La Lune est chantée par les poètes. Elle est symbole d'impermanence et d'illusion, de lumière et de musique. Je vous ai déjà parlé des légendes et poèmes de la lune, en voici de nouveaux, présentées par Jean-Claude Ameisen dans son émission : Sur les épaules de Darwin. Nous sommes ici en Chine.
"Cueillir la Lune au fond de l'eau", chante au VIIe siècle le poète Wang Fanzhi, "attraper le vent au bout des nuages. C'est saisir l'invisible, chercher l'inatteignable. Les existences suivent les destinées, elle ne sont que les rêves qui parcourent le sommeil".
"Devant mon mon lit, clarté lunaire, Est-ce du givre sur le sol ?" chante un siècle plus tard Li-Po. Selon la légende, il serait mort noyé, une nuit d'ivresse, en tentant de saisir le reflet de la Lune dans le fleuve Yang-Tsé
"Lune du fleuve, tous les ans pareille à elle-même", mais depuis quand ? interroge Chang Jo-hsü.
La splendeur de la Lune et son éternel retour sont célébrés chaque année durant la quinzième nuit du huitième mois lunaire, durant la Grande Fête de la Lune d'automne, la fête de la mi-automne : la fête du temps des récoltes, de la famille et de la réunion des époux. Elle a commencé cette année le 13 septembre et dure plusieurs jours.
Les anciens récits racontent qu'il y a sur la Lune non seulement la déesse Chang'E, mais aussi Yutu le lièvre de Jade. Il apparaît vers la fin de la Pérégrination vers l'ouest de Wu Cheng'en, lorsqu'après d'innombrables et périlleuses aventures, le moine et ses compagnons sont enfin arrivés en Inde. Le lièvre de Jade pile la drogue d'immortalité à partir du givre mystérieux dans le palais de la froidure de la déesse sur la Lune. C'est cet élixir d'immortalité qui permet à la Lune, selon la légende, de renaître mois après mois, après avoir disparu du ciel pendant la nouvelle Lune. On raconte que durant la pleine lune de fête de la Lune d'automne, tombent sur la terre les branches du cannelier. Et que si on se place sous la pleine Lune de la mi-automne, on peut espérer recevoir de la Lune une branche de cannelier… et acquérir ainsi une longue vie.
Comment la déesse Chang'E s'est elle aussi retrouvée sur la lune ? Cette légende est à l'origine de la fête de la lune d'automne :
Selon la légende, à l’époque très ancienne, il y avait dix soleils dans le ciel. Ils brillaient tellement fort que les récoltes ne pouvaient résister à la sécheresse. Les paysans vivaient dans la misère. Un jour, un homme courageux nommé Hou Yi s’est pris de compassion pour ce peuple en souffrance.
Il entreprit alors de monter au sommet de la montagne Kunlun (qui se trouve dans la province de Xinjiang, au nord-ouest de la Chine), équipé d’un arc fabuleux pour se rapprocher le plus possible des astres. Il réussit à décocher ses flèches sur neuf soleils. Au dernier qui restait, Hou Yi ordonna fermement de se lever et se coucher tous les jours.
Depuis ce moment, Hou Yi était devenu un héros. Il était respecté et admiré par le peuple.
Peu de temps après, il épousa une jolie femme, appelée Chang’e. Excepté les moments où Hou Yi transmettait ses techniques et ses connaissances sur la chasse à ses apprentis, il passait la plupart du temps avec sa femme. De nombreux admirateurs étaient venus chez Hou Yi pour apprendre ses techniques, et parmi eux un jeune homme appelé Peng Meng.
Un jour, Hou Yi, parti à la montagne de Kunlun retrouver ses amis, rencontra la Reine-mère d’Occident* qui lui donna 2 pilules divines en lui disant ceci : « ces pilules ont le pouvoir de rendre immédiatement immortelle la personne qui les avale. Pour te récompenser d’avoir sauvé les paysans, je te les offre. »
Cependant, ne voulant pas quitter sa femme, Hou Yi a laissé Chang’e conserver le médicament précieux dans sa coiffeuse. Hélas, cet entretien a été aperçu par Peng Meng qui désirait à tout prix voler ce médicament pour devenir immortel.
Quelques jours plus tard, Hou Yi amena ses disciples chasser dans le forêt. Peng Meng prétendit alors être malade pour ne pas partir avec les autres. Dès que le groupe eût quitté les lieux, Peng Meng pénétra dans la cour arrière de la maison de Hou Yi avec une épée à la main. Il menaça Chang’e en la sommant de lui remettre le médicament divin. Chang’e, sachant qu’elle n’arriverait pas à battre Peng Meng, mais déterminée à ce que le médicament précieux ne soit pris par un esprit mal attentionné, se tourna pour ouvrir le coffre du trésor, et avala les pilules. Son corps commença alors à s’éloigner du sol, hors de la fenêtre pour s’envoler vers le ciel.
Arrivée au ciel, elle implora la Reine-mère d’Occident de pouvoir être à un endroit le plus proche de la terre pour voir et être vue de son mari. La Reine-mère d’Occident lui répondit que la lune était l’endroit le plus proche mais aussi le plus froid. Chang’e accepta cette proposition sans aucune hésitation.
Dans la soirée, dès que Hou Yi fut rentré à la maison, les femmes de ménage lui ont raconté en pleurant les faits de la journée. Entre temps, Peng Meng avait fui les lieux de peur de se faire tuer par Hou Yi.
Complètement désespéré et mélancolique, Hou Yi regardait le ciel en criant le prénom de son épouse… quand soudain, il aperçut avec surprise que la lune était exceptionnellement lumineuse et laissait apparaître une silhouette troublante ressemblant beaucoup à celle de Chang’e. Il essaya de se rapprocher de la lune mais ce fut impossible.
Pour manifester son amour et ses pensées pour sa femme, il ordonna de déposer les fruits et mets préférés de Chang’e dans leur jardin afin de rendre hommage au sacrifice qu’elle avait fait de vivre pour l’éternité dans le palais de la lune.
Dès que les gens ont entendu la nouvelle, ils ont placé des bâtons d’encens sous la lune pour prier afin que règnent la paix et l’harmonie sur terre.
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