Voici l'histoire de Tin-Hinan, telle que nous la raconte Sylvie Lafuente Sampietro, avant de nous parler de Lilith. C'est la légende de la reine des Touaregs.
Elle nous conte un voyage initiatique sur le chemin de vie de Tin-Hinan.
"Tin-Hinan est une femme célèbre dans toute la région du Tafilalet. Tous les habitants, de Ksar-Souk à Erfoud, célèbrent son intelligence et sa beauté. Ses connaissances et sa sagesse sont sans limites. On recherche sa présence et ses paroles qui apportent la paix, la justice et la modération en toutes choses.
Mais, à cette époque, une femme ne peut rivaliser avec les hommes. On le lui fait comprendre, discrètement d'abord, puis avec plus de force et, finalement, par des menaces et des injures...
Tin-Hinan ne peut plus rester dans sa ville natale : elle décide de partir et de ne s'arrêter que dans un pays où la femme serait l'égale de l'homme.
Avec sa fidèle servante, nommée Takamat, elle prépare son départ et achète trois chamelles : une pour elle, une autre pour sa servante et la dernière pour porter les vivres et le matériel. Puis, un beau matin, la petite caravane s'élance sur la piste du Sud.
Les deux femmes ont emporté de leur pays berbère de nombreuses charges de dattes et de miel. Le bois ne manque pas pour faire cuire la nourriture et l'eau coule encore en abondance dans les collines du hamada du Guir.
Elles arrivent, un beau jour, en vue de Béni-Abbès, mais les hommes du Grand Erg Occidental (étendue de sable et de dunes) sont très surpris de voir deux femmes qui circulent seules, et non voilées, sur les pistes du sud. Ils refusent de les accueillir.
Tin-Hinan comprend que ce n'est pas ici qu'elle s'arrêtera et elle reprend la route de l'oued Saoura qui doit les conduire à Adrar... Le voyage est pénible et, quand le soleil est haut dans le ciel, Tin-Hinan s'enroule dans son grand burnous noir, qui lui rappelle son Tafilalet, sa région natale, qu'elle a beaucoup de peine à oublier.
Alors, le soir, elle demande à sa servante de jouer de la flûte.
Il s'agit d'un modeste roseau percé de sept trous, appelé djouak, sur lequel Takamat joue tous les airs, tristes ou joyeux, qui ont bercé leur enfance et qui agissent comme un baume merveilleux sur le coeur douloureux de Tin-Hinan.
Plus tard, à Adrar, elles sont reçues avec des rires et des moqueries et les hommes les désignent du doigt en plaisantant sur leur passage.
A Aoulef, à Aïn-Salah, elles reçoivent le même accueil décevant : elles décident de continuer leur route vers le Sud...
Mais leurs provisions sont épuisées et personne ne veut leur vendre le moindre morceau de pain ou de viande ! Tant pis, elles finiront bien par trouver une bonne âme pour les aider...
Mais il est difficile de voyager le ventre vide... Vous ne pouvez plus réfléchir, vous ne pouvez plus penser. Le balancement régulier de la selle les plonge peu à peu dans un doux engourdissement. Alors, Tin-Hinan demande à Takamat de jouer de la flûte... mais les sons qu'elle émet sont si faibles qu'on dirait que son souffle s'épuise!
Elles se sont arrêtées au puits Hassi-el-Krenig, avant d'aborder les monts du Mouydir. Takamat se demande ce qu'elles vont manger ce soir... Elle va faire un grand tour dans le désert et elle a la chance de tomber sur des graines de drinn qui, réduites en farine, lui permettent de confectionner des galettes, puis elle ramasse des terefass, sortes de pommes de terre qui poussent au milieu des pierres et qui ont un goût de champignon. Voilà de quoi repartir!
Avec courage, elles commencent l'escalade de la montagne et arrivent à Arak, mais elles ne peuvent même pas entrer dans la ville : des jets de pierres les en dissuadent. Elles font donc demi-tour et se dirigent droit vers le Sud. Elles en sont réduites à manger des lézards des sables, égorgés et cuits sur la braise, puis des lézards des palmiers, ou dhobb, dont la chair, excellente, leur redonne un peu de force...
Cela fait plusieurs mois qu'elles ont quitté le Talafilalet et, maintenant, il n'y a plus rien dans la région, plus un brin d'herbe, plus un lézard : elle n'iront plus très loin...
Elles s'arrêtent et Takamat se met à pleurer : elles ne trouveront pas leur paradis terrestre; c'est certain, les hommes auront toujours la force pour eux...
Un vent très fort fait chanter les pierres qui les entourent... Alors Takamat sort sa flûte et joue ces airs qui leur donnent tant de joie... Les petites notes aiguës rebondissent comme des lutins sur les grosses roches de l'adrar N'Ahnet...
