Le temps de lire. Le temps de parcourir les mondes imaginaires. le temps de s'ouvrir à des sensations, à des histoires singulières.
Cet été, deux livres m'ont embarquée.
Salina, de Laurent Gaudé et Profanes de Jeanne Benameur.
Deux livres bien différents, deux univers aux antipodes où les sensations peuvent prendre le pas sur la pensée, où nul n'est besoin de convoquer les dieux pour donner sens à la vie : le sens peut être dans la vie elle-même, ses tragédies, ses rencontres et ses émerveillements.
La vie de Salina est racontée par son fils Malacca. Salina est morte et son fils veut lui trouver une sépulture. Son voyage le conduit vers une ville, près de laquelle une île abrite un cimetière pour les gens qui viennent de loin. Ce cimetière ne s'ouvre que très rarement : il faut d'abord raconter l'histoire de la personne que l'on veut enterrer, puis le cimetière décide d'ouvrir sa porte ou non.
Nous sommes dans le mythe, peut-être celui de l'étranger qu'on accepte d'accueillir lorsqu'on connait son histoire ? Peut-être le mythe de la femme puissante, capable de diriger le monde malgré le bannissement ? Peut-être aussi Laurent Gaudé veut-il nous montrer toute l'importance de mettre en récit la vie de nos morts pour qu'ils continuent de nous accompagner.
Salina a vécu trois exils, rejetée et abandonnée plusieurs fois, elle a voulu se venger. Son histoire est tragique.
Et plus que l'histoire racontée, je crois que la façon de la raconter, comme un conte ou une épopée, de nous inciter à ressentir plus qu'à intellectualiser, de nous plonger dans l'univers de poussière et de désert qui n'est jamais situé, nous emporte avec une force inouïe dans l'univers de Salina.
La beauté du texte, sa force et sa poésie tels un mythe vivant, m'ont réellement émue.
J'ai passé un magnifique moment, hors du temps.
Avec Profanes, de Jeanne Benameur, nous sommes de retour dans notre monde actuel.
Un vieil homme, qui ne veut plus continuer à vivre seul. Il imagine recruter quatre personnes qui se relaieront auprès de lui toute la journée.
Dans cette rencontre avec le vieil homme et avec sa vie, chacun se découvrira, s'ouvrira, finira par se sentir vivant.
Le vieil homme ne recherche pas un dieu, il recherche la vie, à travers ses quatre personnages qu'il convoque pour partager sa fin de vie.
L'écriture de Jeanne Benameur est très sensuelle, très proche des sensations. Elle non plus ne nous donne pas forcément à réfléchir : elle tente de nous faire ressentir avec ses personnages.
Chacun a vécu et doit continuer à vivre avec le passé, chacun se heurte au présent et chacun va trouver de nouvelles ressources avec la complicité d'Octave qui les a réunis.
Voilà un très beau livre d'humanité, avec ces histoires qui se croisent et se rejoignent dans la grande maison qui les accueille.
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