencieux, autour d'un musicien. La flûte, qu'il a plantée dans le ciel, s'est tue. Du lait coule de ses lèvres.
A l'intérieur, on entend la respiration des bêtes et le babil d'un tout-petit. Les bergers s'écartent, les mages entrent et saluent Marie, Joseph et quelques autres, réunis. Ils ouvrent les jarres blanches et déposent dans la paille les trois ors d'Adam, puis s'agenouillent et bénissent, sourire aux lèvres, l'agneau du monde. La même nuit, plusieurs s'assoupissent et voient venir un ange qui leur commande de rompre la promesse faite à Hérode et de repartir sans délai, par un autre chemin. L'apparition sauva l'enfant.
Le roi Hérode, favori des Romains, obsédé par les complots imaginaires, craignait la venue d'un roi des Juifs. Il voulait tuer l'étoile. Comme nul ne vint le quérir, le cruel tyran ordonna l'holocauste des tout-petits. Il en fit périr soixante trois mille autour de Bethléem, petits astres qui montèrent, accompagnés de cris, des suppliques des mères, jusqu'aux blanches nourrices de la Voie lactée.
Entre-temps, l'ange était revenu prévenir Joseph de mener sans délai l'enfant et Marie en Egypte.
L'étoile s'en fut, sauve, escortée par ses parents. Elle foula les sables dorés, le front brillant, fit sur la terre comme au ciel, devint soleil.
Les mages s'étant séparés, chacun s'en alla porter la bonne nouvelle.
Le berger à la flûte s'en fut par les chemin secrets de l'errance, conter la nuit de l'étoile.
"Je suis la lumière qui illumine tout homme."
Évangile de Thomas, logion 77
Légende racontée par Patrick Fishmann
Je vous souhaite une belle fin d'année, pleine de belles légendes et de belles rencontres.
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