C'est alors qu'elles voient, venant de la vallée, un gros nuage compact comme une énorme boule grise avec le bruit d'un vent d'orage.... Un nuage de sauterelles ! Leurs ailes sèches étendues, elles volent droit sur Tin-Hinan. La nuée crève, une grêle d'insectes s'abat sur le sol. Alors, les deux femmes ramassent dans un sac les sauterelles vivantes, puis les plongent dans l'eau bouillante. Leur repas est tombé du ciel !
Mais cette manne ne dure pas longtemps et, rapidement, la famine menace, à nouveau... Devant elles, se dressent les hauts sommets de l'Atakur; les chamelles meurent l'une après l'autre. Takamat, accroupie sur le sol, n'a plus d'espoir : que vont-elles manger ce soir ?
Elle sort sa flûte et joue cet air si doux que lui chantait sa mère; de merveilleux souvenirs remontent à sa mémoire...
Soudain, elle aperçoit des fourmis qui défilent devant ses pieds et qui s'enfoncent dans une fourmilière en portant de petits grains ou de minuscules morceaux de brindilles. Alors, elle se met à genoux et, avec un bâton, ouvre la fourmilière... A l'intérieur, s'empilent plusieurs kilos de mil, péniblement ramassés par les laborieuses fourmis. Elle récupère le mil qui leur fournit la nourriture nécessaire pour atteindre le village d'Abalessa. C'est leur dernière chance !
Là, elles sont reçues comme des amies disparues depuis des années ou des parents revenus d'un long voyage...
Les hommes eux-mêmes leur portent la nourriture et s'engagent à les protéger.
Tin-Hinan décide de s'installer définitivement dans ce lieu, au milieu de ce peuple qui donne aux femmes la place qui leur est due !
Tin-Hinan est devenue, chez les Touaregs, un personnage très important car elle a su s'imposer par ses qualités de coeur et d'esprit.
Elle devint la reine des Touaregs et elle est considérée, encore de nos jours, comme l'ancêtre maternelle de toutes les tribus nobles."
Elle nous conte un voyage initiatique sur le chemin de vie de Tin-Hinan.
Le périlleux voyage de Tin-Hinan
"Tin-Hinan est une femme célèbre dans toute la région du Tafilalet. Tous les habitants, de Ksar-Souk à Erfoud, célèbrent son intelligence et sa beauté. Ses connaissances et sa sagesse sont sans limites. On recherche sa présence et ses paroles qui apportent la paix, la justice et la modération en toutes choses.
Mais, à cette époque, une femme ne peut rivaliser avec les hommes. On le lui fait comprendre, discrètement d'abord, puis avec plus de force et, finalement, par des menaces et des injures...
Tin-Hinan ne peut plus rester dans sa ville natale : elle décide de partir et de ne s'arrêter que dans un pays où la femme serait l'égale de l'homme.
Avec sa fidèle servante, nommée Takamat, elle prépare son départ et achète trois chamelles : une pour elle, une autre pour sa servante et la dernière pour porter les vivres et le matériel. Puis, un beau matin, la petite caravane s'élance sur la piste du Sud.
Les deux femmes ont emporté de leur pays berbère de nombreuses charges de dattes et de miel. Le bois ne manque pas pour faire cuire la nourriture et l'eau coule encore en abondance dans les collines du hamada du Guir.
Elles arrivent, un beau jour, en vue de Béni-Abbès, mais les hommes du Grand Erg Occidental (étendue de sable et de dunes) sont très surpris de voir deux femmes qui circulent seules, et non voilées, sur les pistes du sud. Ils refusent de les accueillir.
Tin-Hinan comprend que ce n'est pas ici qu'elle s'arrêtera et elle reprend la route de l'oued Saoura qui doit les conduire à Adrar... Le voyage est pénible et, quand le soleil est haut dans le ciel, Tin-Hinan s'enroule dans son grand burnous noir, qui lui rappelle son Tafilalet, sa région natale, qu'elle a beaucoup de peine à oublier.
Alors, le soir, elle demande à sa servante de jouer de la flûte.
Il s'agit d'un modeste roseau percé de sept trous, appelé djouak, sur lequel Takamat joue tous les airs, tristes ou joyeux, qui ont bercé leur enfance et qui agissent comme un baume merveilleux sur le coeur douloureux de Tin-Hinan.
Plus tard, à Adrar, elles sont reçues avec des rires et des moqueries et les hommes les désignent du doigt en plaisantant sur leur passage.
A Aoulef, à Aïn-Salah, elles reçoivent le même accueil décevant : elles décident de continuer leur route vers le Sud...
Mais leurs provisions sont épuisées et personne ne veut leur vendre le moindre morceau de pain ou de viande ! Tant pis, elles finiront bien par trouver une bonne âme pour les aider...
