dimanche 3 mai 2020

La sagesse du jardinier

Vous savez ma difficulté à prêter l'oreille à tous les commentaires actuels sur notre présent et notre futur. Je fais une exception avec cette chronique de Pascale Seys, parce qu'elle fait écho à nos connaissances astrologiques. Les cycles qui rythment l'univers nous ramènent toujours à l'idée de mort et renaissance et la nature nous le montre tous les ans avec le cycle des saisons. L'idée d'en tirer profit pour comprendre ce qui nous arrive, le relativiser en le replaçant dans les cycles de l'univers et le vivre en cultivant notre jardin est donc particulièrement parlante !




"C'est une pensée issue d'un lointain passé, c'est une idée qui est apparue il y a longtemps, bien avant le monde d'avant. Les sages de Babylone qui observaient la succession des saisons et le rythme de la nature estimaient que le monde opérait comme par une grande boucle circulaire, par une sorte de rotation, par des cycles qui faisaient advenir la même réalité toujours un peu différemment.Les stoïciens nommaient ce processus de vie et de mort la palingénésie cosmique pour dire littéralement la naissance à nouveau ou encore, selon un autre terme savant d'apocatastase, la régénération, la reconstitution, le rétablissement et le retour de la vie après chaque destruction. C'est dire que les choses et l'Histoire toujours reviennent à leur état d'origine.



Nietzsche se saisira de cette sagesse antique pour dire que si la loi du monde est celle de l'éternel retour, alors,  il faut pouvoir dire oui à toute chose, c'est-à-dire qu'il faut pouvoir accepter que ce qui arrive arrive exactement comme il arrive. Aussi faut-il semer dans le monde des gestes et des pensées les plus douces et les plus joyeuses possible, étant donné que l'on doit s'attendre à ce que le fruit des semailles revienne après que la terre ait tourné. D'autres traditions appellent cette intuition le karma.
C'est donc la nature et ses lois immuables qui avaient convaincu les anciens que rien dans le monde n'existait ni par hasard, ni de manière séparée. C'est pourquoi, pour être sage, il fallait d'abord être savant, et que pour répondre à comment bien vivre la vie, il convenait d'observer ses mouvements et son armature rigoureuse qui témoigne de la cohésion et de la solidarité entre tous les êtres vivants reliés, comme une corde vibrante, par une affection commune, à l'univers entier.



Que regarder la nature et comprendre ses lois, que contempler un bout de parc ou un coin de jardin, qu'admirer les fleurs qui poussent au printemps, et bientôt le lilas, soient la voie royale de la sagesse pratique. C'est ce que sait aussi le jardinier Gilles Clément. Il sait que le rythme de ce qui éclot au sein de la nature est ce qui échappe à la volonté et à la course des hommes. Gilles Clément déclarait que jardiner équivalait à entrer dans ce qu'il appelait un territoire mental d'espérance, pour la bonne raison que celui qui plante et qui sème, plante et sème pour le futur et échappe ainsi au présentisme, à l'ivresse de la vitesse et à la dictature de l'instant permanent. Ainsi, dit Gilles Clément, jardiner c'est accompagner le temps, et dès lors, en ce sens aussi, jardiner c'est désobéir.



Un an. Un an, c'est le temps qu'il faut à la terre pour accomplir sa révolution. Et nous, pendant ce temps-là, nous avons couru trop vite, ignorant les fuseaux horaires, confondant le jour et la nuit, nous avons pris trop d'avions et épuisé la terre.
Et s'il n'était pas trop tard ? Et s'il était vraiment temps de cultiver notre jardin en vue de préparer et d'imaginer la révolution qui vient ?"

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