Mais il est difficile de voyager le ventre vide... Vous ne pouvez plus réfléchir, vous ne pouvez plus penser. Le balancement régulier de la selle les plonge peu à peu dans un doux engourdissement. Alors, Tin-Hinan demande à Takamat de jouer de la flûte... mais les sons qu'elle émet sont si faibles qu'on dirait que son souffle s'épuise!
Elles se sont arrêtées au puits Hassi-el-Krenig, avant d'aborder les monts du Mouydir. Takamat se demande ce qu'elles vont manger ce soir... Elle va faire un grand tour dans le désert et elle a la chance de tomber sur des graines de drinn qui, réduites en farine, lui permettent de confectionner des galettes, puis elle ramasse des terefass, sortes de pommes de terre qui poussent au milieu des pierres et qui ont un goût de champignon. Voilà de quoi repartir!
Avec courage, elles commencent l'escalade de la montagne et arrivent à Arak, mais elles ne peuvent même pas entrer dans la ville : des jets de pierres les en dissuadent. Elles font donc demi-tour et se dirigent droit vers le Sud. Elles en sont réduites à manger des lézards des sables, égorgés et cuits sur la braise, puis des lézards des palmiers, ou dhobb, dont la chair, excellente, leur redonne un peu de force...
Cela fait plusieurs mois qu'elles ont quitté le Talafilalet et, maintenant, il n'y a plus rien dans la région, plus un brin d'herbe, plus un lézard : elle n'iront plus très loin...
Elles s'arrêtent et Takamat se met à pleurer : elles ne trouveront pas leur paradis terrestre; c'est certain, les hommes auront toujours la force pour eux...
Un vent très fort fait chanter les pierres qui les entourent... Alors Takamat sort sa flûte et joue ces airs qui leur donnent tant de joie... Les petites notes aiguës rebondissent comme des lutins sur les grosses roches de l'adrar N'Ahnet...
C'est alors qu'elles voient, venant de la vallée, un gros nuage compact comme une énorme boule grise avec le bruit d'un vent d'orage.... Un nuage de sauterelles ! Leurs ailes sèches étendues, elles volent droit sur Tin-Hinan. La nuée crève, une grêle d'insectes s'abat sur le sol. Alors, les deux femmes ramassent dans un sac les sauterelles vivantes, puis les plongent dans l'eau bouillante. Leur repas est tombé du ciel !
Mais cette manne ne dure pas longtemps et, rapidement, la famine menace, à nouveau... Devant elles, se dressent les hauts sommets de l'Atakur; les chamelles meurent l'une après l'autre. Takamat, accroupie sur le sol, n'a plus d'espoir : que vont-elles manger ce soir ?
Elle sort sa flûte et joue cet air si doux que lui chantait sa mère; de merveilleux souvenirs remontent à sa mémoire...
Soudain, elle aperçoit des fourmis qui défilent devant ses pieds et qui s'enfoncent dans une fourmilière en portant de petits grains ou de minuscules morceaux de brindilles. Alors, elle se met à genoux et, avec un bâton, ouvre la fourmilière... A l'intérieur, s'empilent plusieurs kilos de mil, péniblement ramassés par les laborieuses fourmis. Elle récupère le mil qui leur fournit la nourriture nécessaire pour atteindre le village d'Abalessa. C'est leur dernière chance !
Là, elles sont reçues comme des amies disparues depuis des années ou des parents revenus d'un long voyage...
Les hommes eux-mêmes leur portent la nourriture et s'engagent à les protéger.
Tin-Hinan décide de s'installer définitivement dans ce lieu, au milieu de ce peuple qui donne aux femmes la place qui leur est due !
Tin-Hinan est devenue, chez les Touaregs, un personnage très important car elle a su s'imposer par ses qualités de coeur et d'esprit.
Elle devint la reine des Touaregs et elle est considérée, encore de nos jours, comme l'ancêtre maternelle de toutes les tribus nobles."
Ce voyage va conduire Tin-Hinan vers la dépossession, le dépouillement et elle restera fidèle à ce qu'elle est, dans sa détermination à être libre.
Elle sera aidée par sa servante, et toutes les deux vont reconnecter avec l'harmonie du monde qui fait que tout ce dont nous avons besoin nous sera donné. En restant fidèle à elle-même, elle va sur le juste chemin pour elle.
Le retour à l'union avec la nature est aussi le grand thème de la dimension de Lilith.
Elle sera aidée par sa servante, et toutes les deux vont reconnecter avec l'harmonie du monde qui fait que tout ce dont nous avons besoin nous sera donné. En restant fidèle à elle-même, elle va sur le juste chemin pour elle.
Le retour à l'union avec la nature est aussi le grand thème de la dimension de Lilith.
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